Archive pour avril, 2008

Entretien de Mr Ousmane Sarr, président de l’AVOMM à Walf Fadjri

 

Entretien de Mr Ousmane Sarr, président de l'AVOMM à Walf Fadjri dans article 38ddb196fc 

Ousmane Abdoul SARR, président de l’association d’aides aux veuves et orphelins de militaires mauritaniens (Avomm) :

Nous réclamons une commission d’enquête indépendante

Les réfugiés mauritaniens en France ont célébré, samedi dernier, le 26 avril, l’anniversaire des tortures et des déportations dont ont été victimes leurs parents par le régime de Ould Taya.

La manifestation s’est déroulée au Parvis des Droits de l’homme situé à la Place Trocadéro à Paris. A l’occasion de la manifestation, le président de l’Association des veuves et orphelins des militaires mauritaniens (Avomm), Ousmane Abdoul Sarr, nous a accordé un entretien dans lequel il réclame une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur les assassinats et les tortures perpétrés par l’ancien régime d’Ould Mohamed Taya.

Il en a aussi profité pour rappeler à Sidi Ould Cheikh Abdallahi ses engagements pris durant la campagne électorale présidentielle : le retour des réfugiés et le règlement du passif humanitaire. Quant à la plainte déposée à Bruxelles par son association, le président de l’Avomm dit qu’elle suit son court. D’ailleurs, il sera lui-même entendu dans les prochains jours par le juge bruxellois.

Wal Fadjri : Vous avez manifesté à la place Trocadéro à Paris pour commémorer les déportations qui ont eu lieu en avril 1989…

Ousmane Abdoul Sarr : Oui, cela fait 18 ans déjà. Cela a été l’occasion de faire le point d’un an du régime du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et de lui rappeler les engagements qu’il avait pris lors de la campagne électorale qui a vu son couronnement et son avènement à la tête du pays.

Wal Fadjri : Et quel bilan tirez-vous de l’exercice du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi ?

Ousmane Abdoul Sarr : Pour ne pas être sévère, je dirai que c’est un bilan mitigé parce qu’il avait pris l’engagement de régler le retour des réfugiés, le passif humanitaire et la question de la cohabitation. Certes, il a marqué un bon point en organisant les journées de concertation nationale les 20 et 21 novembre 2007, en s’engageant pour le retour des réfugiés.

 

Ces journées de concertation ont permis aux acteurs politiques et à la société civile de s’exprimer sur le passif humanitaire, sur les violations des droits de l’homme pendant les années de braises (1986-1992). Des engagements ont été pris pour le retour des réfugiés et le règlement du passif humanitaire. Il faut rappeler que 516 militaires négro-mauritaniens ont été assassinés dans les casernes militaires par des officiers qui sont aujourd’hui à la tête de l’armée mauritanienne. Ce n’est pas dans la vallée du fleuve ni ailleurs, mais dans les casernes militaires. Sidi Ould Cheikh Abdallahi avait pris l’engagement de régler tous ces problèmes.

 

Entre 2 000 et 3 000 réfugiés sont revenus des camps du Sénégal. Ce qui n’est pas énorme si l’on sait que ce sont 24 000 qui vivent au Sénégal et 6 000 au Mali. Ce qui fait au total 30 000. Ceux qui sont revenus, ne sont pas dans des conditions idéales. Ils vivent sous des tentes, sous le soleil et dans des conditions très difficiles. Ce qui n’encourage pas les autres à revenir. Alors que, pour nous, il fallait mobiliser tous les réfugiés pour le retour. Parce qu’il s’agit d’abord d’un enjeu national et ensuite d’un droit simplement de vivre chez soi.

 

Cependant, les organisations qui se battent pour le retour ne sont pas soutenues dans ce travail de mobilisation. Ainsi, beaucoup de camps n’ont pas reçu la visite du Haut commissariat aux réfugiés (Hcr). C’est dire que ce retour pose vraiment des problèmes.

Wal Fadjri : Quels sont-ils ?

Ousmane Abdoul Sarr : Ceux qui retournent, n’intègrent pas leurs villages d’origine. Ils sont dispersés un peu partout, éparpillés le long de la vallée. Ils ne retrouvent pas leurs biens confisqués par les Maures. On ne va pas cautionner un retour alors que les gens ne retrouvent pas leurs maisons, encore moins leurs biens. Cela n’a pas de sens de revenir en Mauritanie et vivre encore dans les camps du Hcr sans savoir pour combien de temps ; ce n’est pas acceptable. Alors qu’ils sont à côté leurs champs, de leurs habitations qu’ils devraient retrouver.

 

L’autre problème, ce sont les enfants scolarisés. Avant de ramener ces gens, l’on doit faire l’état des lieux des enfants scolarisés au Sénégal. Le système éducatif mauritanien privilégie l’arabe alors que celui du Sénégal, c’est le français. Quand ces enfants reviennent en Mauritanie, ils vont perdre des années pour apprendre l’arabe. Il faut donc prendre des dispositions pour ne pas sacrifier ces enfants.

 

Un autre aspect de la question concerne ceux qui sont revenus avant l’arrivée au pouvoir de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Ils n’ont pas retrouvé leur citoyenneté et n’ont pas été intégrés dans leur travail. Ils grossissent le rang des chômeurs à Nouakchott. La plupart d’entre eux sont fonctionnaires et on peut retrouver facilement leurs dossiers. Il y a tellement de problèmes qui font que ce retour est mal engagé, même si la volonté du chef de l’Etat est indéniable.

 

En matière de droits de l’homme, depuis que Sidi Ould Cheikh Abdallahi est à la tête du pays, il n’y a pas eu d’incarcération, de massacre, de torture à notre connaissance. Mais les droits de l’homme commandent de régler le passif humanitaire parce que nous avons des veuves, des orphelins qui réclament justice. Le président lui-même sait que, dans l’armée, se pavanent des criminels, des tortionnaires. Il a eu le mérite de reconnaître les violations des droits de l’homme. Mais une fois cela fait, il faut situer les responsabilités pour savoir qui a fait quoi.

 

Une fois identifiés, ces gens doivent répondre devant la justice. Nous n’accepterons pas que les gens soient indemnisés sans savoir ce qui s’est passé. C’est un problème de droits de l’homme et nous voulons qu’il donne des signaux forts dans ce domaine.

Wal Fadjri : En quoi faisant ?

Ousmane Abdoul Sarr : D’abord, nous voulons qu’il mette en place une commission indépendante qui va enquêter sur ce qui s’est passé et faire des propositions pour que les auteurs des assassinats et des tortures répondent de leurs actes. Surtout au moment où des rumeurs courent que Mohamed Ould Taya veut revenir au pays. Cela ne nous gêne pas qu’il revienne en Mauritanie. C’est tant mieux et, comme ça, il répondra de ses actes.

 

Il y a aussi la question du partage du pouvoir. Là, je parle non pas en tant que président de l’Avomm, mais en tant que Mauritanien tout court. Depuis que Sidi Ould Cheikh Abdallahi est là, nous avons constaté qu’à chaque Conseil des ministres, c’est une série de Ould Ould qui sont nommés. C’est comme si les Négro-Africains ne font pas partie du pays. N’ont-il pas été à l’école ? Ne sont-ils pas des universitaires ? C’est le même système, avec son quota de ministres qui était là, qui continue. Taya nommait trois ministres négro-afrcains, Sidi fait pareil. Même si le président de l’Assemblée nationale est Haratine et que le président du Sénat un Haalpulaar, cela ne change rien.

 

C’est toujours le même nombre de ministres. Pourquoi cela ? Le problème de la Mauritanie est donc complexe. Nous ne voulons pas que le régime se débine et nous l’encourageons à aller de l’avant. Il a pris des engagements devant la nation, il doit les tenir. Pour nous, il ne s’agit pas de marchander quoi que ce soit.

Wal Fadjri : La Mauritanie a-t-elle les moyens de résorber tout le passif humanitaire dont vous parlez ?

Ousmane Abdoul Sarr : La Mauritanie a ces moyens parce que les 30 000 réfugiés et plus sont dans leur majorité des paysans. Il suffit seulement de leur redonner leurs terres, leurs champs, leur bétail pour ceux qui en avaient. En Mauritanie, tout le monde sait qui est qui. Au niveau des villages, c’est facile de reconnaître que ça, c’est la maison de Yéro, que là se trouve le champ de Samba, etc. Pour ces gens-là, les réintégrer, c’est déjà leur redonner leurs biens.

 

Ensuite, pour ceux qui étaient fonctionnaires, c’est aussi facile de les identifier parce qu’ils avaient des bulletins de salaires, ils payaient des impôts répertoriés au niveau de la Fonction publique ou dans les sociétés où ils travaillaient. Ceux qui n’ont pas atteint l’âge de la retraite, doivent être réintégrés ; ceux qui en ont et qui ont déjà travaillé, doivent être régularisés dans leur situation et les autres indemnisés. Cela est possible avec l’appui du Hcr, de la communauté internationale. Cela se fait dans d’autres pays.

Wal Fadjri : Mais n’est-il pas contradictoire de vouloir la réconciliation et d’exiger en même temps que soient traduits en justice ceux que vous accusez ?

Ousmane Abdoul Sarr : La réconciliation nationale n’exclut pas la justice. C’est un faux débat que de dire que l’appel à la barre des criminels mettrait en péril la cohabitation pacifique entre Mauritaniens. L’unité nationale ne peut que se bâtir sur la vérité, sur le droit. On ne peut pas bâtir un Etat viable sans faire appel à la justice. C’est une question de droit qui ne peut pas mettre en cause la nation mauritanienne.

Wal Fadjri : N’y a-t-il pas d’autres moyens pour les Mauritaniens pour transcender cette question de justice, à l’image de l’Afrique du Sud, du Rwanda ?

Ousmane Abdoul Sarr : Si c’est comment régler ce problème, nous restons ouverts. Nous ne disons pas qu’il faut prendre les gens et les mettre en prison. Nous disons qu’il faut mettre en place une commission indépendante qui va mener ses enquêtes et dire qui a fait quoi. Ensuite, on pourra s’inspirer des cas de l’Afrique du Sud, du Maroc ou du Rwanda. Mais il faut que l’on mette cela en chantier. Seulement, nous ne comprenons pas qu’on veuille indemniser les veuves et orphelins sans régler la question judiciaire.

 

Pour quoi indemniser ? Sur quelle base ? Et comment ? Il faut que les victimes et les familles des victimes siègent dans cette commission pour défendre leurs intérêts. Nous n’excluons aucune démarche.

Wal Fadjri : Etes-vous contre les indemnisations des victimes et des orphelins ?

Ousmane Abdoul Sarr : Non, c’est à prendre ! Les gens qui ont été assassinés, soutenaient leurs familles. A l’époque, ils avaient laissé des enfants de très bas-âge, des femmes. Mais nous disons qu’avant l’indemnisation, il y a un travail à faire. En tant qu’organisation de défense des victimes, il faut que ces gens répondent de leurs actes.

Wal Fadjri : Combien de victimes militaires ayant échappé à la torture et à la prison compte votre association ?

Ousmane Abdoul Sarr : Ce n’est pas facile de donner un chiffre d’autant plus que c’est en grand nombre aujourd’hui que nos compatriotes viennent adhérer à notre organisation. Ce qui me permet de dire que l’Avomm se porte très bien. Incontestablement, c’est en Europe l’organisation mauritanienne qui compte le plus grand nombre de militants victimes du régime de Taya. C’est la plus dynamique sur le front de l’humanitaire à destination des réfugiés mauritaniens au Sénégal.

 

L’Avomm continue de se battre surtout pour la justice en Mauritanie. D’ailleurs, le succès de nos activités a fini de nous attirer du monde, y compris des occidentaux intéressés par l’humanitaire et qui ne sont pas des victimes. Aussi me donnez-vous l’occasion de rappeler notre volonté de rendre visite, avec des médecins et des infirmiers français, à nos compatriotes qui sont rentrés des camps de réfugiés du Sénégal.

Wal Fadjri : Vous faites partie des militaires qui avaient été arrêtés en 1987. Quels genres de tortures aviez-vous subis ?

Ousmane Abdoul Sarr : D’abord, je vous rappelle que je suis ancien sous-officier de l’armée nationale. J’étais à l’Etat-major national au moment de mon arrestation en 1987. Ensuite, j’ai été condamné à 20 ans de travaux forcés. J’ai fait la prison de Walata. J’ai souffert ; j’ai été torturé. C’est de la torture physique. J’ai subi le jaguar, c’est-à-dire qu’on vous attache et vous suspend.

 

Après, ce sont des coups de cravache, de barre de fer qui pleuvent sur vous jusqu’à ce que vous vous évanouissiez. Il y a d’autres formes de tortures, comme le fait qu’on plonge votre tête dans une bassine d’eau jusqu’à étouffement.

 

Il y a aussi le feu avec des cigarettes que l’on écrase sur toutes les parties du corps. Il y a une autre forme de torture qui est de tuer par la faim. Ceux qui sont mort à Walata, c’est à cause de la faim. Ils refusaient de donner à boire et à manger. Il y a aussi le manque d’hygiène combiné avec des conditions déplorables. Ce sont des tortures à la fois physiques et morales.

Wal Fadjri : Et les repas amenés par les familles, étaient-ils refusés ?

Ousmane Abdoul Sarr : Mais il n’y a pas de repas de famille. Elles n’en amenaient même pas parce qu’elles ne savaient pas où l’on se trouvait. On n’avait pas de droit de visite ; on n’avait pas de droit à l’information. Pendant un an, on avait des chaînes cadenassées aux pieds et aux mains comme du temps de l’esclavage. Nous n’avions pas droit de nous doucher. Sans compter les corvées et les travaux forcés. On cassait des pierres, bâtissait des gîtes dans le désert qui ne servaient à rien. Ça nous épuisait.

 

Nous avions des rations alimentaires minables : un bol de riz pour plus de 24 heures avec un tout petit peu d’eau. C’est pourquoi les gens sont morts de béribéri, de maladies qu’on ne retrouve qu’au moyen âge. On voyait des gens qui enflaient, qui gonflaient.

Wal Fadjri : Comment avez-vous recouvré la liberté ?

Ousmane Abdoul Sarr : J’ai retrouvé la liberté par une grâce présidentielle du 7 mars 1991. C’est le président Taya qui m’a gracié un beau matin de mars 1991.

Wal Fadjri : Etes-vous prêt à tout pardonner ?

Ousmane Abdoul Sarr : Bien sûr que oui, parce qu’on n’est pas du tout rancunier, mais on voudrait savoir le pourquoi de tout cela. Mes compatriotes torturés qui sont restés au pays, rencontrent dès fois leurs tortionnaires. Mais ils ne disent rien parce qu’ils pensent, peut-être, que ces minables ont agi sous des ordres. C’est pourquoi nous voulons savoir parce que ce qui s’est passé, ne peut pas être passé sous silence. Car ce sont des massacres qui ont eu lieu dans les casernes militaires.

Wal Fadjri : Comment êtes-vous venu en France ?

Ousmane Abdoul Sarr : Je ne voulais pas venir parce que, tout au début, Taya avait appelé à la démocratisation. Mais finalement, j’ai réalisé que c’était un effet d’annonce. Il fallait donc partir d’autant que telle était la volonté de ma famille qui avait peur pour moi. C’est ma famille qui m’a aidé à trouver le billet et le reste.

Wal Fadjri : Où en êtes-vous avec la plainte que vous avez déposée à Bruxelles ?

Ousmane Abdoul Sarr : Notre plainte à Bruxelles suit son cours. Je dois être auditionné dans quelques jours, au courant de ce mois, ainsi que d’autres qui sont membres ou pas de notre association. J’ai reçu aussi ma convocation pour cela. C’est le procureur fédéral qui l’a ordonné. Il y a un juge qui a été désigné. Nous sommes à la phase des auditions. Sur ce plan, je peux dire que ça avance. C’est le seul moyen que nous avons pour le moment. Il n’est pas exclu qu’on engage, en Mauritanie, d’autres démarches.

Wal Fadjri : Etes-vous soutenus par les organisations de défense des droits de l’homme ?

Ousmane Abdoul Sarr : Nous le pensons, même si c’est un soutien timoré. Mais nous les sentons. Chaque fois que nous en aurons besoin, nous ferons appel à leur soutien. C’est l’occasion de leur rappeler qu’il ne faut qu’elles oublient le problème Taya.

Propos recueillis à Paris par Moustapha BARRY


Interview: « Maaouiya me semblait très simple, très correct, très ouvert…

Interview: « Maaouiya me semblait très simple, très correct, très ouvert... dans article sidi_cheikh_pr_01 

…Il avait toujours manifesté un respect réel qui tranchait, par rapport au reste, pour Baro et pour moi ».

Dans la deuxième partie de l’entretien qu’il a accordé à Ould Kaïge une année jour pour jour avant son investiture (soit le 19 avril 2006), Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qui n’était à ce moment là qu’un candidat déclaré à la présidentielle de 2007, revient sur le putsch de 1978, sur la période qu’il a passée au gouvernement de Ould Taya, analyse quelques facettes de la personnalité de l’ancien chef d’Etat et évoque la situation du pays.

Dans la première partie de cet entretien, publié dans notre dernière livraison (Le Calame, Ndlr), Sidi avait parlé de feu Moktar Ould Daddah, de la guerre du Sahara et de la nationalisation de la Miferma.

Comment expliquez-vous que vous n’ayez pas senti venir, formellement, le putsch ? Et comment l’avez-vous vécu ?  Acceptez-vous l’argumentation du Président qui est de dire: je me laisse tomber et les militaires feront mieux la guerre, puisque je suis le prétexte pour qu’ils ne la fassent pas…?

Moi, je n’ai pas senti les choses comme ça. Je sentais que cela n’allait pas, et qu’il y avait un certain nombre de choses qui ne tournaient pas comme je le souhaitais. Dans ce genre de situation, ce n’est pas le moment de penser trop à soi …

Je ne vous cache pas qu’il m’ait arrivé en un moment donné l’idée de quitter le gouvernement, que je serais content si je pouvais partir de tout cela. Mais aussitôt après, je me suis dit : quand même ! On ne fait pas ça. J’en ai même parlé avec Ahmed Ould Mohamed Salah. Cela devait être en 1978. Quelques mois avant le coup. Et Ahmed Ould Mohamed Salah avait été un peu rétrogradé à l’époque.

Oui. Moi-même, j’ai été rétrogradé, dans une certaine mesure, au mois de janvier. La signification que je lui accorde est limitée. Le Président découvre qu’il y a d’autres compatriotes, qui semblent avoir été laissés un peu dehors, et il éprouve le besoin de les rapprocher pour leur dire: je n’ai absolument rien contre vous ! Venez ! Et si vous pouvez apporter quelque chose, apportez-le !

Et les militaires, vous leur parliez au cours de cette époque ?

Non … je pense que c’est une affaire de promotionnaires. Nous n’avions pas de relations entre civils et militaires. Les militaires étaient très civils, c’est-à-dire qu’en dehors de sa caserne, l’officier était un civil, un citoyen ordinaire. Et alors il se retrouvait avec son milieu. Les promotionnaires, par exemple Rajel (feu Ishagh Ould Rajel, NDLR) dont vous m’avez parlé, le directeur des Mines, était très grand ami d’Haïdalla… Moi, comme j’étais d’une génération qui venait avant les militaires, je n’avais pas de contact avec eux, je ne parlais pas avec eux.

Travailler avec Ould Taya

Changeons complètement d’ambiance. Comment arrivez-vous à travailler avec les militaires, mais après un assez long temps d’observation : entre 1978 et 1986, vous ne prenez pas de service.

C’est très simple. Je suis parti. J’étais conseiller au Fonds koweitien de développement, à Koweït de 1982 jusqu’au moment où Maaouya m’a appelé. Alors quand il m’a appelé, c’était un jeudi… j’ai demandé qu’on me donne un délai jusqu’à samedi pour réfléchir. J’aurais voulu avoir les avis d’un certain nombre de personnes qui comptent pour moi, mais c’était très difficile les communications, il n’y avait pas le téléphone comme maintenant. Et du Koweït, on n’arrivait pas à communiquer avec la Mauritanie.

Alors, comment vous a-t-on appelé ?

J’étais à la cuisine, parce que chez les Orientaux, dans leur maison, ils font de très grandes cuisines et quand ils n’ont pas d’hôtes, la mère de maison préfère avoir sa famille autour d’elle et ses casseroles pas très loin, une table où l’on mange. On était là-bas, un jeudi, il y avait les enfants… et c’est Louleid qui m’a appelé pour me dire que le Président souhaite que j’accepte un poste dans son gouvernement, dont d’ailleurs le secrétaire général est votre ami Baro Abdoulaye, dira-t-il. Le Président voudrait vous proposer le ministère de l’Hydraulique et de l’Energie. -Il faut que je réfléchisse- Maintenant que tout le monde est nommé, c’est bloqué à cause de vous.

Alors, entre jeudi et samedi, j’ai réfléchi. Quand il y a eu le coup d’Etat (celui de Décembre 1984 par lequel Ould Taya renversant Haïdalla absent, le supplante, NDLR) – un an auparavant… le directeur général du Fonds koweitien m’a demandé une analyse qui, d’ailleurs, par la suite ne s’est pas révélée juste. Je ne le connais pas, mais je pense qu’il est d’un milieu tribal, en Mauritanie, dont l’influence sur lui pourra m’apparaître bénéfique. Ce sont des gens d’une tribu moyenne, commerçante, qui a la tradition d’avoir de bonnes relations avec les gens. C’est peut-être un élément rassurant.

Quelques mois après, il m’a envoyé un parent pour me proposer la direction de la Société de commercialisation des produits de la pêche. Je lui ai répondu que je m’excusais, et que cela me dérangeait. Les deux idées qui m’ont fait prendre la décision sont les suivantes. Pas une de plus. La première est que je me suis dit: quand les militaires sont venus en 1978, ils ont voulu vraiment créer un fossé entre l’ancien pouvoir et – disons – le monde qu’ils ont mis en place.

Et, pour pouvoir le faire, ils ont raconté plein d’histoires fausses. Si cela peut être le début de la résorption de cette fracture qu’ils ont voulu créer, moi, je trouve cela très bien. Deuxième idée, elle est très bête. Pour la première fois de ma vie, je vivais sans avoir des fins de mois difficiles. Parce que pendant toute la période où j’étais au gouvernement et après, j’ai toujours eu des fins de mois très difficiles.

Parce que tout le monde vous pompait ?

Et je n’avais pas même ce que l’on me donnait. Vous savez: à partir du moment où vous ne prenez pas autre chose que ce que l’on vous donne comme salaire…c’est peu ! En fait, on pompait dans quelque chose qui déjà n’était pas important. J’ai eu un problème de conscience. Est-ce que je ne vais pas refuser de servir mon pays pour des raisons égoïstes et personnelles ? Est-ce que je ne vais pas être poussé par le fait qu’ici je suis bien ? Réellement, ma décision a été prise en partant de ces deux éléments. Par contre, je ne savais rien sur ce que Maaouya faisait.

Il est vrai que je l’avais vu auparavant, quand j’étais au Fonds koweitien. J’étais venu avec le directeur général, et – lui – il a demandé à ce que je vienne le voir. C’était pour parler de la coopération. Et puis, après, il m’a dit : est-ce qu’il y a quelque chose que vous voulez me dire ? J’ai dit: non ! Ce qui me semble le plus important, c’est ce que vous, Monsieur le Président, vous pouvez me dire. Moi, je pars à l’étranger et j’aimerais savoir ce que vous voyez… comment vous voyez la situation ? Et il m’avait dit une chose qui m’apparut pleine de bon sens, à ce moment-là.

Il m’a dit: ‘’vous avez des gens ici… vous avez vos amis et particulièrement: votre ami, tel – il parlait d’Ahmed Ould Sidi Baba: ils veulent la démocratie, la démocratie. La démocratie… la démocratie… moi, je veux bien mais tant qu’on n’a pas fait une administration, il y a un minimum de capacité de gérer… la démocratie, ça ne pourra pas marcher. Je vais donc m’y employer mais pas avec la vitesse de… -une manière de dire qui l’agace un peu – pas avec la vitesse que vos amis veulent ».

Je lui ai alors donné un conseil. Je lui ai dit: Monsieur le Président, je vous parle avec l’esprit de quelqu’un qui vient d’une institution de financement international. Vous pouvez parfaitement bien – et cela ne concerne que vous et votre appréciation -changer vos ministres comme vous le voulez, mais si vous pouvez faire un peu de stabilité au niveau de votre administration et de vos directions, ce sera mieux.

Quand quelqu’un est dans un poste depuis un certain temps, il est connu par les gens à l’extérieur, et s’il n’est pas particulièrement mauvais, il aura capitalisé un certain nombre de connaissances qui peuvent aider beaucoup à résoudre des problèmes et cela s’est arrêté là.

C’était à l’occasion de l’assemblée de l’O.M.V.S., en février 1985: quelques mois après sa prise du pouvoir Quand je suis revenu ici participer au gouvernement -pendant sept mois, c’était pour moi un véritable enchantement. Je travaillais avec Baro. Ould Taya me semblait très… très simple, très correct, très ouvert.

Et je ne sais pas pourquoi je me suis imaginé cela, parce que, quand je me souviens… j’avais eu l’impression que les choses que je voyais, qui n’allaient pas bien, que cela allait se résoudre, que c’était parce qu’il avait encore avec lui d’autres militaires dont il allait se débarrasser. A l’époque, il avait d’ailleurs manifesté un respect réel qui tranchait, par rapport au reste, pour Baro et pour moi. Et puis, en août, il y a eu les négro-africains, enfin des Mauritaniens qui avaient sorti un manifeste ou un document en 1986…

« Le négro-mauritanien opprimé » ?

Oui. Je ne parlais pas avec les politiques, je m’occupais de mon ministère. Je suis resté en dehors de l’équipe, qui était plus jeune que moi. Je m’occupais de mon ministère pour lequel j’avais les mains libres, en tout cas par rapport à lui. Beaucoup de difficultés par rapport à la société, aux opérateurs, mais pas par rapport à lui. A partir de ce moment-là, j’ai senti quelque chose qui ne me plaisait pas beaucoup.

Une fois, par exemple, je suis venu le voir, et je lui ai dit: Monsieur le Président, je vais vous parler de quelque chose, dont je ne voudrais pas parler si je ne l’avais entendu que dans la rue, mais je l’ai entendu avec certains de mes collègues ministres, et cela c’est grave. Nous, en tant qu’Etat, tous nos textes, tout ce que nous avons, ne reconnaissent que les individus, nous ne connaissons ni ethnie, ni tribu, ni communauté, ni quoi que ce soit. Et lorsque j’entends des gens responsables dire: les Ouolofs, c’est des gens bien, mais les Toucouleurs c’est des gens mauvais, cela m’inquiète.

Si l’on n’y prend garde, cela peut être une glissade dangereuse pour nous. Je conçois parfaitement bien que nous puissions arrêter encore vingt Toucouleurs ou vingt Maures, les arrêter tous, mais en étant sûr que chacun d’entre eux, on l’arrête pour une raison précise, qui lui est propre. Je ne faisais pas mouche : il m’a écouté poliment…J’ai senti qu’il ne condamnait pas forcément… il ne voyait pas de la même manière le danger que moi je voyais dans le fait – pour des gens qui sont au pouvoir…

Au début, et en particulier, pour moi qui m’occupais des affaires économiques, j’avais le sentiment qu’il y avait une réelle ouverture sur ces problèmes, pour les comprendre.

C’était un homme qui vous paraissait avoir pris l’expérience du pouvoir, et être intelligent et comprendre les dossiers ?

Oui, c’était un homme qui paraissait… d’abord, très calme…, il écoutait, en tout cas d’expérience avec moi, il présidait relativement bien le conseil. Il n’avait peut-être pas ce que j’avais en vue à cette époque, cette attitude chez le président Moktar qui faisait qu’il n’était jamais à l’aise tant qu’ il avait le sentiment que quelqu’un voulait dire quelque chose qu’il n’avait pas dit… mais je n’avais pas constaté d’attitude très particulière… une ou deux fois, un certain énervement contre certains ministres.

Par rapport à un certain système d’éducation qui est le mien, j’aurais préféré ne pas voir ça. Mais comme je vous l’ai dit, toujours un grand respect, une très grande considération pour Baro et pour moi, qui tranchait réellement avec le reste. Une fois, il m’est arrivé de lui dire: Monsieur le Président, je suis très surpris. Je m’étais rendu compte que… quand il y avait une ambassade qui invitait, on constituait une délégation. Monsieur le Président, cela me surprend.

L’une des meilleures choses qu’on peut avoir ici, ce sont ces occasions où les Mauritaniens, les responsables rencontrent les étrangers qui sont là, discutent de choses et d’autres. Alors, il m’a dit: vous, et M. Baro, vous pouvez aller n’importe où, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. J’ai senti qu’il y avait une sorte de défiance vis-à-vis d’autres. Je ne sais pas pourquoi. A partir de ce moment-là, j’ai senti que, par rapport au problème ethnique, il avait une attitude très en retrait par rapport à ce que personnellement je souhaitais.

Mais comme on ne parlait pas de politique, je ne voulais pas me mêler de politique, je me concentrais sur mes problèmes. Il se trouve qu’après… il a fait un changement. C’est justement à l’occasion de ce remaniement du gouvernement, après cette affaire du document-là, du « négro-africain opprimé », qu’il a changé. Il a fait partir Anne Amadou Babali. Le ministre de l’Intérieur, Anne Amadou, qui, je crois, est quelqu’un de très bien.

Oui, je crois. J’ai avec lui des relations personnelles. Puis j’ai continué à travailler. Quand je suis arrivé dans ce ministère des Pêches, il m’est apparu très clairement qu’il y avait urgence à vouloir préserver la ressource. Et je m’y suis employé pleinement, en évitant de la surexploiter. C’était une politique qui était mal vue par tout le monde. Elle était mal vue par les gens qui venaient ici demander des licences de pêche. Elle était mal vue par les opérateurs économiques mauritaniens, qui trouvaient avec des Canariens, des Espagnols, des formules d’arrangement pour l’achat de bateaux.

Vous êtes devenu extrêmement gênant.

Tout à fait.

Il vous avait donné le choix de changer de portefeuille ?

Non, non Je lui avais dit -quand il m’a nommé au ministère des Pêches… je n’étais pas au courant. Alors, je vais le voir et je lui dis: Monsieur le Président, vraiment je voudrais vous dire que je n’ai pas beaucoup apprécié de n’avoir pas été informé. Il m’a dit: excusez-moi. Franchement, je croyais que pour un changement interne de ministère – quand on est déjà au gouvernement -, je pouvais ne pas vous en parler.

Est-ce que vous sentiez, d’une part, l’influence du Comité militaire sur la marche des affaires, et est-ce que, d’autre part, l’ombre de Moktar traversait son esprit ?

Je n’ai pas senti l’une et l’autre, à mon niveau. Une fois, il m’a dit comme ça… parce que j’avais fait remarquer que nos possibilités ne nous permettent pas d’autoriser des navires. Il y avait beaucoup de navires et de demandes: ‘’mais, moi, je ne comprends pas. Vous nous avez toujours dit que ces côtes… on nous a toujours dit que ces côtes étaient les plus poissonneuses du monde, et l’on m’a dit que, même de votre temps, il y avait jusqu’à six cent bateaux qui pêchaient, et maintenant vous voulez qu’on bloque tout cela, une centaine de congélateurs… » J’ai senti là que c’était une référence à l’ancien système. Mais autrement, non …

Les militaires, j’ai senti cela. Une fois, d’ailleurs, j’étais parti en mission. C’est lui qui m’avait envoyé porteur de messages pour un certain nombre de chefs d’Etat africains. Et puis, il y a eu tout un problème de scandale après mon départ. Ils ont arrêté un certain nombre de navires dont ils ont dit qu’ils faisaient des transbordements en mer, ce qui était interdit. Et alors, avant que je ne revienne, il a confié l’affaire à un membre du Comité comme président, qui était le responsable des problèmes économiques au sein du Comité militaire de l’époque.

Quand je suis revenu, on a eu une première réunion… qui ne m’a pas plu. … il y avait des propos que je ne comprenais pas très bien. Je lui ai dit: Monsieur le Président, s’il y a des aspects politiques dans cette affaire, j’aimerais en être dégagé, parce que je ne me sens pas la capacité de pouvoir les gérer. S’il y a des aspects simplement économiques, techniques, de gestion, j’ai un certain contexte et je peux assurer correctement l’application.

Le lendemain, il avait totalement changé. Il a sorti complètement le monsieur de l’affaire, et puis il m’a laissé le dossier, mais disons que – à partir du mois de mars de l’année suivante, cela n’allait plus. J’étais entré dans ce ministère en septembre. Il ne me faisait plus confiance et nos relations s’étaient dégradées. Cela a été finalement assez court.

Oui, je suis resté jusqu’en septembre 1987: j’ai fait au total, peut-être une vingtaine de mois avec lui, et je suis parti. Pendant cette période, il n’était pas le Maaouya qu’il est devenu par la suite, tel que les gens en parlent maintenant. Il n’avait pas cette autorité par laquelle il écrasait tout le monde, il n’avait pas cette relation avec les gens, dont on parle… dont on a parlé ces derniers temps.

Comment expliquez-vous qu’il ait changé, alors qu’il a essayé de mettre en place la démocratie, la Constitution. On m’a dit que c’était vraiment de façade…

Je ne sais pas… pour n’importe quel homme, qui a une responsabilité quelconque, je pense que si l’on n’est pas soumis à quelque chose qui vous dépasse, qui est plus fort que vous… les dérapages sont très faciles. Surtout quand vous êtes avec une population qui peut vous donner les apparences de l’attrait que tout ce que vous dites, est bon… Je crois qu’il a assez vite compris que s’il met les gens en situation de dépendance psychologique et matérielle c’est la meilleure manière de les tenir. Il s’est employé à ça, il s’est employé à prendre des gens et à faire de sorte que ces gens-là, en fin de compte, ne dépendent que de lui.

Autrement dit – moi, je n’ai pas vécu cela, mais l’on m’a dit… il y a beaucoup de gens sérieux qui m’ont dit que cela ne lui posait aucun problème que des responsables s’enrichissent de façon illégale. Il n’aimait pas beaucoup les gens qui n’ont pas avec lui cette relation de dépendance. Si vous gardez votre autonomie, si vous avez vos idées, s’il n’est pas sûr de vous faire passer par ce par quoi il veut vous faire passer, je crois que vous ne l’intéressez pas beaucoup. Les psychologues, les psychiatres pourront un jour – peut-être et en se basant sur le personnage – caractériser tout cela.

Alors, comment est-ce que vous expliquez tout de même qu’il ait essayé de faire une démocratie de façade d’une part et qu’ensuite, il soit tombé d’autre part ? Parce que son système psychologique tenait bien ?

Il tenait bien. Son système…tant que cela marche, mais c’est un peu comme le château de cartes, il suffit qu’il y ait un petit truc. Société actuelle et partis politiques Vous ne pouvez pas imaginer un départ de Maaouya dans des conditions plus favorables. Meilleures que celles-là. Vraiment, je ne le pense pas. Il est parti. Les militaires qui sont maintenant venus, ne semblent pas avoir d’arrière-pensé es par rapport à ce qu’ils ont dit. Je pense donc qu’ils vont faire tout pour conduire ce processus à son terme. Jusqu’au moment où je vous parle – ils se sont très bien tenus par rapport au fait de vouloir peser d’une manière ou d’une autre sur ce qui est déjà entamé dans le cadre du processus.

Je pense que la société mauritanienne d’aujourd’hui est une société où les gens sont habitués, depuis que la démocratie est là, du moins pour un très grand nombre d’entre eux, à aller là où ils pensent que l’administration veut qu’ils aillent. Je pense que tous ces gens-là – beaucoup d’entre eux – sont toujours dans l’expectative parce qu’ils n’arrivent pas encore à croire totalement au fait que les militaires n’auront pas de parti-pris.

Je crois que nous sommes dans une société dans laquelle en fait, il n’y a pas actuellement de séparation nette par rapport au projet de société. Vous prenez par exemple un parti, comme l’ancien parti d’Ould Taya. C’est un parti qui était le parti, donc, au pouvoir. Par conséquent qui est responsable… peut être tenu comme responsable de ce qui s’est fait.

Mais lorsque vous allez au-delà de ça, vous vous rendez compte que, jusqu’à présent, pour ce qu’il en reste, c’est un parti qui a des caractéristiques intéressantes, parce qu’il est présent partout dans le pays. Il a encore son infrastructure. Non, ce n’est pas ce que je veux dire, comprenez-moi bien. Ce que je veux dire, c’est que par rapport à cette unité nationale que nous, nous voulons, toutes les composantes y sont. Vous comprenez ce que je veux dire.

Parfaitement représentatif de l’ensemble mauritanien. De l’ensemble des Mauritaniens. A l’intérieur de ce parti, vous avez ce qu’on peut appeler les intellectuels. Vous avez, dans ce parti, un nombre considérable d’intellectuels. Vous avez un parti qui n’a jamais été un parti, tout ce monde-là était là… avec le pouvoir et suivait le pouvoir et globalement ce monde a commis une très grave faute, c’est qu’il a toujours été disponible pour justifier et soutenir ce que le pouvoir faisait.

Vous avez d’autres partis: de l’opposition, de ce qui s’appelle l’opposition. En fait, moi, tels que je les vois, ces partis ne diffèrent pas beaucoup les uns des autres. Mais il y a des hommes qui diffèrent de Maaouya, réellement. Il y a des hommes intéressants, qui sont des responsables de partis, mais je ne suis pas persuadé que les partis eux-mêmes soient tout à fait très différents.

C’est-à-dire qu’ils soient tout porteurs d’un projet de société, largement partagé au niveau des militants. Nous sommes actuellement dans une situation très complexe. Vous pouvez, par exemple, avoir un parti aujourd’hui et on va vous dire qu’il y a telle tribu qui va rentrer là-dedans et les gens du parti sont très contents que la tribu vienne. Ce qui pourra être intéressant, on ne peut pas le savoir à travers les partis eux-mêmes. Peut-être le savoir à travers des hommes. Je considère personnellement qu’Ahmed Ould Daddah est un homme très sérieux…

Vous avez travaillé avec lui.

Je considère qu’Ahmed Ould Sidi Baba est un homme sérieux, qu’il a un peu ce handicap d’être de la tribu à laquelle appartenait Maaouya et que probablement les Mauritaniens veulent changer. Je considère que Messaoud est un homme sérieux, il a une vision particulière… c’est un homme qui pourrait – dans l‘état actuel des choses, peut-être est-il trop tôt pour qu’il devienne chef – mais je pense qu’il n’est pas trop tôt pour qu’il joue un rôle important.

Propos recueillis par Bertrand Fessard de Foucault (Ould Kaïge) via Khabar Al Yowm

Info source : Le Calame (Mauritanie)

la monnaie mauritanienne sur le chemin de la convertibilité

  Ousmane Kane est gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie et co-président, avec Dominique Strauss-Kahn, de l’African Consultative Group du FMI. Il nous explique, dans une interview exclusive, les mutations profondes du système financier mauritanien. 

Ousmane Kane.

 

« Les tentations, tantôt pour s’ingérer, tantôt pour chercher à influencer la conduite de la politique monétaire, habitent tous les gouvernements, en Afrique comme ailleurs. »

Les Afriques : Comment peut-on appréhender le rôle et l’indépendance d’une banque centrale dans un contexte africain ?
Ousmane Kane : Pendant longtemps, à travers le monde, la place des banques centrales dans les dispositifs institutionnels des pays n’était pas vraiment très claire ; parce que leur mandat lui-même n’était pas très précis. Une confusion, parfois voulue, existait alors entre les politiques monétaire et budgétaire ; la banque centrale étant ainsi, de fait, une annexe du Ministère chargé des finances. Depuis vingt à trente ans cependant, il se dessine à travers le monde un mouvement convergent vers une stricte séparation entre les politiques monétaires et les politiques budgétaires des Etats. Parallèlement à cette évolution, la stabilité des prix est, de plus en plus, présentée comme la mission principale, mais pas nécessairement unique, assignée aux banques centrales. Dans ce contexte, l’indépendance des banques centrales vis-à-vis de l’autorité en charge de la politique budgétaire et responsable des conséquences sociales, à court terme, de la politique économique nationale est devenue une nécessité. C’est ainsi qu’à travers le monde, de nombreux pays, les uns après les autres, ont doté leurs banques centrales de statuts les rendant indépendantes des Ministères en charge des finances et des politiques budgétaires.

LA : L’Afrique parvient-elle à s’adapter ?
OK : Même si l’histoire des banques centrales africaines est récente, leur évolution actuelle ne peut que s’inscrire dans le sens de cette évolution générale. Juste après les indépendances, il est vrai que les banques centrales étaient plutôt chargées d’allouer le crédit et de financer le développement. La stabilité monétaire et le contrôle bancaire étaient alors des activités secondaires des instituts d’émission. Mais les pays africains ne peuvent déroger à la règle. Au moment où l’Afrique doit encourager l’investissement en général et, plus particulièrement, améliorer sa capacité à attirer l’investissement direct étranger, nos pays ont besoin de disposer de politiques monétaire et de change qui soient rigoureuses, transparentes et prévisibles. Cette exigence est d’autant plus forte pour les pays africains que la crédibilité de leurs politiques économiques et financières aux yeux des investisseurs (aussi bien nationaux qu’étrangers) est encore à bâtir ou à consolider. Il ne fait cependant pas de doute que cette indépendance, quand elle existe, est à défendre : au quotidien. Les tentations, tantôt pour s’ingérer, tantôt pour chercher à influencer la conduite de la politique monétaire, habitent tous les gouvernements, en Afrique comme ailleurs. Cette indépendance se défendra d’autant plus facilement dans un pays donné que les principes d’un Etat de droit s’y trouveront déjà bien enracinés ; en Afrique comme ailleurs, encore une fois.
C’est, par conséquent, parce que les démocraties sont encore jeunes et que les contre-pouvoirs à celui des gouvernements sont encore à consolider, que les banques centrales elles-mêmes ont parfois du mal à assumer leur indépendance par rapport au pouvoir politique et aux gouvernements. C’est aussi parce que la conduite d’une politique monétaire indépendante peut avoir un coût élevé ; l’assumer pleinement suppose que les banques centrales disposent de revenus réguliers et suffisants pour la financer. Cela n’est malheureusement pas toujours le cas en Afrique.

« De vieilles pratiques, aujourd’hui heureusement disparues, ont laissé des séquelles pour lesquelles des initiatives doivent être prises pour réduire le taux de créances douteuses, renforcer les fonds propres et améliorer la gouvernance interne de ces établissements bancaires. »

LA : Quelles sont les principales réformes que vous avez entreprises depuis votre arrivée à la tête de la BCM et quels sont les résultats déjà engrangés ?
OK : N’étant à la tête de la Banque centrale de Mauritanie que depuis quelque dix-neuf mois, vous comprenez bien que l’heure du bilan n’a pas encore sonné. Ce qu’il convient de noter est que, ma priorité, le temps que je passerai à cette position, sera de contribuer à bâtir une institution d’émission moderne et transparente, et un système financier solide et pertinent pour l’économie nationale. C’est à l’aune de cette ambition qu’il faudra apprécier chacune des réformes que je promouvrai.
Dès mon arrivée à cette position, j’ai entrepris, dans un premier temps, de concrétiser très rapidement des idées de réformes en cours au sein de la banque et, dans un deuxième temps, d’élaborer et de lancer un programme de réformes à moyen terme.
C’est ainsi qu’un nouveau cadre juridique, avec trois lois promulguées au cours du premier trimestre 2007, fut adopté pour régir l’ensemble de l’activité du système financier : un nouveau statut de la BCM, consacrant son indépendance, clarifiant son mandat et réglementant ses relations avec le Trésor ; une loi sur les établissements de crédit qui vise à une réelle professionnalisation du secteur bancaire et à une diversification des services financiers ; et une loi sur les institutions de microfinance en vue du développement de cette activité.
Au-delà de ce cadre juridique, l’une des réformes, aujourd’hui achevée, la plus visible, est certainement celle qui concerne la mise en place d’un marché de change dès janvier 2007 : il conduit, pour la première fois depuis la création de la monnaie nationale en 1973, à faire fixer le cours de l’ouguiya par le jeu de l’offre et de la demande et, surtout, il impose une allocation juste et transparente des devises entre les opérateurs économiques. Il s’agit d’un « flottement contrôlé » de la monnaie. Après 15 mois de fonctionnement, son succès est, je le crois, unanimement salué.
Au cours des derniers mois, une grande emphase a aussi été mise sur une supervision encore plus rapprochée des établissements bancaires, en vue du renforcement de leur capacité financière et de la transparence de leur gestion. Plusieurs des textes réglementant l’activité bancaire ont déjà été remis aux goûts du jour. Les banques vont ainsi, progressivement, augmenter sensiblement leurs fonds propres nets, améliorer la transparence des relations qu’elles entretiennent avec le public, respecter scrupuleusement des ratios de division de risques (arrêtés après concertation avec la profession). La priorité accordée au contrôle des banques a été couronnée par le redressement in extremis de l’une des banques de la place dont la liquidation aurait profondément et durablement affecté l’ensemble du système financier mauritanien. A noter enfin que le marché monétaire est en cours de dynamisation grâce à l’adoption de nouveaux instruments de gestion de la liquidité ; et que les institutions de microfinance sont en cours d’assainissement grâce à la remise en cause des agréments accordés à toutes les IMF.

LA : Quant à l’avenir ?
OK : La banque vient d’achever l’élaboration d’un plan stratégique pour la période 2008-2012, en vue de la modernisation et du développement du système financier mauritanien : s’appuyant sur les acquis de ces derniers mois, ce plan est l’œuvre de l’ensemble de la famille de la BCM (actuels et anciens membres du personnel), avec une participation appréciée de la profession bancaire nationale, et de nos partenaires du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Il s’articule autour de trois axes qui sont : la politique monétaire et de change, le système financier national et le cadre institutionnel. L’adoption de ce plan par le conseil général de la banque, probablement dans les tous prochains jours, ouvrira de nombreux et vastes chantiers de réformes au sein de l’institution. La banque devra alors adapter très rapidement son fonctionnement (organisation, procédures et personnel) et ajuster ses moyens aux exigences de mise en œuvre de ce plan.

« La priorité accordée au contrôle des banques a été couronnée par le redressement in extremis de l’une des banques de la place dont la liquidation aurait profondément et durablement affecté l’ensemble du système financier mauritanien. »

LA : Compte tenu de la stabilité retrouvée de la monnaie mauritanienne, l’ouguiya, est-il prématuré aujourd’hui de parler d’assouplissement ou de libéralisation du change ?
OK : Nous nous félicitons, certes, de la stabilité dont fait preuve la monnaie nationale depuis quelque trois ans, et réellement confirmée après le lancement du marché de change en janvier 2007. Cependant, avant de parler d’assouplissement ou de libéralisation de change, il convient d’abord de présenter la situation qui prévaut depuis un peu plus d’un an : toutes les restrictions sur les importations courantes ont été levées, les revenus d’exportation des produits de la pêche, deuxième secteur d’exportation du pays, sont directement transférés et déposés par les opérateurs dans les banques commerciales de leur choix, l’accès aux devises par le biais du marché des changes est libre et transparent, le cours de la monnaie nationale est fixé quotidiennement par les forces du marché, l’allocation de devises pour les voyageurs a été substantiellement relevée, l’ouverture de bureaux de changes sur tout le territoire national est libre (dès lors que les critères de capacité financière établis à cet effet sont remplis)… Il s’agit d’un progrès substantiel accompli en très peu de temps. Il convient, à notre avis, de mettre à profit les prochains mois et années pour consolider les résultats de chacune de ces réformes avant d’en envisager d’autres, plus profondes, telles que la levée des restrictions résiduelles sur les transferts des capitaux, ou la convertibilité totale de l’ouguiya. D’ici-là, grâce à la mise en œuvre du programme économique du gouvernement, le contexte aura, nous l’espérons, favorablement évolué.

LA : Comment se passe la gestion de vos réserves de change dans un climat monétaire international marqué par l’affaiblissement du dollar ?
OK : Il peut être utile de préciser, au préalable, que les échanges extérieurs de la Mauritanie (importations et exportations) se font très largement en dollars. Les prix des produits miniers, du pétrole et d’une partie des produits de la pêche (l’essentiel de nos exportations) sont libellés en dollars ; Il en est de même des produits pétroliers raffinés, des équipements et pièces pour engins miniers, de plusieurs des produits alimentaires consommés par les Mauritaniens et de l’essentiel du service de la dette nationale. Cette réalité, d’une part, et le souci de prudence, d’autre part, nous dictent de placer une large part de nos réserves extérieures dans cette monnaie. Par conséquent, le sérieux affaiblissement du dollar dont vous parlez a encore un impact négligeable sur nos échanges extérieurs et sur notre politique de placement. Il va de soit cependant que l’évolution récente de la politique monétaire de la Réserve fédérale, qui a contribué à l’accélération de l’affaiblissement du dollar, a des conséquences négatives sur les revenus de placement de la BCM.

LA : Quelle est la situation des établissements de crédit à la fin 2007 et quelles réformes envisagez-vous pour dynamiser le secteur ?
OK : La santé financière du système bancaire mauritanien est l’une de nos grandes priorités. Les banques mauritaniennes sont, généralement, caractérisées par une faiblesse de leurs fonds propres et un fort taux de créances douteuses. Elles souffrent également d’une faible bancarisation de la société et de pesanteurs administratives qui ne facilitent pas le recouvrement. Il s’agit cependant de banques totalement privées (à l’exception d’une), dont la gestion devrait par conséquent être très réactive et très sensible aux changements promus par la Banque centrale. Cette volonté d’adaptation et les efforts qui s’en suivent sont déjà perceptibles.
Les banques mauritaniennes souffrent des conséquences de l’environnement politique et judiciaire qui a prévalu dans notre pays pendant une trop longue période. De vieilles pratiques, aujourd’hui heureusement disparues, ont laissé des séquelles pour lesquelles des initiatives doivent être prises pour réduire le taux de créances douteuses, renforcer les fonds propres et améliorer la gouvernance interne de ces établissements bancaires. Le Conseil de politique monétaire de la Banque centrale a déjà décidé de faire porter, progressivement, à douze fois sa valeur minimale actuelle le capital des banques en activité dans le pays.
C’est au quotidien que les services de la Banque centrale travaillent avec l’Association professionnelle des banques mauritaniennes pour promouvoir la transparence des états financiers et des conditions financières, l’indépendance des organes de contrôle et la compétence du personnel employé dans le système bancaire mauritanien. Au sujet du taux de créances douteuses, plusieurs idées sont à l’étude en vue de faire du recouvrement des créances bancaires une priorité nationale.
En d’autres termes, les établissements mauritaniens de crédit ont besoin d’une surveillance et d’un réel appui de la BCM pour en faire des banques performantes, capables de survivre à l’ouverture en cours du système financier national. A cet effet, la Banque centrale utilisera toutes les ressources juridiques, que lui offrent la nouvelle loi bancaire et la concertation avec la profession bancaire, pour assainir la situation. Les premiers résultats commencent à être perceptibles ; mais il s’agit d’une œuvre de plusieurs années.

LA : Où en est la Mauritanie dans la lutte contre le blanchiment d’argent ?
OK : La Mauritanie s’est dotée, dès 2006, d’une loi contre le blanchiment d’argent : la CANIF (Cellule d’analyse des informations financières) a été rapidement mise en place, tous ses organes sont installés, ses locaux aménagés et équipés et son personnel recruté en moins de douze mois. Grâce à l’appui de la France et de la Banque mondiale, la cellule sera totalement opérationnelle avant la fin du mois de juin 2008 ; c’est-à-dire que les assujettis (banques, bureaux de change, notaires, etc) seront appelés à déclarer à la CANIF toute transaction financière qui leur paraîtra suspecte. Plusieurs séances de sensibilisation avec ces partenaires de la CANIF ont déjà été organisées et les derniers textes d’application de la loi sont en cours de finalisation. A en croire les différents partenaires internationaux qui nous accompagnent dans ce processus, la Mauritanie serait très avancée sur cette voie. Les prochains mois nous permettront d’apprécier la qualité de l’important travail préparatoire accompli depuis deux ans.

 

 

 

PODOR : Troisième édition du Festival des Blues du Fleuve

 

PODOR : Troisième édition du Festival des Blues du Fleuve dans article 8e64b2a903 

Podor ou Doueîré (le nom maure de la localité Sénégalaise riveraine du fleuve) était l’hôte en cet après midi du vendredi saint des musulman du coup d’envoi officiel de la 3èmè édition du Festival des Blues du Fleuve.

Un évènement culturel qui depuis sa première édition a pris les allures d’une manifestation internationale.

Le quai du fort colonial érigé dans la ville au siècle dernier et rebaptisé le quai El Hadj Boubou Sall était le point de convergence de milliers de personnes (artistes, personnalités politiques, hommes, femmes et jeunes…) venues de tous les continents marquer leur présence à l’évènement.

Outre le ministre Sénégalais de la culture et du patrimoine historique classé, M Mame Birame Diouf, cet évènement était rehaussé par la présence d’importantes personnalités comme M. Mohamed Vall O/ Cheîkh, le ministre mauritanien de la culture et de la communication, Cellou Dalane Diallo, l’ex premier ministre de Guinée-Konakry (président d’honneur du festival), le gouverneur de la région de Saint Louis, Me Aîssata Tall Sall (marraine de l’évènement) en plus de plusieurs artistes et cantatrices de renom (Binta Lally Sow, Omar Pène, Vieux Farka Touré, Ma Kouyaté, Dicko…) sans compter l’ensemble lyrique traditionnel de Daniel sorano et de nouveaux talents et musiciens du terroir .

Les Temps Forts

Une impressionnante sonorisation crachant une musique continue était sur le quai du fleuve. La cérémonie a débuté avec une procession des groupes folkloriques où l’on pouvait observer des femmes joliment parées (boucles d’oreilles et colliers en or, lèvres tatouées, bracelets en argent et or à la main, fresques sur les visages…) portant des boubous teints à l’indigo et des pagnes traditionnels et chaussées de babouches artisanales. Leurs coiffures étaient décorées de perles.

Certaines griottes étaient déguisées en tenue d’apparats chantant et dansant tout le long de la soirée devant les invités officiels et le public du festival. A chaque fois un tir d’artifice nourri ponctuait le déroulement de la cérémonie. Des parades de piroguiers magnifiquement habillés déclenchaient instantanément une bousculade dans les rangs des nombreux participants au festival des blues. Les sons et lumières projetant leurs rayons sur le fleuve offraient un spectacle « paradisiaque » sur le bord du fleuve mais que l’absence du Bou El Moghdad a rendu un peu triste.

Après cette procession riche en couleurs, le rituel des discours débute avec le mot de bienvenue du maire de la ville,M. Oumar M’bengue qui a salué les délégations étrangères présentes à Podor pour prendre par au festival. Il a remercié et rendu un vibrant hommage à l’initiateur du festival, en l’occurrence Baba Maal qu’il a qualifié de fils prodige .Il a dit que Baba Maal a brisé les frontières de la sous région ouest africaine et a mis tout son talent au service de la population de Podor dont la forte mobilisation est le fruit des relations excellentes tissées au pays et à travers le monde.

« On ne peut pas décréter cette mobilisation, il faudra l’avoir travaillé à l’avance ! » a déclaré le maire. Il a prié pour la longévité de l’artiste qui dira t-il a ressuscité les coutumes et le folklore des Halpular de toute l’Afrique. Il a délivré un cours plein d’enseignement historique et faisant référence aux illustres fils du département de podor que sont El Omar Tall, Souleymane Ball, Elimane Boubacar pour ne citer que ceux là .

Ramata Sall lira l’hommage pathétique des populations de la ville à l’endroit du lead vocal de Dandé Léniol. Après ce, Baba descendra de la tribune sous les applaudissements du public pour recevoir des mains de la dite dame, le cadeau offert par les femmes de Podor à l’artiste. Prenant la parole à cette occasion, Baba Maal a remercié l’assistance et les délégations officielles. Il a fait les éloges du ministre Sénégalais de la culture et de Tahra Mint Hembara, avant de gratifier le ministre mauritanien d’une courte chanson en hassaniya .

Il a clamé avec ardeur une fois de plus son appartenance à la communauté Peulh quand il rendait hommage à l’ex chef du gouvernement de Guinée Konakry. Dans la foulé, il a indiqué que Podor est un creuset de la culture de l’Afrique de l’ouest où toutes les composantes ethniques ont toujours vécu en harmonie. Il a demandé au premier magistrat de la ville d’élever M. Cellou Dalane Diallo au rang de citoyen d’honneur de la ville de Podor.

Le chanteur peulh a exprimé à cette occasion ses futurs projets pour la ville de Podor et annoncé qu’il a offert un matériel de sonorisation aux jeunes, une motopompe aux femmes de N’Gawlé. La star du yéla a annoncé son ambition d’accompagner l’Etat du Sénégal dans son objectif de résorber le déficit vivrier en investissant désormais dans l’agriculture. Tahra, la « princesse mauritanienne » a plaidé pour l’unité du continent en affirmant qu’on ne peut plus vivre dans l’autarcie.

Quant à notre ministre de la culture et de la communication, il a exprimé sa joie d’être présent à la cérémonie d’ouverture de la 3ème édition des Blues du Fleuve en affirmant que sa présence est un message de paix, de fraternité et d’amitié entre les peuples des deux pays et partant pour toute l’Afrique. Il a salué la mobilisation des populations mauritaniennes de Lexeîba pour assister sur l’autre rive aux festivités. A Baba Maal, il a adressé ses vifs remerciements pour le combat qu’il mène pour la promotion de la langue et de la culture pulaar.

Clôturant le rituel des discours, le ministre sénégalais de la culture et de la communication s’exprimant au nom du président Wade a félicité les organisateurs du festival la marraine, son homologue mauritanien, l’ex PM de la Guinée et Ramatoulaye Sall qui dira t-il a su traduire les talents difficilement égalés des pulsions du peuple du département de Podor et du Fouta. De l’artiste, il dira que c’est un monument culturel de toute l’Afrique, un des plus dignes fils du Sénégal. Le sérère ne s’empêcha pas de taquiner ses cousins de plaisanterie, les pulaar avant de boucler son oral.

Sur ces notes, se termine la cérémonie inaugurale des festivités de la 3ème édition du Festival des Blues du Fleuve.

Thierno Souleymane
Envoyé spécial à Podor

L’organisation

Sur le plan de l’organisation, il faut noter que cette 3ème édition a été quelque peu chaotique. Plusieurs invités ont été laissés à eux même errant dans la ville sans trouver de site d’hébergement auprès des organisateurs. Chose inacceptable de la part des organisateurs qui ont déplacé des personnalités artistiques et politiques de renom. Beaucoup de choses sont à revoir à l’avenir sur l’organisation du festival car il en va de la crédibilité du maître d’œuvre de ce festival qui n’est autre que le Roi du yéla.

Rosso capitale festive

 Pour l’organisation de ces journées le maire a mis les petits plats dans les grandss, avec un panel d’invités de marques en plus du wali du Trarza et du hakem de Rosso,le ministre de l’artisanat et du tourisme, Bâ Madine, le chargé de mission au ministère de la décentralisation et de l’aménagement du territoire, Mohamed Brahim Horma, le président de l’association des maires de Mauritanie (AMM), Ahmed Hamza, le représentant de la fondation KB, Mohamed Ould Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Il faut aussi noter la présence de Oumar Sarr député maire de Dagana, ministre d’état, ministre de l’habitat et du patrimoine bâti, secrétaire général de la fédération PDS du Walo, l’ambassadeur du Sénégal en Mauritanie, le représentant de l’OMS, le président de l’ONG  H.A.M.A.P, les maires de Saint-Louis de Richard Toll. Du coté mauritanien on a noté la présence des maires de Boghé, Kaédi, Toujounine, Djigueni, Dar Naïm.

Dans son mot de bienvenue le maire de Rosso, le maire a dit que  ces journées sont placées sous le signe de l’unité nationale et surtout seront une occasion pour les jeunes  de rivaliser d’ardeur dans le domaine culturel et sportif Il terminera son allocution en remerciant l’association des maires de l’élan de solidarité à l’endroit de nos frères rapatriés du Sénégal,.

Lui succédant Ahmed Hamza, rendra un vibrant hommage au président de la république, qui sans sa farouche détermination le retour de nos compatriotes réfugiés n’aurait pas été possible. Parlant de l’aide que l’AMM a apporté dans ses valises à l’endroit des refugiés il dira, Ce geste est symbolique et traduit notre ferme détermination a accompagner le processus de retour organisé.

Dans son sillage le doyen des maires Mohamed El Ghaly Ould El Bouh, maire de Djigueni, s’est lui aussi félicité du retour des réfugiés et a mis l’accent sur la richesse immense que constitue notre diversité culturelle. Pour  le  chargé  de mission du MDAT ces journées entre dans le cadre de la politique de décentralisation engagée par le gouvernement etil a souhaité que l’initiative du maire de Rosso fasse des émules dans le rang des autres maire. « Cette initiative dénote d’une cohésion du conseil municipale ce qui n’est pas souvent les cas vu que les conseillers sont souvent issus des d’horizons politiques divers ».

Une équipe qui gagne

Dans un point de presse lePr. Yérim Fasssa,  maire de Rosso rendra un vibrant hommage à son équipe municipale qui dira t il, sans cette force de cohésion et d’unanimité autour de lui aucune réalisation n’aurait pu voir le jour.

Enumérant les réalisation à l’actif de la commune il dira que lors de son accession au fauteuil de la commune il a trouvé une ardoise de 12 millions d’UM de dettes et un personnel pléthorique qui représentait une lourde charge financière pour la mairie. Malgré ce handicap j’ai réussi à effacer cette dette en une année et je n’ai pas eu a faire des compressions au niveau du personnel car j ai choisi une formule moins radicale le départ volontaire et la préretraite. Ceci m’a coûté la bagatelle de 8 millions d’UM.

Plus jamais cela

Abordant le problème des incendies dans le marché de Rosso, le maire dira que grâce à ses relations personnelles il a pu trouver un camion pompier et que désormais plus jamais Rosso ne fera appel aux autres sapeurs pompiers pour éteindre un incendie.

Satisfaction

Evoquant les points soumis lors de son audience avec le président le maire dira que tous les points soumis ont été acquis. A commencer par  la construction du marché de Rosso qui a bénéficié d’une enveloppe de 115 millions d’UM et dont l’appel d’offre sera bientôt lancé par  l’AMEXTIP. Sur le volet assainissement le maire dira que la ville est un chantier et cela est du a ce que la première phase de l’assainissement des caniveaux a accusé un important retard sur le calendrier  et vu l’approche de l’hivernage i l a fallu enclenché la seconde phase c’est pourquoi aujourd’hui il est presque impossible de circuler en voiture dans la ville.

Un autre point aussi important est acquis c’est le renouvellement et l’extension du réseau d’eau jusqu’au PK 24.enfin il a annoncé que Rosso va bénéficier de 12 km de goudron.

Il a souhaité que la population et les élus pérennisent ces journées à l’avenir au delà de son mandat

Embarras du choix

 A noter que durant ce festival les populations de Rosso ont eu droit à un véritable régal sportif et culturel. Pour le premier jour un Simb Gaïndé  a été organisé au stade, la nuit une  soirée artistique  a l’hôtel de ville. Le lendemain une course de pirogue  a été organisé ce qui a réveillé des souvenirs chez le  capitaine du bac de Rosso , Mamadou Diop qui dira que la dernière fois qu’il a vu la régate c’était en 1964 quand Moctar Ould Daddah était venu a Rosso avec le président Houphouët Boigny. Le sport roi n’était pas en reste  la finale de la coupe du maire a opposé, devant des milliers de spectateurs enthousiastes l’équipe de Ndiourbel et celle de Gaya (village de pêcheurs) c’est cette dernière qui remporte la parie par deux buts à zéro. La nuit la maison des jeunes a abrités la finale de basket. La lutte traditionnelle a clôturé les activités de ces journées riches en couleur.

Sans tomber dans l’autosatisfaction on peut dire que le maire de Rosso a par cet initiative redonner à Rosso son visage d’antan celui d’un carrefour des cultures et un laboratoires d’intégration.

NDIAYE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Interview de Kaaw Touré Porte-parole des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM)

 

Interview de Kaaw Touré Porte-parole des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM) dans article photo_kaaw_reduit-ac1f1« Ceux qui s´agitent actuellement pour le retour de Taya n´ont pas de respect pour la Mauritanie, font de la provocation pour déstabiliser le régime du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi« .

Mouhamadou Touré dit Kaaw est natif de djéol. Militant des FLAM depuis toujours, il fût le plus jeune prisonnier politique de la Mauritanie. Kaaw est en exil depuis plus de deux décennies. Le Monsieur communication des FLAM a bien voulu partager une tranche de sa vie avec nos lecteurs. Il revient aussi sur des questions d’actualité et sur le fonctionnement des FLAM.

AL YOWM : Voulez-vous vous présenter à nos lecteurs?

Kaaw TOURÉ: Je m´appelle Mohamadou Ousmane Samba Racine Touré, mais pour les intimes, Kaaw Tokosel Tuure. Je suis originaire de Djeol dans le Gorgol et j´ai 40 ans dont la moitié ( 20 ans ) passée en exil, après mon passage en prison en 1986 suite à la publication du « Manifeste du négro-mauritanien opprimé » et qui faisait de moi le plus jeune prisonnier politique mauritanien à l´époque.
Je réside en Suède depuis 1999, après mon expulsion du Sénégal suite aux pressions diplomatiques de l´ancien dictateur Ould Taya. Je suis actuellement le Secrétaire national à la communication et porte parole des Forces de libération africaines de Mauritanie et par ailleurs webmaster du site Flamnet.

AL YOWM : Les FLAM, hier et aujourd’hui. Si on vous demande de nous faire un bilan ?

Kaaw TOURÉ: Faire le bilan des Flam c´est faire l´histoire d’une résistance patriotique des plus opiniâtres, celle qui n´a jamais plié, ni dévié, celle qui n’a jamais été ni récupérée, en dépit des manoeuvres et agressions de toutes sortes. Les F.L.A.M. constituent sans conteste, dans l’histoire de notre pays, la force politique qui a fait montre de la résistance la plus longue et la plus constante.  L´histoire des FLAM ou le bilan des FLAM, c´est comme on le disait dans notre document historique « la longue marche des FLAM » et je cite:  » c´est une histoire de près de 25 ans de lutte opiniâtre contre un système à fondement raciste. 25 ans de résistance acharnée au cours de laquelle la marche de notre organisation fut longue et pénible ; Chaque étape franchie et chaque acte posé le furent comme dans une course d’obstacles. On franchissait le premier, un autre était déjà là, plus haut, Et un autre derrière, encore plus difficile ».
L´histoire retiendra aussi que les FLAM ont fait l´histoire de ce pays. Nous avons été les premiers à nous insurger contre le dictateur Ould Taya et le système discriminatoire qu’il a solidement conforté. Cela nous a valu la repression la plus sanglante, la plus cinglante et la plus haineuse jamais enregistrée dans ce pays.

Depuis leur création les FLAM s´étaient fixé entre autres objectifs: la résolution de la question nationale, la lutte contre l´esclavage et les pratiques féodales, l´instauration d´une véritable démocratie en Mauritanie où le fait d´être arabe, noir, haratine, znaga ne serait ipso-facto une condition rhédibitoire. C´est ce paradigme que nous avons rappelé et voulu concrétiser en Mauritanie qui nous a valu la dénonciation, la répression jusqu’à l’élimination physique de ceux que nous comptions de plus chers dans notre mouvement.

A l’époque, cependant il ne s’était pas trouvé suffisamment de bonnes volontés dans les formations politiques concurrentes pour formuler, avec autant d’exigence que nous, la revendication d’une réelle égalité entre tous les citoyens mauritaniens. Mais tel le roseau de la fable qui ploie sous la poussée de la bourrasque sans pour autant casser, les FLAM ont survécu à toutes les tempêtes de sable du régime de Taya. Nous avons payé cher notre droit à l´expression et à l´épanouissement dans ce pays.

Aujourd´hui il est facile de se réclamer de l´opposition et de bomber le torse, nous n´avons pas attendu la démocratisation du pays ou l´avénement de l´internet pour dire notre mot dans la gestion de ce pays. C´est grâce aux FLAM que l´opinion internationale a découvert le vrai visage du régime mauritanien et l´apartheid méconnu de notre pays.
C´est grâce aux FLAM que le monde occidental et africain a découvert l´esclavage, le sort des déportés mauritaniens que notre ami feu Sennen Andriamirado de Jeune Afrique nommait « les Palestiniens de l´Afrique de l´Ouest ».

 

C´est grâce aux FLAM que le génocide planifié par des franges intolerantes et aggressives de nationalistes arabes a echoué. C´est grâce aux FLAM que les tortionnaires et autres génocidaires sont pourchassés et interdits de séjour dans des pays respectueux des droits de l´homme. C´est aussi grâce à l’impact de notre discours clair, cohérent et suivi, que les masses négro-africaines allaient prendre, pour la plupart, conscience de leur oppression. C´est aussi grâce à notre encadrement que les déportés ont résisté pendant ces 18 ans aux chants des sirènes, et maintenu intacte la tension du retour jusqu´à la reconnaissance officielle récente de leur déportation par le nouveau régime.

On ne le dira jamais assez, un de nos acquis le plus essentiel, demeure celui d’avoir réussi, surtout, à rompre le mur du silence qui entourait cette politique ignominieuse de discrimination à caractère raciste et de pratiques esclavagistes dont sont victimes les populations noires mauritaniennes.

La Mauritanie est un pays secret ; nos dirigeants politiques se sont toujours évertués à soustraire à la curiosité internationale les problèmes de fond du pays, par la dissimulation. L’une des choses que Ould TAYA n’a jamais réussi à digérer est bien que nous ayons pu diffuser «Le Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé» à l’extérieur, au sommet de Hararé, au Zimbabwe.

Aujourd´hui toute la classe politique parle dans son ensemble de l´unité nationale, du retour des déportés, du passif humanitaire, chose fort heureuse, alors qu´hier ces sujets étaient tabous et considerés comme « fond de commerce des nationalistes étroits, des ennemis du monde arabe à la solde du sionisme ». L´histoire vient encore une fois de démontrer que seule la vérité est révolutionnaire ; nous n´avons jamais failli dans notre mission de sentinelle du pays, de garde-fous de la démocratie, d´objecteurs de conscience mais surtout de combattants de la liberté.

 

Le régime de Taya et même celui de la transition ont cherché, en vain, par tous les moyens à nous casser, à nous marginaliser. Ils ont essayé par la répression, la corruption, mais le socle dur est resté ferme et déterminé, loin de tout opportunisme et amateurisme, pour faire aboutir nos revendications les plus essentielles.

AL YOWM : A quand la fin de l’exil de la direction des FLAM ?

Kaaw TOURÉ: C´est une bonne question mais comme vous le savez, en tant qu´ancien exilé politique vous-même, qu´on ne choisit pas l´exil de gaieté de coeur. Le mal du pays vous occupe et vous déchire les entrailles comme disait l´auteur des Exilés de Goumel. Le pays nous manque beaucoup ; nous n´avons comme richesse sur cette terre que notre pays natal, nous y tenons comme la prunelle de nos yeux ; c´est pour cette raison que nous nous sommes insurgés contre le système, c´est pour cela que nous avons accepté l´âpreté de l’exil et les souffrances des cachots. A quand la fin de l´exil? Nous sommes en voie d’y apporter une réponse. Et je présume que ce sont tous nos concitoyens qui l’attendent avec intérêt et impatience. Notre conseil national qui se réunira très prochainement statuera sur la question. Il faut espérer que cet exil prendra bientôt fin.

AL YOWM : Les FLAM comptent-ils un jour chercher la reconnaissance légale par les autorités mauritaniennes ?

Kaaw TOURÉ: Le plus important pour nous, c´est la reconnaisance de fait des FLAM , par ce qu’elles incarnent, aussi bien par les autorités que par la classe politique dans son ensemble, et par l´opinion internationale. La reconnaissance légale n´est en fait qu´un simple certificat de naissance qui n´empêche pas à un enfant de vivre ou d´exister, une simple formalité administrative. Il me semble prématuré d’en parler maintenant, même si rien est à exclure. Mais je puis vous assurer que les FLAM resteront conséquentes en continuant à privilégier toutes les solutions qui réglent les contentieux nationaux et favorisent la réconcialition entre nos communautés.

AL YOWM : Quelle est votre analyse de la situation du dossier des réfugiés ?

Kaaw TOURÉ: Le dossier des réfugiés, comme vous le savez, nous tient beaucoup à coeur ; et il faisait partie, avec le passif humanitaire, de l´une des conditions que nous avions posées pour la décrispation du climat social en Mauritanie. Le discours historique du 29 juin du Président de la République, nos échanges avec lui pendant la campagne électorale entre les deux tours et sa récente rencontre avec notre président Samba Thiam à New York en marge de l´assemblée générale des nations unies nous incitent à l´optimisme, même si nous savons qu´il y a toujours des forces hostiles tapies dans l´ombre, oeuvrant pour la perpétuation du système, qui veulent faire échouer le projet du rapatriement des déportés. C´est ce qui explique, en grande partie, les tergiversations, les manquements et l´amateurisme constatés dès l´entame du projet.

 

En résumé, par rapport à ce dossier, il ne serait pas réaliste de nier qu´il y a des efforts consentis, certains ; mais il faut continuer à ameliorer. Il faut surtout, pour réussir la réconciliation, éviter la solution du « fait accompli », ou de type à générer ressentiments et frustrations. Nous avions salué, en son temps , l´initiative du président de la République mais nous devons plus que jamais restés vigilants pour faire aboutir le réglement de ce dossier et aborder les autres points qui attendent toujours comme le passif humanitaire et surtout l´épineuse question de cohabitation que certains nomment pudiquement « la question de l ´unité nationale ».

AL YOWM : Maouya bientôt en Mauritanie. Qu’en dites-vous ?

Kaaw TOURÉ: Si Maouya veut rentrer en Mauritanie, libre à lui, mais il doit assumer son passé et être prêt à répondre de ses crimes , devant la justice nationale ou internationale. Ceux qui s´agitent actuellement pour le retour de Taya n´ont pas de respect pour la Mauritanie, font de la provocation pour déstabiliser le régime du président Sidi Ould Cheikh Abdallah. Nous ne pouvons expliquer certaines coïncidences troublantes dans ce pays. A chaque fois que le problème des déportés est évoqué on voit surgir des manifestations « spontanées », on fait courir la rumeur de bruits de bottes, on assiste à des actions terroristes, des tracts de diversion circulent, on agite le spectre du retour de Taya.

 

Tout ceci ne peut être fortuit. C´est comme s’il y avait une main invisible qui chronométre tout cela, selon un agenda bien défini. Je n´accuse personne, mais je crois à la manipulation et à la préparation du retour d´un « messie » pour sauver la Mauritanie du « démembrement et de l´impasse ». Ce qui est abérrant dans toute cette campagne c´est d´entendre certains plumitifs et politiciens regretter l´ère du dictateur. Cela est une offense à notre dignité et c’est certainement manquer de respect pour notre peuple, comme pour dire que nous ne méritons que la médiocratie.

AL YOWM : La Mauritanie et le terrorisme quelle est votre analyse ?


Kaaw TOURÉ
: Si vous regardez le parcours de ces prétendus moudjahidines, vous ne verrez que des anciens bandits de grands chemins »reconvertis », des petits criminels et qui n´ont rien à avoir avec notre sainte religion, qui est une réligion de paix et de tolérance. Qu´ils nous laissent vivre notre foi et nos pechés en paix dans ce monde, et Dieu seul pourra reconnaître les siens. Ne dit-on pas dans le saint livre qu´Allah est le plus juste des juges ? « alayssa´allah bi ahkamil hakimine » Nous, au niveau des FLAM, considérons ces évènements graves autour de ces illuminés comme une menace sérieuse, un danger auquel il faut faire face avec fermeté certes, mais aussi avec beaucoup de discernement.

 

On ne réglera pas le problème en se contentant de punir les exécutants. Il faudra aller au-delà, mesurer l’impact de ce discours d’intolérance , fanatique, et en déterminer les causes profondes. Ce terrorisme aveugle, à vocation apocalyptique , prospère sur le lit des frustrations et des misères des populations vulnérables parce que sous-éduquées et/ou laissées pour compte. Il faut aussi dire qu´à vouloir copier le monde arabe en tout et pour tout, on finit aussi par en prendre, hélas, les côtés pervers

AL YOWM : Connaissez-vous Brediley. Que vous inspirent ses récentes productions ?

Kaaw TOURÉ: Bredileil ou « la fraicheur de la nuit » c´est son nom traduit en Francais parait-il. Je n´ai pas eu l’occasion de connaitre l´homme sinon à travers sa pensée et ses écrits et surtout à travers les témoignages de nos camarades qui l´ont connu en prison en 1987. Tout ce qu´on sait de lui, c’est qu´il est un partisan acharné de l´arabisation de la Mauritanie, quel qu´en soit le coût, qu´il est l´idéologue du baathisme repoussant et intolérant dans notre pays. Bredeleil a une part importante de responsabilité, lui et ses camarades, dans les dérives nationalistes et fascistes du régime de Ould Taya. Il n´y a en réalité qu´un extrémisme en Mauritanie, c´est celui, intolérant, du Baas et des nasseriens.

Les positions de Bredeleil ne me surprennent donc guerre. Ce qui me surprend c´est plutôt le silence des prétendus progressistes ou objecteurs de conscience, face à ses prises de position qui puent le racisme abject. J´espére qu´un jour, les mauritaniens auront l´opportunité de se parler à travers un débat national autour de cette question de la cohabitation, et ce sera une bonne occasion pour finir une bonne fois pour toutes avec des idéologies importées et s´atteler à la construction d´une Mauritanie réconciliée et fière de sa diversité culturelle, de sa position géographique et de sa composition sociologique. En attendant nous disons comme toujours la lutte continue.

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Propos recueillis par Abdallah Ould Hormatallah et Camara Seydi.

www.flamnet.net
flamnet.fr.fm

Un festival riche

Pour la premiere fois la ville de Rosso a connu un événement aussi riche, 3jours durant dâ€TMactivités (artistiques, sportives et culturelles) : course de pirogue, Match de foot, Basket, lutte traditionnelle ect…La commune a vraiment réussie son défi avec lâ€TMinvitation de plusieurs autorités administratives, locales ; lâ€TMassociation des maires de Mauritanie ainsi que les conseillers municipaux.Ainsi que nos voisins sénégalais :Le Ministre dâ€TMEtat, Ministre de lâ€TMHabitat et maire de Dagana ; le Maire de Rosso Sénégal et celui de Richard Toll.

Malgré quelques ratés, la population était au rendez-vous et la fête était belle.Cependant, ce qui est très regrettable câ€TMest quâ€TMon a remarqué que la présence dâ€TMune seule communauté parmi les quatre qui habitent Rosso. En effet ce festival était exclusivement fait pour la communauté wolof et ce en amont et en aval. Ce qui nâ€TMa dâ€TMailleurs pas manqué de susciter le mécontentement des autres communautés. Le maire sâ€TMen est excusé et à promis de rectifier le tir la prochaine édition, car a-t-il dit ce festival sera perpétué, pour que Rosso retrouve son lustre dâ€TMautan-<< non ambition a-t-il ajouter, câ€TMest dâ€TMen faire la capitale culturelle de la Mauritanie>>

 BÃ Hamidou
Politicien Rosso RIM
tel:00(222) 650 01 88
00(221) 77 518 06 91
e-mail: bahamidou39@yahoo.fr

Une équation à variables multiples : Le terrorisme, la drogue et le laxisme des autorités

Les évènements qui se déroulent actuellement au pays montrent que la Mauritanie semble s’insérer à grands pas dans la logique du terrorisme, du crime organisé et du brassage de fonds faramineux issus de la vente de la drogue. Et cela même au moment où, le pays s’engage dans une démocratie encore infantile.

Les évènements actuels risquent-ils de compromettre, à tout jamais, la démocratie naissante, en offrant aux militaires un droit de retour, au nom d’un « Comité National de Préservation de la Démocratie » (CNPD) ?

Les pouvoirs publics viendront-ils à bout de la poignée de terroristes qui exercent présentent dans le pays ? Quelles sont les personnes qui sont derrière les activités terroristes et la vente de drogue ? Les citoyens et les pouvoirs publics sont-ils suffisamment conscients de la gravité de la situation que traverse actuellement la Mauritanie ?

D’où viennent les complexités de la situation ?

Le présent article n’apporte pas de réponses claires à ces différentes questions. Il donne, cependant, un certain nombre de données qui pourront aider à mieux cerner les activités terroristes, les activités de vente de drogue et blanchissement d’argent.Nous savons tous, qu’aujourd’hui, de part le monde, les activités terroristes et les activités de vente de la drogue sont considérées comme des crimes graves, intimement liées, et traitées comme telles, aussi bien, par les gouvernements, que par les citoyens.

En Mauritanie la façon dont sont traités ces deux types d’activités laisse penser que, ni les pouvoirs publics, ni la population, ne sont réellement conscients de la gravité de la situation :

  • La drogue est saisie au quotidien, et les auteurs sont traités avec beaucoup d’égard, puisque fils d’un tel ou d’un tel autre ;
  • Les assassinats sont commis, et les auteurs sont paisiblement en cavale, voire même en fête (de noces notamment). Et ceux qui sont arrêtés échappent aux mains des policiers chargés de leur surveillance en plein jour, au sortir d’un interrogatoire avec le juge chargé du dossier ;
  • Un groupe de trois criminels présumés, activement recherchés, est encerclé dans une villa, par des dizaines de policiers, et les trois criminels présumés s’échappent aisément.

 

Au regard de tout ceci, le discours officiel minimise la portée des évènements, considérant que le peuple mauritanien est fondamentalement islamiste modéré et paisible, de tradition.

La jeune démocratie va-telle survivre dans ces conditions ?

Le simple citoyen, voire l’intellectuel même, pense que c’est au gouvernement, à l’État d’instaurer, seuls, la démocratie et la paix sociale. Ils oublient que l’instauration et le renforcement de la démocratie sont des faits sociaux. Il ne revient pas aux pouvoirs publics d’y travailler seuls.

Les pouvoirs publics ont un rôle de facilitateur du jeux de la démocratie, par l’adoption d’une attitude positive et encourageante, en établissant des lois et règlements définissant le cadre juridique et social du dit jeu et en veillant au respect de ces lois et règlements.

L’instauration et le renforcement de la démocratie doivent être une exigence et une œuvre sociales. De ce fait, en tant que citoyen de la jeune démocratie, tout mauritanien doit être conscient de l’importance de son rôle dans l’instauration d’une société paisible. L’existence et le maintient d’activités liées au crime organisée et à la vente de la drogue pourraient compromettre grandement la paix sociale et le renforcement de la démocratie.

La plupart des citoyens ont dénoncé et combattu farouchement l’attitude des gouvernements précédents. Nous devons dénoncer et combattre, aujourd’hui, avec la même vigueur, les activités terroristes, les activités de vente de la drogue, et la mollesse, le laxisme avec lesquels, la gravité de la situation est traitée par les pouvoirs publics actuels.

Nous ne devons pas nous contenter à observer les pouvoirs publics lutter seuls, à leur façon, contre le crime organisé. Nous devons être déterminés à prévenir et à lutter contre le crime, sous toutes ses formes, en exigeant l’instauration de lois claires et un cadre juridique et social précis de lutte contre la criminalité.

Pour cela, nous devons exiger des pouvoirs publics de définir clairement ce que sont les activités de terrorisme, les activités de vente de drogue et de blanchiment de l’argent. Il faut chercher également à identifier et définir clairement le profil des individus voués à ces différentes activités. C’est une des manières premières de prévenir l’utilisation de l’Islam (pour commettre des crimes), le brassage de fonds pour financer de telles activités et le blanchiment de l’argent de la drogue.

Nous devons exiger la mise en place de mécanismes de détection des activités de financement de la criminalité, un mécanisme de surveillance étroite des circuits financiers, des banques, des compagnies d’assurances exerçant dans le pays, et des organismes de collectes de fonds à caractère de charité.

Car, terroristes et vendeurs de drogue utilisent les mêmes circuits financiers pour financer légalement leurs activités de crime organisé : le blanchiment de l’argent. Blanchiment d’argent et financement d’activités terroristes sont devenus des problèmes planétaires de plus en plus complexes et en constante mutation.

Les pouvoirs publics, les institutions financières et les citoyens doivent avoir l’obligation juridique de détecter le blanchiment  d’argent et le financement des activités terroristes, de protéger le pays des criminels et des terroristes. Tout manquement à cette obligation serait susceptible d’accroître l’incidence des activités criminelles et des attaques de terroristes dans la société, en plus de nuire à la réputation du pays à l’étranger.

Comment détecter ces différentes activités du crime organisé ? C’est quoi le blanchiment de l’argent et le financement des activités terroristes ? Comment les blanchisseurs d’argent et les financiers du monde terroriste exploitent-ils les institutions financières pour blanchir des fonds ou financer le terrorisme ?

Le blanchiment d’argent peut être défini comme tout acte réussi, ou toute tentative, de camoufler la source de fonds ou de biens dérivés d’une activité criminelle. Les fonds à blanchir sont généralement issus des produits de la criminalité.

Ceci comprend l’argent obtenu du trafic de drogues et d’êtres humains, du racket, de la prostitution, de la contrebande, d’enlèvements, du vol et de l’extorsion. Ce sont des capitaux dérivés fondamentalement d’activités illégales et criminelles.

Le financement des activités terroristes quant à lui peut être défini comme le fait de collecter ou de posséder des biens en sachant qu’ils serviront à financer des actes terroristes, ou celui de fournir des services financiers à un groupement terroriste. Les capitaux de financement des activités terroristes ne proviennent pas nécessairement d’activités criminelles. Il peut s’agir de contributions privées ou de dons de bienfaisance de la part de personnes qui sont conscientes ou pas de financer le terrorisme.

Quels sont les objectifs du blanchisseur d’argent du crime ? Quels sont les objectifs du financier du terrorisme ?

Le blanchisseur d’argent a pour objectif principal de camoufler les origines de ses fonds et de les rendre « propres ». Tandis que l’objectif principal d’un financier du monde terroriste est d’extraire de l’argent du système financier et d’en masquer la destination prévue. Le blanchiment d’argent et le financement des activités terroristes ne sont pas toujours dissociés.

Car certains des revenus criminels qui s’infiltrent dans le système financier peuvent provenir d’activités terroristes. Tandis qu’une partie de l’argent propre émergeant du processus de blanchiment peut être consacré à des actes terroristes.

Comment procèdent-ils?

Pour arriver à leurs fins, les blanchisseurs d’argent et les financietrs du monde du terrorisme tissent souvent une toile enchevêtrée de transactions. C’est ainsi que de nombreux montants passent par au moins une institution financière.

L’argent est habituellement blanchi en trois étapes.

  1. Pour commencer, l’argent à blanchir est introduit dans le système financier. C’est le placement de l’argent sale dans le circuit financier.
  2. Les capitaux passent par de nombreuses couches de transactions, dans une tentative de brouiller la relation entre les fonds et leurs origines criminelles. On dit que les fonds sont empilés.
  3. À la dernière étape du processus, l’argent blanchi est réintégré dans l’économie et prend l’apparence de capitaux légitimes, propres. L’argent ainsi anobli est reversé proprement dans le système économique.

 

Les blanchisseurs d’argent et les financiers du monde terroriste recourent donc à une variété de méthodes pour gagner accès au système financier. Les techniques qu’ils emploient évoluent constamment. Prenons deux exemples pour illustrer le mécanisme :

L’exemple de vente de drogue:

  • Des drogues sont vendues au comptant dans les rues de Nouakchott, par exemple. Les revenus en espèces sont ventilés et déposés par petits montants dans des comptes bancaires ouverts par des complices de l’opération de blanchiment d’argent. C’est l’étape du placement.
  • Les titulaires des comptes bancaires, les complices, reçoivent chacun une facture d’une société de ventes de voitures, par exemple, une société qui sert de façade aux blanchisseurs d’argent. Les complices paient les factures de la société par chèque. La société dépose les chèques dans son compte bancaire à, et les produits servent à payer des dividendes à M. Zeid, l’investisseur principal de la société. C’est l’étape de l’empilement.
  • Par virements bancaires, M. Zeid achemine les montants reçus en dividendes, vers un compte situé dans un « havre de secret bancaire » (la Suisse). Puis il transfère ces mêmes fonds vers un autre compte à Paris. M. Zeid n’ayant aucun lien connu avec des activités criminelles quelconques. À la dernière étape du processus, l’argent blanchi est réintégré dans l’économie et prend l’apparence de capitaux légitimes, propres.

L’exemple de vol pur et simple:

 

  • Une bande criminelle commet une série de vols à main armée dans des hôtels du Sénégal, de la Gambie, du Nigéria. Les produits de ces crimes sont déposés dans un compte bancaire à Dakar ou à Lagos, compte détenu par une entreprise d’apparence légitime. C’est l’étape du placement.
  • L’argent retiré du compte bancaire à Dakar ou à Lagos servira à acheter des pierres précieuses de source illicite en Afrique du Sud. Ces pierres précieuses sont introduites par avion en Europe. Elles sont ensuite vendues au comptant à Amsterdam. C’est l’étape de l’empilement.
  • L’argent est versé dans le compte bancaire de Mme V’Lana, une cliente de longue date d’une institution financière réputée. Mme V’Lana transfère ces fonds dans son compte de courtage, d’où elle achète et vend des valeurs mobilières ou des bijoux. L’argent est ainsi intégré avec succès au circuit économique traditionnel.

Peut-on identifier et définir le profile d’un blanchisseur ou celui d’un financier du terrorisme? Comment se présentent un blanchisseur et un financier du terrorisme?

Le blanchisseur, le financier du terrorisme peuvent être M. ou Mme Tout le Monde. Le blanchisseur ou le financier du terrorisme peut être facilement reconnaissable, s’il était un « Am’mbeibile Ould M’neivich », aux proches trouées, se déplaçant à pieds ou en transports en commun et qui, du jour au lendemain, devient un « Zaiim Ould Hellou », un Caid, roulant en Mercedes ou BM, yitt hatett mine el vawwa. Un Zaiim auquel on commence à lui trouver des origines chérifiennes ou à défaut il devient simplement un guerrier de père en grand père.

Ce type de blanchisseur ou de financier du terrorisme, n’est pas un chef de file enraciné du système. Il représente, cependant, les vrais de vrais du système. Cet Am’mbeibile devenu Zaiim est souvent le profile d’individus en mal et en quête de reconnaissance sociale. Ce sont le plus souvent des révoltés d’environnements particuliers de la société. Tbortti wo Zeltt (la dèche, la misère et le mépris social) font d’eux des proies faciles du crime organisé et des organisations souterraines du terrorisme. Ces derniers leur offrant la reconnaissance et la valorisation recherchées.

S’il est difficile de connaître les vrais Zouamas peut-on identifier, les personnes qui font leur boulot? Quelles activités financières entretiennent-elles?

Très souvent, certaines personnes, par la nature même de leur profession, la structure de leur entreprise ou leur type d’activités commerciales, peuvent être des vecteurs de de collecte de fonds pour le financement d’activités terroristes ou le blanchiment d’argent de la drogue.

Versus ces personnes, certains produits et services peuvent comporter aussi un risque accru de blanchiment d’argent. Car ils offrent l’occasion de transférer des fonds hors frontières ou de déguiser le propriétaire réel des fonds concernés.

Les personnes, mentionnées ci-dessus, utilisent très souvent des produits d’assurances dits à haut risque, comme les assurances vie universelles et les rentes, les polices au nom d’une société de portefeuille privée, les polices administrées par un agent ou un intermédiaire ou contractées dans le but apparent de dissimuler le propriétaire réel ou le véritable détenteur de l’intérêt bénéficiaire.

Les blanchisseurs d’argent recourent généralement à des professionnels pour acheminer ou dissimuler les fonds issus de la criminalité. De ce fait, on peut considérer certains professionnels comme étant des vecteurs potentiels de blanchiment d’argent. Car ils agissent au nom et en lieu de leurs propres clients, particuliers ou entreprises, et peuvent donc masquer le propriétaire réel du compte bancaire. C’est possiblement le cas des :

  • Avocats et Bureaux d’avocats,
  • Notaires,
  • Comptables,
  • Agents immobiliers

À cette première catégorie de vecteurs de blanchiment d’argent, viennent s’ajouter les personnes politiquement exposées. Ce sont celles qui exercent ou on exercé des mandats publics. La position et l’inluence de ces personnes les rendent plus susceptibles de corruption, pots de vins et autres, et d’exposition aux produits de la criminalité. Dans cette catégorie de personnes, on peut citer:

  • Les hauts fonctionnaires d’État,
  • Les officiers militaires, les officiers de la police, les officiers de la garde et de la gendarmerie nationales,
  • Les juges,
  • Les politiciens et représentants de partis politiques,
  • Les personnes en vue, comme les chefs de syndicats ou les dirigeants d’organisations qui influencent les décisions politiques,
  • En fin, les familles et les proches connaissances de toutes les personnes ci-dessus.

 

Dans le cas des personnes politiquement exposées, il est difficile de connaître l’origine et la nautre de leurs biens. Elles sont particlièrement pernitieuses, bien organisées et avides de sous et de pouvoir.

Quelles structures organisationnelles sont mises en place pour effectuer les activités de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme ?

Les persoones versées dans le crime organisé et le terrorisme utilisent généralement des structures de propriété complexes pour cacher l’identité du propriétaire bénéficiaire des fonds. Les fiducies, les clubs d’investissement et les sociétés de portefeuille sont des exemples de telles structures.

Voyons de plus près les entreprises pouvant être des structures de blanchiment d’argent, de collecte de fonds et de financement du terrorisme.

Souvent, ces entreprises peuvent être :

  1. Des entreprises de services financiers: certains prestataires de services finaciers sont assujettis à un niveau de réglementation inférieur ou flou. La moindre rigueur de cette réglementation peut fournir une occasion en or aux blanchisseurs d’argent et aux financiers du terrorisme. Parmi ces entreprises, on peut compter:

    o  Les services finaciers de catégorie MSB (Money Service Businesses),
    o  Les bureaux cambistes,
    o  Les établissements d’encaisse des chèques,
    o  Les services de transmission d’argent,
    o  Et toute entreprise qui émet, vend ou échange des chèques de voyage et de mandats ;
    o  Les autres établissements de dépôts, notamment les banques et les coopératives de crédit étrangères ;
    o  Les exploitants de guichets automatiques sans nom précis.

  2. Des entreprises aux flux de trésorie importants : des sociétés de commerce de détail administrant très souvent beaucoup de cash. Il s’agit généralement de :
    o  Des sociétés émettrices de cartes d’appel,
    o  Les boîtes de nuits,
    o  Les magasins d’alcools,
    o  Les établissements de jeu (casinos et autres).
  3. Des établissements de ventes d’objets de valeur : les entreprises qui achètent et vendent des articles de valeurs intéressent très souvent les blanchisseurs d’argent et les financiers du terrorisme qui désirent effectuer l’étape de l’empilement du processus de blanchiment d’argent, par conversion des produits de la criminalité en biens de grande valeur. Il s’agit essentiellement des entreprises de type :
    o  Les concessionnaires d’automobiles,
    o  Les bijoutiers,
    o  Les antiquaires.
  4. Des organismes sans but lucratif (OSBL): certains organismes sans but lucratif sont créés ou sournoisement exploités dans le but de financer le terrorisme par des dons. Pami ces OSBL on peut citer:
    o  Les œuvres de bienfaisance,
    o  Les fondations,
    o  Les organisations religieuses ;
  5. Des sociétés Import-Export : les sociétés import-export et les entreprises qui exécutent un grand nombre de transactions de financement commercial sont d’excellents vecteurs de blanchissement d’argent ; car elles peuvent servir à transférer de l’argent de part et d’autre de la frontière.

Vu la diversité et la position des personnes pouvant être impliquées dans les activités criminelles de vente de drogue et de financement du terrorisme, on peut se poser la question de savoir comment sortir de la situation actuelle sans compromettre la démocratie naissante ?

Ecrit par Sidi Mohamed Ould Hartane via moham


 

 

Info source : Sidi Mohamed

Interview : Madame Nebghouha Mint Mohamed Vall, Ministre de l’Education Nationale

« Un pays, dont le système éducatif n’est pas performant, ne peut jamais être un pays performant »  
Interview : Madame Nebghouha Mint Mohamed Vall, Ministre de l’Education Nationale dans article Nebghouha2007-08-27_01

Pour de nombreux mauritanien, la Ministre de l’Education Nationale est la Dame de fer du Gouvernement de Zeine Ould Zeidane. Elle ne laisse personne indifférent. Ses détracteurs et ses soutiens ne se comptent pas. C’est cela aussi la vie d’un ministre. Mais même si l’on n’est pas d’accord avec elle, on ne peut que lui reconnaître un certain courage et une réelle volonté de changer les choses.

Parlez-nous, Madame la Ministre de l’Education Nationale de votre parcours scolaire ?

J’ai fait une maîtrise d’économie à l’Université de Nouakchott. Dès l’obtention de ma maîtrise, j’ai été engagée au Ministère de l’Economie et de l’Emploi. C’était le nom ancien. Au cours de ma carrière au niveau de ce ministère, j’ai fait une formation pour obtenir un DSS en évaluation et suivi de projet. Après cela, j’ai occupé pour presque deux ans le poste d’attaché auprès du conseiller du Premier Ministre chargé des questions économiques. Et puis le retour au ministère des Affaires économiques et Développement pour occuper le poste de directeur adjoint de la programmation et des études jusqu’en octobre 2000. Où j’ai été nommée directrice de la planification, de la coopération au ministère de l’Education Nationale. Poste que j’ai quitté début 2004, juste après les élections présidentielles du 7 novembre 2003. J’ai ouvert un bureau d’études, où malgré moi, je me suis spécialisée dans l’éducation alors que ce n’était pas mon objectif premier. Il se trouve que pendant mon passage au ministère de l’Education Nationale, c’était la période où on faisait le programme décennal. Donc qui était une réussite dans toute la sous région. Nous avons été sollicités dans plusieurs pays de la sous- région, pour présenter l’expérience de la Mauritanie en terme de préparation d’un processus de ce type. Nous avons mobilisé assez rapidement le financement alors que d’autres pays qui avaient fini le processus avant, nous n’avaient pas réussi à mobiliser le financement. Ce qui fait que j’avais une certaine toute petite réputation dans certains pays de la sous- région.

Donc j’ai commencé à travailler sur le secteur de l’éducation. J’ai travaillé beaucoup sur le Bénin, un peu sur le Burkina Faso. J’ai travaillé avec la Banque Mondiale au Soudan pour la mise en œuvre d’un programme sur la région du Darfour dans la perspective de l’après guerre. Et j’ai également travaillé pour la Coopération française sur un certain nombre de thématiques jusqu’à la date de ma nomination au poste de Ministre de l’Education Nationale.

Nombreux enseignants se plaignent de la méthode « Mint Mohamed Vall ». Celle d’organiser les compositions juste au retour des fêtes. Concrètement quel est le résultat recherché par le ministère de l’Education Nationale en instaurant les examens après les congés ?

Par rapport au fait qu’on ait instauré les examens après les vacances scolaires, cela, c’est en partant de la situation du niveau des élèves. Nous avons des niveaux catastrophiques. Au début de la rentrée, nous avons expliqué aux associations des parents d’élèves que les élèves doivent mettre à profit les vacances scolaires pour mieux réviser leurs leçons dans l’espoir de très bien assimiler les différentes leçons tout au long du trimestre. Une manière de se préparer très bien pour les évaluations trimestrielles. Si c’est une bonne méthode ou non, nous le saurons à la fin de l’année.

Quand nous aurons évalué tout cela par rapport aux années précédentes. Nous saurons, est-ce que c’est bon ? Si c’est bon ! Nous continuons évidemment. Et si ce n’est pas bon, il faudrait envisager d’autres solutions. Ce qu’il faudrait comprendre, c’est que le système éducatif ne doit pas être un système figé. Il doit être un système dynamique c’est-à-dire que chaque fois que nous prenons des mesures, il faut que nous prenions le temps de les évaluer et de continuer avec celles qui sont bonnes et de changer les autres. Je pense que ce que vous me parlez tout à l’heure, c’est que pour la première fois cette année, nous avons organisé un concours blanc.

Concours d’entrée en 1ère année AS donc pour les enfants de la dernière année du primaire. Nous avons organisé un BEPC blanc. Et nous allons organiser la semaine prochaine un bac blanc. Mais tout se fera selon les règles de l’art. Cela est une nouveauté pour beaucoup de familles. Pourquoi, nous avons cela ? C’est pourvoir évaluer le niveau des élèves, qui sont en phase terminale d’un cycle et de pouvoir apporter pendant le dernier trimestre les correctifs nécessaires nous permettant de définir les zones où il y a des très faibles taux de réussite.

Par conséquent, nous devons renforcer l’apprentissage des élèves par des cours de rattrapages pour que nous ne trouvions pas à la fin de l’année lors des examens nationaux avec des résultats catastrophiques. C’est ça, l’objectif qui est recherché. Malheureusement, la plupart de nos méthodes ne sont pas bien comprises. Pourquoi ? Parce que nous demandons aux enseignants en peu plus. Nous leur demandons beaucoup plus que ce qu’ils avaient l’habitude faire les dernières années. Les plus anciens, parmi eux, avaient l’habitude de faire cela.

Nous demandons également aux élèves ce qu’ils n’avaient pas l’habitude de faire c’est-à-dire être présents tous les jours dans les classes et suivre convenablement les cours. Des habitudes qu’ils avaient perdues. Je pense qu’il faudrait un temps d’adaptation pour que tout le monde comprenne que tout cela est dans l’intérêt du système éducatif. Je pense que les gens comprennent de plus en plus pourquoi toutes ces choses sont faites. Les enseignants comprennent pourquoi nous exigeons d’eux trente heures de présence effective dans les classes. Alors qu’ils avaient l’habitude de faire au maximum dix-sept, dix huit voire vingt heures dans les classes.

Quant aux élèves, il leur faut un plus de temps pour qu’ils comprennent que maintenant ils terminent convenablement leur programme. Alors qu’avant la fin de l’année, ils n’avaient que la moitié de leur programme. Donc, ils avaient moins de choses à réviser pour les examens. Mais ceci va leur permettre d’être encore mieux l’année d’après, parce qu’ils auront fait tout le programme qui était prévu l’année d’avant. Cela demande un peu de temps, mais je crois que ça va venir (Eclats de rires).

Pourquoi avez-vous « refusé» de serrer la main du Président Mahmoud Abbas ?

Il ne faut pas dire que j’ai refusé. Non, je n’ai pas refusé. Comme vous savez, culturellement et traditionnellement en Mauritanie, les femmes arabo-berbères ne tendent pas la main aux hommes. Comme je considère qu’une femme qui travaille dans le gouvernement ne doit donner une image qui est fausse de l’image traditionnelle pour ne pas dire de l’image réelle de la femme mauritanienne, je me suis abstenue de tendre la main, donc je n’ai pas refusé. Il ne faut pas aller au-delà de ça.

Pour parler toujours de l’image, les Mauritaniens ont de vous l’image d’une femme très « dure ». Et ce ne sont pas les enseignants qui vont nous démentir. Etes-vous réellement une femme dure ?

Je ne vais pas répondre à cette question. Dire que je ne suis pas très dure ou je suis douce et très gentille. Peut-être, cela ne plaira certainement pas à d’autres. Je ne sais pas. Les gens le sauront, peut-être, en me côtoyant. Ils se feront eux-mêmes leur impression en me côtoyant. Et vous quelle est votre impression ?

Moi, Madame la Ministre ?! C’est par le truchement d’une consoeur journaliste américaine, que je me suis fait une idée de vous.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter à la tête de ce ministère problématique, qui est le ministère de l’Education Nationale ?

Pas à moi. Mais qu’est-ce qu’on peut souhaiter pour le secteur. Moi, je souhaite pour le secteur que les parents prennent conscience de l’importance des études de leurs enfants, surtout de la nécessité de faire des sacrifices en conséquence et de jouer pleinement le rôle qui est le leur. Parce que l’école ne garde l’enfant que très peu de temps. Le gros des apprentissages se fait en famille. Je souhaite que le personnel éducatif soit très consciencieux dans son travail et qu’il sache que l’avenir de ce pays repose sur leurs épaules et que tous les Mauritaniens, qu’ils ne soient ni parent ou ni enseignant, portent beaucoup d’intérêt au système éducatif.
Tout le monde doit respecter l’enseignant, c’est une personne formidable, auprès de laquelle on demande beaucoup de sacrifices. Il vit souvent dans des conditions très difficiles. De ce fait, c’est quelqu’un qui mérite notre égard et notre respect. J’espère que tout cela va amener le système éducatif de l’avant. Et que vous journalistes, vous fassiez beaucoup de sensibilisations. Il faudrait que les gens prennent conscience qu’un pays, dont le système éducatif n’est pas performant, ne peut jamais être un pays performant. Les pays qui se sont développés sont des pays qui ont le système éducatif performant et de qualité. Il y va de l’avenir de la Mauritanie.

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