Retour des réfugiés négro-mauritaniens : Ce n’est pas la grande affluence
Malgré les promesses et les dispositions prises par les nouvelles autorités mauritaniennes pour faciliter un retour des réfugiés négro-mauritaniens chassés de leur pays en 1989, le nombre de réfugiés à avoir pris le chemin du retour reste encore très faible. ‘C’est un retour au compte-gouttes’, souligne Ibrahima Wone, réfugié et membre du comité pour le retour des réfugiés mauritaniens. Ainsi, depuis le début de rapatriement volontaire organisé par le Hcr et les autorités mauritaniennes, il y a quatre mois, à raison de deux vagues par semaine, moins du 1/5 des réfugiés sont repartis. ‘Seuls 4 138 sont rentrés en Mauritanie, sur plus de 20 000 réfugiés recensés par le Haut commissariat pour les réfugiés (Hcr)’, a déclaré M. Wone, hier au cours d’une conférence de presse au siège de la Raddho.Mais si les réfugiés ne se bousculent pas pour rentrer chez eux, c’est d’abord, parce qu’il y a ceux qui sont définitivement intégrés dans la société sénégalaise et qui souhaitent rester définitivement dans leur pays d’accueil. Il y a, en plus, ceux qui préfèrent attendre et d’autres qui trouvent que toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour un retour en Mauritanie. D’ailleurs, souligne Ibrahima Wone, parmi ceux qui ont décidé de renter, certains n’ont pas recouvré leurs terres et d’autres n’ont pas encore reçu leurs pièces d’Etat civil, conformément à l’accord tripartite. En effet, selon l’article 16 de cet accord, ceux qui sont rentrés devraient recevoir leurs documents d’Etat civil dans les trois mois. Car, au-delà de ce délai, les réfugiés ne sont plus pris en charge par le Hcr.
Cependant, si la plupart ne se sont pas encore décidés à quitter le Sénégal, c’est parce que, contrairement à beaucoup de pays africains, leur pays d’accueil montre une très grande tolérance vis-à-vis des réfugiés. En effet, il n’existe pas de camps de réfugiés au Sénégal. Ce qui permet à ces derniers de se déplacer facilement dans tout le pays. En plus, le Sénégal applique le principe du non refoulement.
C. G. DIENE
L’équation qui empoisonne l’économie mauritanienne
R, comme Revenu, C, comme consommation, E , comme épargne. Simple comme bonjour. Le Revenu (R) est égal à la consommation (C) plus (+) l’épargne (E).
Un Revenu s’utilise soit en Epargne, soit en Consommation. La proportion de revenu utilisée en consommation, ne peut plus être épargnée. Lapalissade ? Non. Drame quotidien du ménage mauritanien.
La question est de savoir quel impact a, aujourd’hui, le revenu sur le niveau de vie du ménage. En somme, y a–t-il une politique mauritanienne du revenu ? Comment fait-on en Mauritanie pour allier la production, la productivité et le revenu. L’absence de politique du revenu ne serait-elle pas à l’origine de la crise socio-économique des ménages et de celle que vit toute la population ? L’Etat n’est-il pas le premier fautif dans l’appauvrissement actuel des ménages, et la déliquescence matérielle des populations.
La consommation des ménages : du matériel vers l’immatériel.
Le revenu des ménages en Mauritanie est entièrement consacré à la consommation. Hélas, depuis quelques années cette consommation a pris un contenu critique pour la survie du ménage et a consacré son endettement définitif.
En effet, si l’on examine les composantes de la consommation du revenu dans les années soixante-dix et au début des années quatre-vingts l’on s’aperçoit que ces composantes étaient alimentaires à plus de 70%, le reste se répartissait en dépenses d’habillement et de santé principalement.
Dans tous les cas, la part de consommation s’orientait vers les besoins du ménage au sens stricto sensu. Le ménage gérait son revenu pour des dépenses de survie ? Pas pour des dépenses artificielles. Dépenses qui si parfois elles l’étaient se réduisaient souvent à l’habit de qualité que réclamait pour les fêtes les enfants à l’image de leurs voisins.
Le revenu du ménage s’orientait entièrement en biens physiques dont l’image est claire chez tous : « le sac de riz, la provision de thé et de sucre…et la facture mensuelle du boutiquier du coin qu’il fallait rembourser pour que le père de famille puisse traverser la rue en toute quiétude »
(Voir: les variations de l’indice des prix et le prix moyens de produits essentiels à Nouakchott entre le mois de mars 2007 et le mois de mars 2008 tel que présentés par l’Office national de la statistique mauritanien)
C’était cela les composantes principales de la grille de consommation du ménage qui s’aménageait parfois des dépenses de fêtes (souvent des crédits contractés) qui aggravaient les revenu en fin de mois et bien entendu les charges domestiques (eau et électricité s’il y a lieu) . Ces dernières d’ailleurs étaient rejetées en fin de liste de consommation vue que ces services s’acquéraient souvent par une fraude généralisée sur les branchements électriques et hydrauliques. Une tolérance qui constituait curieusement une dépense de transfert de l’Etat vers les ménages. Appelons-la la fraude tolérée.
En définitive la consommation du ménage était donc entièrement quasi-matérielle. Riz, pâtes, sucre, pain, thé, habits, chaussures, loyers, eau, électricité, et santé.
Cette grille maintenait une gestion du revenu orientée vers les besoins des ménages. Une saine option de consommation qui focalisait sur la cellule ménagère. Toute dépense autre que celle prévue dans la grille précitée était un luxe et qui était bannie. Les membres du ménage trouvaient le pain, l’habit et quelques soins. Et voilà que le pire arriva : le besoin immatériel fit son apparition.
L’affection « saine » d’un revenu, désormais confisqué.
Jusque dans les années 2000 donc , l’affectation du revenu était « saine » car orientée totalement et exclusivement vers les besoins du ménage.
Voici comment se présentait la répartition d’un revenu de ménage-type : Alimentation : 70 %, Habillement : 15 %, Transport : 10 % Santé et autre : 5 %
Ces pourcentages restent assez stables avec de faibles variations quelles que soient la catégorie, la nature ou la période. En effet l’affectation des revenus en Mauritanie est fonction des catégories (faibles et moyens revenus notamment) de la nature du revenu (salarial fixe mensuel ou revenu variable et saisonnier) ou d’événements structurels (fêtes et manifestations) qui accaparent périodiquement une part importante du revenu (habits, moutons de fêtes diverses etc).
Dans tous les cas jusqu’à récemment le revenu du ménage avait donc deux caractéristiques : il était affecté à l’acquisition de biens physiques essentiellement, et cette affectation était totale. D’où l’absence de toute épargne de la part du ménage.
Consommation = alimentation + habillement+ transport +autres ( faible pourcentage : santé, scolarité)
R (100%) = consommation (100%) + Epargne (0%)
L’équation R= C+E , se réduisait, en fait, à R= C où le Revenu est entièrement résorbé par la consommation.
Durant la période précitée, l’épargne faible ou inexistante laissait la place à la consommation. Ce qui est négatif.
Le point positif, par contre, était que le ménage consacrait son revenu à ses besoins vitaux.
Le ménage s’endettait, il vivait souvent sur un revenu instable mais il avait la caractéristique d’affecter ses moyens à ses besoins réels. Il réalisait une affectation optimale de ses ressources propres et s’ajustait saisonnièrement à travers les emprunts au long cours (le boutiquier du coin) et la solidarité familiale.
La destruction du revenu des ménages
Au cours de ces dix dernières années deux facteurs on détruit cet équilibre instable. Le premier est celui inhérent à la cherté de la vie dont les fondements sont à chercher aussi bien dans l’absence de compétitivité, de production et de productivité de l’économie nationale que dans des facteurs inhérents à l’économie internationale ( flambée des prix des prix des céréales et de l’ énergie).
Le second facteur et non des moindres est dû paradoxalement à l’Etat lui-même. En effet, par l’introduction des fournisseurs télécoms étrangers, l’Etat a détruit le revenu du ménage. Cela peut semble curieux à première vue, mais c’est une réalité que même les statiques sur l’évolution du revenu des ménages se refusent à prendre en considération.
Depuis, en effet, l’introduction du premier opérateur GSM en Mauritanie la structure de la consommation du ménage a changé du tout au tout. La consommation téléphonique a pris une place très importante dans l’affectation du revenu.
Prenons un exemple. Avant 2000, un ménage qui avait pour tout revenu, 20 000 UM mensuels, les affectait ainsi : 14.000 en alimentation, 3000 en habillement, 2000 en transport et 1000 en santé et autres.
Avec l’intégration de la charge de communication téléphonique,25 % à 40 % du revenu ont été affectés à l’achat de cartes de recharges GSM. Soit 5000 à 8000 mensuellement. Cette proportion peut passer du double au triple en fonction du nombre de membres dans la famille et de sa structure (les enfants usant les revenus du ménage par les recharges) et durant les grands évènements (fêtes etc.).
Si donc on soustrait du revenu du ménage, la charge générée par le poste « communication », le ménage se voit privé du quart , ou quasiment du tiers de son revenu . Et dans certains cas cela dépasse ces proportions de façon dramatique. Certaines familles se privant de tout pour recharger leur GSM.
Les compagnies de GSM en Mauritanie ont en effet développé une politique agressive de consommation du téléphone portable à telle enseigne que non seulement le citoyen en est devenu dépendant (culture d’une parlotte stérile) , mais use son maigre revenu de façon dramatique (une indigence de fait)
Ces compagnies participent ainsi à saper l’économie mauritanienne, par la confiscation de l’épargne nationale qui leur est drainée à travers la consommation téléphoniques sous formes de bénéfices quelles engrangent sans contreparties réelles. Des milliards dont on prive le développement de l’économie nationale.
(J’ai consacré un article précédent à ce grave phénomène que j’avais intitulé : « GSM : le grand siphonnage de la Mauritanie. Les télécoms en Mauritanie ou comment on confisque le développement ». Consultable à cette adresse : http://haut-et-fort.blogspot.com/2007/08/gsm-le-grand-siphonnage-de-la.html )
Ainsi, relativement au ménage, il est passé d’un revenu, certes maigre, mais consacré aux besoins vitaux, à un revenu qui s’est encore rétréci puisque confisqué par le poste consommation des produits télécoms.
Dans cette situation, le ménage est obligé de faire un arbitrage entre ses dépenses vitales et les dépenses qui ne le sont pas naturellement mais qui le sont devenues socialement et culturellement (la parlotte en portable).
Ainsi cela se fera au détriment de l’alimentation, de l’habillement, du transport, de la santé , de la culture ou de l’éducation.
La sous-alimentation (rachitisme et anémies), l’habillement non renouvelé et non soigné (porteur de maladies et de frustrations pour les enfants notamment), le chômage (déplacements coûteux pour rechercher du travail ou simplement aller travailler ; expliquant des lieux de production et des administrations désertés), maladies non soignées (médicaments, médecins et cliniques hors budget), culture oubliée (livres et savoirs inabordables) et éducation médiocre (concédée à bas prix et par des institutions sans ressources).
Amputé donc du tiers de son revenu, le ménage se trouve confronté au dilemme de la survie. N’ayant ni les moyens de se maintenir face à une vie qui devient très chère et qui fait fondre son revenu et un avenir obscur car il n ya pas d’avenir sans épargne, le ménage est dans une situation alarmante qui explique d’ailleurs le profond malaise qui touche l’économie mauritanienne.
Tous les moyens qui devaient être consacrés à ces dépenses du ménage se retrouvent dans une carte GSM payée au prix fort au profit de géants des télécoms qui exportent leurs bénéfices, laissant des ménages exsangues, et une économie à genoux, faute d’une épargne confisquée. Une épargne moteur de l’économie. Une épargne pour l’investissement public et privé.
En effet si l’on considère que la fonction Revenu de l’individu est la suivante :
Revenu = Consommation + Epargne
La fonction revenu national est la suivante :
Revenu= Consommation + Investissement
Or l’investissement ne peut se réaliser que deux manières :
- L’investissement public ( budget de l’Etat)
- l’investissement privé (budgets privés –entreprises , individus)
Relativement à l’investissement public , il se réalise au détriment du revenu des ménage et ne lui profite pas. Pour trois raisons :
- C’est un investissement qui se fait au détriment d’une politique de développement cohérente et même d’un modèle de développement apparent et suivi.
- C’est un investissement essentiellement réalisé sur des emprunts internationaux qui hypothèquent l’avenir du pays et accroissent chaque jour le taux d’endettement par tête d’habitant
- C’est un investissement sur ressources mal gérées sinon confisquées et dilapidées par une nomenklatura à laquelle on a consacré bien des écrits sur ce blog et ailleurs (voir « Roumouz el vessad » à cette adresse : http://haut-et-fort.blogspot.com/2007/12/roumouz-el-vessad.html )
Relativement à l’investissement privé, il se réalise lui aussi au détriment du revenu du ménage (le cas des télécoms précité en est illustratif) et cela pour trois raisons essentielles :
- C’est un investissement entièrement tourné vers un profit capitalistique réalisé par une oligarchie de commerçants et banquiers se souciant peu d’une formation quelconque de capital fixe au profit du pays.
- C’est un investissement qui ne bénéficie pas d’une épargne locale soutenue de la part des ménages. La pauvreté des dépôts d’épargne publique auprès du système bancaire en est le premier exemple. Sans dépôts en épargne tout investissement est pénalisé.
- C’est un investissement qui ne s’insère pas dans une stratégie globale de développement et de production dans un plan de développement public mies en œuvre par l’Etat et contrôlant la participation des capitaux privés à la réalisation des objectifs de développement nationaux (distribution de revenu, croissance du tissu commercial et industriel ; résorption du chômage, compétitivité des entreprises, productivité etc.)
L’investissement public est aussi improductif que l’investissement privé dans le développement national. D’ailleurs l’interpénétration entre leurs acteurs, à savoir entre l’Etat et les détenteurs de capitaux privés est un frein réel qui fut tant de fois dénoncé à travers la complaisance, l’utilisation abusive des marchés gré-à –gré, de l’octroi douteux des marchés publics etc. Et cela jusque dans la manipulation des taux d’intérêts bancaires et autres triturations insoupçonnées et insoupçonnables au profit d’un investissement que se partagent des groupes ; pas la nation.
L’aggravation de la situation des ménages : Un Etat sans politique des revenus
Si l’on examine le comportement des entreprises en Mauritanie (nationale et étrangères), qui a côté de l’Etat sont distributeurs de revenus , on remarque une véritable démission de l’Etat dans sa politique des revenus à leur égard.
Le travailleur mauritanien est entièrement laissé au bon vouloir et à la merci de ces entreprises. Les travailleurs licenciés abusivement, les entreprises qui font fi de toute réglementation sociale et du travail sans que les organismes de l’Etat en matière de travail et de sécurité sociale interviennent font partie de l’actualité quotidienne.
Le travailleur mauritanien semble quémander son revenu et est prêt à toute concession pour conserver son emploi face à une démission de l’Etat. Concessions qui vont de l’acceptation d’un salaire sans proportion avec ses qualifications, au gel de ses augmentations salariales légales, ou de son avancement professionnel.
Pour conserver son revenu, le ménage mauritanien est soumis à cette contrainte de l’absence de l’Etat pour défendre son niveau de vie.
En effet, aucune stratégie de l’Etat n’est définie dans sa politique des revenus à l’égard des entreprises, de lier le revenu à des paramètres objectifs. Notamment la productivité de l’entreprise. Le niveau de revenu se doit d’être indexé périodiquement sur la productivité de l’entreprise afin de redistribuer une part des bénéfices sur les travailleurs. En Mauritanie, l’Etat ne se préoccupant pas de cet aspect les entreprises engrangent une part du revenu qui doit revenir au salarié.
Cependant la politique des revenus peut aussi utiliser d’autres instruments tel que l’allègement de la taxation des dividendes distribués aux travailleurs actionnaires minoritaires ou encore la non imposition complète (ou le relèvement des intérêts perçus ) des comptes spéciaux d’épargne où une part du revenu pourrait être virée, par consensus avec l’employé, par l’employeur etc.
Sans politique de revenu dont pourrait profiter , à moyen et long terme, le ménage( par l’épargne qu’il constituerait) ) et le pays (par l’investissement) , la croissance économique est une vue de l’esprit. Le ménage étant un vecteur important de cette croissance, il est jusque-là ignoré des politiques publiques qui n’ y voient que des individus pas la cellule fondamentale de tout développement.
Si l’équation du revenu empoisonne l’économie mauritanienne, c’est justement parce que celui dont elle module le niveau de vie au plus haut point, à savoir le ménage, est aujourd’hui dans une situation économique critique à laquelle l’Etat n’apporte aucune solution. Car dans cette équation, l’Etat ne voit que l’un de ses termes: la Consommation (C) qui lui permet de justifier toutes ses dépenses et les crises de sa politique sociale.
Quant aux autres termes, le Revenu (R) et l’épargne (E), ils sont laissés au compte du ménage pour lequel tant le revenu que l’épargne se réduisent à la consommation (C). Et le serpent (économique) mord sa queue (sociale).
Pr ELY Mustapha.
Bilinguisme et langue officielle : La grande confusion
Lorsque l’on parle, de réforme de tout système éducatif, les yeux sont braqués sur la langue. C’est autant dire qu’ils ne peuvent la voir que si on la tire. Mieux encore on l’étale .
« Uniglottes« , « biglottes« , « polyglottes » se font un devoir de penser que sans la langue, il n y a pas de salut au palais de la connaissance. Mais quelle langue, faut-il tourner sept fois dans sa bouche avant d’en user ?
La langue est d’une importance capitale. Elle est le vecteur de la connaissance et du savoir. Le débat actuel autour de la langue est biaisé par le fait que si la réponse recherchée est bien claire, les questions par contre sont très mal posées.
Ainsi la question : « Pourquoi ne veut-on pas du bilinguisme en Mauritanie dans l’éducation nationale » est extrêmement mal posée.
Et sa réponse pour la redresser ne peut-être que : « toute personne douée de raison et de culture ne peut nier que le bilinguisme se doit d’être institué dans l’éducation en Mauritanie. » Il y va de la survie et du développment même du pays. L’enfermement linguistique est aussi fatal aux civilisations que le papier à mouche, aux mouches.
L’Ecole mauritanienne se doit de former les générations mauritaniennes dans toutes les langues. Les langues sont les clefs fondamentales du renforcement et de la compréhension entre les peuples et les nations .
Que le législateur impose d’enseigner dans nos écoles, le français, l’anglais ou toute autre langue européenne ou asiatique est en soi une initiative à saisir au vol. Les seuls critères dans le choix prioritairement de l’enseignement de ces langues sont :
- Leur intérêt pour la coopération et le dialogue avec les autres pays et prioritairement avec-nos pays africains frères frontaliers ou lointains. Ainsi dans ce cas le français et l’anglais, d’abord, mais aussi l’espagnol et le portugais s’imposent d’eux-mêmes.
- L’apport pour le dialogue et la collaboration avec les autres nations du monde et surtout celles qui ont des relations historiques avec notre pays et auxquels lient des accords de coopération judiciaires, économiques et financiers. Le français et l’anglais s’imposent encore, à côté de langues de pays qui prennent une dimension exponentielle dans l’économie mondiale, telle que la Chine.
- L’apport pour la compréhension et la défense des intérêts du pays face aux institutions financières publiques, nationales et internationales (Système financier et monétaire international, institutons de Bretton Woods ). L’anglais est là une langue très importante.
- L’apport au rayonnement économique et culturel du pays, qui ne peut se faire qu’en passant d’abord par la langue et la culture des autres. On ne promeut pas sa culture en usant de sa propre langue. Dans cette optique, l’enseignement de toutes langues, notamment celles des Nations-Unies s’impose par elle-même.
En definitive oui, l’école Mauritanienne se doit d’être principalement bilingue. Accessoirement trilingue ou polylingue, les limites ne doivent être que l’intérêt que revêt l’enseignement ou l’apprentissage de telle ou telle langue pour le pays, tel que souligné dans les points précedents.
Toutefois, il ne faut pas confondre bilinguisme (ou polylinguisme) de la nation et le monolinguisme officiel de l’Etat.
- Le bilinguisme de la nation sauvegarde et développe les intérêts économiques, sociaux, culturels et internationaux spécifiés.
Le monologuisme officiel de l’Etat sauvegarde et protége la cohésion et la continuité des institutions administratives de l’Etat. En assurant, l’uniformité de la langue de travail, de la langue de communication et la compréhension de tous de l’action des autorités publiques.
Lorsque la constitution dispose que la langue officielle de l’Etat mauritanien est la langue arabe. Cela signifie que les actes publiques, les interventions publiques en sommes le vecteur de la communication de l’Etat avec ses citoyens est la langue arabe.
En effet, sans une langue officielle commune, c’est à la fois le dédoublement des actes, c’est l’incompréhension linguistique entre les acteurs publics . Celui-ci parlant le français ou l’anglais celui-là parlant l’arabe et personne ne peut emettre un acte matériel (documents administratifs et officiels) ou engager une communication compréhensible par l’autre
Et la bonne justice impose que tous les citoyens soient traités également à travers les actes officiels qui les concernent dans une transparence que la pluralité des actes, leur traduction si elle est engagée mettra certainement en cause
Aussi si pour arriver à l’unité du système administratif et d’information de l’Etat et pour désigner quelle sera la langue officielle de l’Etat mauritanien, ce sera incontestablement la langue arabe
N’est’il pas curieux, en effet, que sur les plateaux dans nos medias officiels, le journaliste pose des questions en français au négromauritanien (ou au maure qui ne comprend pas l’arabe) qui répond en français et au maure (ou au négromauritanien qui ne comprend pas le français) des questions en arabe et réponde en arabe .
Le premier ne comprenant pas ce que dit le second et inversement et l’auditeur ne comprendra que la moitié du débat et peut-être moins. Mettons cela à l’échelle de l’Etat et l’on pourra saisir l’ampleur de la catastrophe pour la Nation.
Avoir une langue commune de dialogue à l’echelle officiel est un impératif. Il y va de la compréhension et de la cohésion de tous, mais aussi de la bonne gouvernance.
Et quelle langue s’impose le mieux dans le contexte mauritanien ? Il ne fait pas de doute que c’est la langue arabe pour des considération multiples que l’on a développé dans un article précédent (voir mon article à cette adresse : Pour une Mauritanie plurilingue : esquisse d’une solution. haut-et-fort.blogspot.com/2007/09/pour-une-mauritanie-plurilingue.html )
Mais, si au vu des élèment évidents développés l’arabe doit jouer son rôle de langue officielle, la question fondamentale est : pourquoi remet-on en cause de cette langue comme langue officielle de l’Etat mauritanien?
Si l’on simplifie , l’on peut dire que les raisons à cela peuvent être ramenées au rattachement de cette langue , consciemment ou inconsciemment, à :
- un courant politique
- un courant extrémiste
- une volonté d’assimilation
- un mouvement rétrograde
1. Le rattachement de l’arabe à un courant politique
Lorsque l’on examine les argumentaires de ceux qui rejettent la langue arabe, on y retrouve une référence explicite aux mouvements militants ou panarabes pour lesquels l’arabe est la langue du pays tout entier. Les Nasséristes , les Baathistes , pour ne citer que ceux-là placent l’adoption de la langue arabe au centre de leur lutte.
Les dernières années qu’à vécues le pays , notamment celle d’une arabisation à outrance et forcénée souvent appuyée par ces mouvements panarabes ou par ceux de leurs girons, a imprimé à ceux-là même qui refusaient l’arabe, un argumentaire supplémentaire pour la rejeter. La violence avec laquelle cette langue a été introduite dans le système éducatif et les exclusions qu’elle a engendrées, n’ont pas été favorables à son acceptation.
Ceux qui ont mis en place ces réformes, l’ont fait loin de toutes considérations pour le pays et le respect des idéaux de la population. Ils ont mal servi la langue arabe sur une terre sur laquelle elle est, elle-même, un symbole de tolérance.
Ceux qui pronaient l’intolérance des « arabes » de Mauritanie et leur politique agressive dans la gestion de l’Etat ont trouvé un filon inépuisable qui leur a permis de s’inscrire en faux par rapport à cette politique, d’en faire un cheval de bataille par lequel souvent ils s’en sont servi pour émouvoir la communauté internationale.
Voici le premier tableau négatif. La stratégie d’enseignement de la langue arabe de ces dernières années a d’autant été rejetée qu’elle a encore ternie celles à venir.
2 . Le rattachement de cette langue à un courant extrémiste
Ce n’est pas l’air du temps qui démentira. Tous ceux qui ont commis des attentats extrémistes en Mauritanie sont des arabes. Les arabes et par assimilation, les « arabisants » sont donc dangereux. La langue arabe c’est la langue de l’extrémisme. C’est le 11 septembre de l’éducation.
Pourquoi apprendrions-nous à nos enfants une langue qui est celle des extrémistes. Ne serait-elle pas une langue qui développe en elle-même un syndrome d’intolérance et de violence ? Idées occidentales développées à la veille d’un certain attentat et qui inconsciemment peuplent le sommeil de ceux qui n’en sont pas encore reveillés.
Simplification hasardeuse des choses qui prend sa source dans une désinformation généralisée qui, malheureusement, est confortée par la réalité amère et violente de ces derniers jours.
Mais la langue arabe, n’a jamais été la langue de la violence . C’est une langue de paix et de tolérance. Et il n’est point ici utile de rapporter le flot infini des humanités de cette langue qui couvre des siècles et des siècles de ressources inépuisables. Ce serait une offense aux esprits de la civilisation universelle. Ce serait en effet, un irrespect manifeste vis-à-vis à cette langue et des civilisations millénaires qu’elle a engendrées que de s’échiner à montrer ses vertus et ses richesses.
3. Le rattachement à une volonté d’assimilation
Ce que craint toute culture c’est qu’elle ne soit assimilée par une autre plus importante ou plus puissante dans son rayonnement humain ou géographique. La disparition d’une culture est toujours un drame pour l’humanité. Ceux qui rejette la langue arabe comme langue officielle, craignent cette assimilation qui est interprétée dans le sens de l’affaiblissement de leur culture et en fin de compte à sa disparition face à une culture dominante véhiculée par la langue arabe. Cette attitude est-elle justifiée on pense bien que non. En effet, les langues nationales se devant d’être enseignées et développées ne perdront ainsi ni leur place ni leur importance dans l’espace culturel national.
Au contraire elle s’enrichireront mutuellement et rempliront le rôle qu’elle ont toujours joué : le dialogue. Et lorsque le dialogue existe, il n’ y a point d’assimilation mais enrichissement par les différences. Toute l’histoire de la sous-région a montré que les langues et les cultures ont toujours coexisté. Et cette affirmation d’assimilation n’a pris son essor que face à l’instrumentation de la langue arabe par des régimes et des groupes politiques qui en porté moralement, physiquement et matériellement préjudice à la constituante négro-africaine mauritanienne ont accrédité cette liaison entre langue arabe et assimilation.
Or ni la langue arabe n’est véhiculatrice d’assimilation , ni les cultures des différentes communautés mauritaniennes n’en sont dans un situation d’assimilation les unes des autres mais depuis toujours dans un mouvement perpétuel d’enrichissement mutuel. En faisant disparaître la crainte générée par des pratiques politiques récentes, on réajustera l’attitude des uns et des autres face à la langue arabe.
4. La langue arabe engendrerait un mouvement rétrograde
S’il est une attitude des plus injustifiées et qui met dans le ridicule absolu ceux qui l’adoptent est celle de considérer que la langue arabe est une langue rétrograde. Une langue qui ne sied ni au développement ni à l’ouverture sur les sciences et le savoir modernes . Et par conséquent sont adoption dans le système éducatif ou en faire une langue officielle constituera un handicap au développement du pays et à son ouverture sur le monde. En somme la langue arabe est un frein au modernisme.
Le ridicule d’un tel raisonnement n’a d’équivalent que le dégré d’ignorance, de la langue arabe elle-même et de la civilisation arabe, dans lequel se trouvent ceux qui le tiennent
Tout cet espace ne suffirait pas à démontrer l’amplitude de cette erreur, mais une chose est certaine, la langue arabe est un vecteur certain de développement , de modernisme et il ne tient qu’à ceux qui l’utilisent de rejeter toute volonté de réduire son rayonnement national et international.
Et quelle meilleure illustration pourrions-nous trouver pour conclure que ces vers du poête Hafedh Ibrahim faisant « s’exprimer » la langue arabe sur les faiblesses qu’aujourd’hui , à tort, on lui porte :
رَجَـعْتُ لـنفسي فـاتَّهَمْتُ حَـصَاتي ** ونـاديتُ قَـوْمي فـاحْتَسَبْتُ حَـيَاتي
رَمَـوْني بـعُقْمٍ فـي الشَّبَابِ وليتني ** عَـقُمْتُ فـلم أَجْـزَعْ لـقَوْل عُدَاتي
وَلَـــــــدْتُ ولـمّا لـم أَجِـدْ لـعَرَائسي ** رِجَــالاً وَأَكْـفَـاءً وَأَدْت بَـنَـاتي
وَسِـعْتُ كِـتَابَ الله لَـفْظَاً وغَـايَةً ** وَمَـا ضِـقْتُ عَـنْ آيٍ بـهِ وَعِظِاتِ
فـكيفَ أَضِـيقُ اليومَ عَنْ وَصْفِ آلَةٍ ** وتـنـسيقِ أَسْـمَـاءٍ لـمُخْتَرَعَاتِ
أنـا الـبحرُ فـي أحشائِهِ الدرُّ كَامِنٌ** فَـهَلْ سَـأَلُوا الغَوَّاصَ عَن صَدَفَاتي
فـيا وَيْـحَكُمْ أَبْـلَى وَتَبْلَى مَحَاسِني ** وَمِـنْكُم وَإِنْ عَـزَّ الـدَّوَاءُ أُسَـاتي
فــلا تَـكِـلُوني لـلزَّمَانِ فـإنَّني ** أَخَــافُ عَـلَيْكُمْ أنْ تَـحِينَ وَفَـاتـــــــي
أَرَى لـرِجَالِ الـغَرْبِ عِـزَّاً وَمِـنْعَةً ** وَكَــمْ عَــزَّ أَقْـوَامٌ بـعِزِّ لُـغَـــــــاتِ
أَتَــوا أَهْـلَهُمْ بـالمُعْجزَاتِ تَـفَنُّنَاً ** فَـيَـا لَـيْـتَكُمْ تَـأْتُونَ بـالكَلِمَـــــــاتِ
أَيُـطْرِبُكُمْ مِـنْ جَـانِبِ الغَرْبِ نَاعِبٌ ** يُـنَادِي بـوَأْدِي فـي رَبـيعِ حَـيَاتي
وَلَـوْ تَـزْجُرُونَ الـطَّيْرَ يَوْمَاً عَلِمْتُمُ ** بـمَا تَـحْتَهُ مِـنْ عَـثْرَةٍ وَشَـتَـــــاتِ
سَـقَى اللهُ فـي بَطْنِ الجَزِيرَةِ أَعْظُمَاً ** يَـعِـزُّ عَـلَـيْهَا أَنْ تَـلِينَ قَـنَاتـــــي
حَـــــــفِظْنَ وَدَادِي فـي الـبلَى وَحَفِظْتُهُ ** لَـهُـنَّ بـقَـلْبٍ دَائِــمِ الـحَسَرَاتِ
وَفَاخَرْتُ أَهْلَ الغَرْبِ، وَالشَّرْقُ مُطْرِقٌ ** حَـيَـاءً بـتلكَ الأَعْـظُمِ الـنَّخِرَاتِ
أَرَى كُــلَّ يَـوْمٍ بـالجَرَائِدِ مَـزْلَقَاً ** مِــنَ الـقَبْرِ يُـدْنيني بـغَيْرِ أَنَــــــــــاةِ
وَأَسْـمَـــــعُ لـلكُتّابِ فـي مِصْرَ ضَجَّةً ** فَـأَعْـلَمُ أنَّ الـصَّـائِحِينَ نُـعَـاتـــــي
أَيَـهْجُرُني قَـوْمي عَـفَا اللهُ عَـنْهُمُ ** إِلَــى لُـغَـةٍ لـم تَـتَّصِلْ بـــــــــــرُوَاةِ
سَـرَتْ لُوثَةُ الإفْرَنْجِ فِيهَا كَمَا سَرَى** لُـعَابُ الأَفَـاعِي فـي مَـسِيلِ فُرَاتِ
فَـجَاءَتْ كَـثَوْبٍ ضَـمَّ سَبْعِينَ رُقْعَةً ** مُـشَـكَّـلَةَ الأَلْــوَانِ مُـخْـتَلِفَـــــــاتِ
إِلَـى مَـعْشَرِ الـكُتّابِ وَالجَمْعُ حَافِلٌ ** بَـسَطْتُ رَجَـائي بَـعْدَ بَسْطِ شَكَاتي
فـإمَّا حَـيَاةٌ تَـبْعَثُ المَيْتَ في البلَى ** وَتُـنْبتُ فـي تِـلْكَ الـرُّمُوسِ رُفَاتي
وَإِمَّــا مَـمَـاتٌ لا قِـيَامَة بَـعْدَهُ ** مَـمَاتٌ لَـعَمْرِي لَـمْ يُـقَسْ بمَمَاتِ
Sans une langue officielle, unificatrice et de dialogue, il n y a pas d’Etat. Sans le respect et l’enseignement de toutes les langues du pays, il n y a pas de nation.
Pr ELY Mustapha