Le Premier ministre dans une interview à RFI: »Nous allons nous attaquer aux vrais problèmes posés aux Mauritaniens »
Le Premier ministre, M. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a souligné que le futur gouvernement s’attaquera aux vrais problèmes posés par les Mauritaniens.
Il a ajouté dans une interview avec Radio France Internationale (RFI) mardi dernier et publiée par le journal Horizons dans sa livraison du jeudi, que les tâches immédiates auxquelles va s’atteler d’urgence le gouvernement sont la baisse des prix des denrées de base, l’accès à l’eau potable, la lutte contre la corruption…
Monsieur Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a promis, en outre, d’ouvrir de grands chantiers de travail auxquels tous les Mauritaniens, sans exclusive, vont participer.
Parlant des réserves affichées par une partie de la communauté internationale par rapport au mouvement rectificatif, le Premier ministre a rassuré en disant que sous peu de temps, tout le monde saura que « ce qui s’est passé en Mauritanie est salutaire « .
Voici le texte intégral de cette interview:
RFI : Quelles sont vos priorités ?
Moulaye Ould Mohamed Laghdaf : Les priorités sont les suivantes : d’abord la lutte contre la corruption, la lutte contre la pauvreté, l’assainissement de l’administration. Nous ne manquons pas de moyens au niveau national.
Au niveau international, nos frères arabes ont été toujours très généreux avec nous. L’aide au développement, malgré sa modestie, peut être mieux utilisée et plus rapidement. Donc, nous allons ouvrir de grands chantiers, pas des chantiers d’animation et de sensibilisation, mais des chantiers de travail et d’infrastructures. Nous allons nous attaquer aux vrais problèmes des Mauritaniens.
Je vous assure que les premiers résultats se feront sentir rapidement, dans les prochains mois, surtout au niveau de la sécurité alimentaire où les prix des produits alimentaires de première nécessité vont baisser. L’accès à l’eau potable va s’améliorer et le transport va s’améliorer.
RFI : Pourquoi devrait-on vous croire vous, plus que les autres qui ont déjà tenu un peu ce discours là ?
Moulaye Ould Mohamed Laghdaf : Je pense que les Mauritaniens me connaissent et savent que j’ai déjà montré suffisamment de preuves pour se rendre compte qu’on gouvernera autrement.
Cette politique se fera avec tous les Mauritaniens, sans aucune exclusion. Nous tendrons la main à tous et chercherons les compétences, là où elles se trouvent.
Donc pour moi, c’est un message d’espoir. Tous les Mauritaniens sont concernés à partir du moment où ils se rendent compte qu’il n’y a pas d’injustice, qu’il y a de l’équité, de l’égalité, et que chacun a son rôle dans ce pays. Ils comprendront que le changement du 6 août est salutaire.
RFI : Et en matière de politique étrangère ?
Moulaye Ould Mohamed Laghdaf : En ce qui concerne la communauté internationale, on va travailler. Ils se rendront compte, je pense d’ici quelques temps, et ce ne sera pas long, que ce qui s’est passé en Mauritanie, c’était salutaire. Le pays était à l’arrêt depuis quelques mois, pratiquement depuis quatre mois. Il y avait une guérilla entre le législatif et l’exécutif. Notre président a dit : « j’y suis, j’y reste ». Les gestions étaient bloquées, les garde-fous n’ont pas fonctionné. C’était ça ou le chaos. Je pense que personne ne veut le chaos pour la Mauritanie.
AMI
Courrier du Calame: Il faut sauver le soldat Ould Abdel Aziz.
Les faits sont les faits. Maintenant, il faut sauver le général Ould Abdel Aziz afin qu’il puisse préserver les acquis démocratiques. «Les hommes font leur propre histoire, ils ne la font pas arbitrairement, mais à partir de circonstances héritées du passé». Ce prologue au matérialisme historique de Karl Marx est la voie royale qui nous mène à la compréhension des évènements du 6 août 2008 ; rectification, dirai-je, coup d’Etat, pour d’autres.
En effet, c’est la transition, biaisée, de 2005-2007, qui portait les germes de sa propre destruction. Entre Sidioca – un choix regrettable – et les généraux, la lune de miel fut éphémère, même si la fronde vint du parlement.
Ce dualisme «antinomique» a été enfanté, échafaudé par des forces centrifuges égocentriques, donnant, de facto, au microcosme politique mauritanien, un visage des plus manichéen. D’un côté, les partisans de Sidioca, de l’autre ceux du général Mohamed Ould Abdel Aziz. Est-ce le signe précurseur d’une «real democracy»? On ne peut que l’espérer. Mais comment en est-on arrivé là ?
Un malheureux décret présidentiel, élaboré en catimini – quelle faiblesse pour un président élu! – a failli provoquer un grave conflit entre les différentes composantes des forces armées et de sécurité, avec de grands risques de guerre civile. L’histoire humaine nous apprend qu’un rien peut engendrer des situations immaîtrisables.
Souvenez-vous de la 1ère guerre mondiale (1914-1918) dont la cause, immédiate, fut l’assassinat du prince héritier austro-hongrois François Ferdinand à Sarajevo (Bosnie), par un étudiant serbe. En août 1914, l’Europe s’embrasse, ensuite le monde entier.
Notre petite Mauritanie n’est pas le nombril du monde mais ce qui s’est passé le 6 août 2008 devait, tôt ou tard, arriver. C’est-à-dire : le départ précipité de Sidioca, avant la fin de son mandat, par voie parlementaire ou non.
Point de triomphalisme. «Malheur aux vaincus», s’écria Brennus, posant son épée, pour faire pencher la balance, du côté de l’or que les romains, vaincus, devaient verser aux tribus gauloises.
Mon général, c’est au sommet de la gloire que le cœur délivre ce qu’on est réellement. C’est au moment où l’on constate que tout le monde se courbe à son passage qu’on doit méditer les paroles d’un autre général, cette fois-ci, sauveur de la France, en 1958: « le pouvoir, c’est de l’impuissance« .
La clepsydre se vide. Motions de soutien, exégèses à la télévision, apologies : elles n’engagent que ceux qui y croient ou font semblant d’y croire. La Mauritanie est au bord du gouffre, un océan de misère comme vous le dites souvent. La faim, la maladie, l’ignorance rivalisent avec l’immobilisme, la gabegie, le pessimisme le plus noir… partout, on constate la démission de l’Etat.
Plus de temps à perdre, nous avons, vraiment, besoin d’un changement, afin que le peuple puisse reprendre espoir. Savez-vous que la Mauritanie est le seul pays au monde – Somalie exceptée – où :
- un mécanicien peut réparer une voiture sur la voie publique bloquant ainsi la circulation ;
- des policiers sont corrompus ; pire : exigent de l’être ; au vu et au su de tous ; - des travailleurs étrangers ont plus de droit que les nationaux.Général, tout le monde sait que vous êtes au pouvoir «accidentellement», peut-être par nécessité, et ce déterminisme vous place dans une mission délicate, mais transcendante.
Il est donc temps de se pencher sur les chantiers cardinaux de la république à savoir :
- la bonne gouvernance, sans quoi rien ne peut marcher ;
- la justice, la santé, l’éducation ;
- l’unité nationale, l’égalité des chances, après que l’esclavage eût été, réellement, aboli ;
- le passif humanitaire : il faut le régler définitivement, sans passion, ni démarche vindicative, source d’intolérance et de stagnation. Il n’y a pas de «ligne rouge» dans la vie d’une nation qu’un président ne peut aborder.
Connaissant les victimes et certains de leurs proches, je suis prêt à m’investir afin de trouver une solution, un modus vivendi, sans esprit de vengeance ;
- le problème des militaires injustement « débarqués» après le 8 juin 2008, ceux victimes du «délit de parenté».
Mon général, vous êtes au-dessus de la mêlée et nous connaissons votre bonne moralité, votre caractère débonnaire, votre sens aigu du nationalisme : vous êtes le seul capable, aidé de vos collègues et du peuple mauritanien, de résoudre les tares, accumulées des décennies durant.
Enfin, on se rappellera que, depuis l’apparition de l’homme sur terre, trois grands démentis ont été infligés à la mégalomanie humaine, à savoir : l’héliocentrisme, l’évolutionnisme de Darwin et la psychanalyse de Freud.
Espérons que le quatrième – la juste perception de ce qu’on est et de ce qu’on a – démentira les pessimistes de chez nous, selon lesquels la Mauritanie n’avancera pas d’un iota, qu’elle est prédestinée à un éternel masochisme, alors qu’elle regorge de potentialités – pétrole, or, poisson, etc. – synonymes de bien-être, quant à eux, et, même, de banquets épicuriens.
Ely Ould Krombelé, ancien officier de l’armée.
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Coup de main sur un décret présidentiel de trop
Le mois d’août à Nouakchott, il fait moite. La chaleur dilate les métaux. Les nerfs aussi. La guerre psychologique, que se livraient Sidioca et ses généraux, a pris fin, de manière brutale, surprenant tout le microcosme politique mauritanien. Le bouillant général aurait-il les nerfs beaucoup plus solides que le sage Sidi?
On s’attendait au contraire, mais les temps ont changé.
Voyons les faits. Le 6 août, au petit matin, un communiqué, laconique, lu à la radio, élaboré, dit-on, en catimini, fait déborder le vase. «Débarquer» quatre officiers de haut rang, dépositaires de la sécurité du pays dont l’un, le général Abdel Aziz, contrôle ce que vous mangez, l’air que vous respirez, et aller prendre son petit déjeuner tranquillement, est, tout simplement, suicidaire.
Quel mauvais rôle d’acteur de série B! Sur ce, Sidioca fait, de son coup d’essai, son épitaphe. Pourquoi en est-on arrivé jusque là? Pouvait-on faire confiance à un président incapable de dialoguer avec ses proches, les convaincre? Peut-on miser sur un président qui n’a pas d’ascendant sur ses subordonnés de militaires, à tel point qu’il se cache pour agir? Quel chef, alors! J’en ai honte.
Quand serait-il, si Sidioca devait négocier, en cas de conflit, en face de généraux d’autres pays? Braderait-il notre souveraineté ? Le cas s’est présenté, en 1975, à Bechar (Algérie) et feu Moktar Ould Daddah, menacé, n’a pas changé, d’un iota, sa ligne de conduite.
La fonction présidentielle n’est pas un vain mot. Pour l’exercer, il faut être apte sur tous les plans : moral, psychologique, physique, mental, social et, même, avoir une libido objectale! Le CMJD avait parié sur un mauvais cheval, gageons que le HCE va rectifier le tir.
Ely Ould Krombelé
La politique du fait accompli. Nous y sommes, nous y restons.
Le meeting de soutien immense organisé, disons-le, par le Conseil d’État, est bien un message on ne peut plus clair, envoyé aux puissances occidentales et aux amis de l’ancien régime: nous y sommes, “nous y restons”, semblent dire les militaires.
Nous devons donc envisager sérieusement l’idée d’une transition plus ou moins longue vers un régime civil. Ni le général Aziz ni ses amis ne semblent vraiment pressés de quitter le pouvoir. Ils se sentent forts de l’appui des populations qui se bousculent dans les marches et meetings à travers le pays. Et ce ne sont pas les réticences encore timides de certains grands partis qui soutenaient l’action du général qui les empêcheront de dormir.
Il y a donc clairement une nouvelle donne. Comment sera-t-elle abordée? Le nouveau régime paraît penser que le temps jouera nécessairement pour lui. L’opposition extérieure et intérieure sera de toute façon (il le croit) bien amoindrie s’il met en branle les réformes nécessaires et regagne encore plus de confiance populaire. Les partisans de Sidi, pense-t-il, en seront pour leurs frais.
Le seul problème est que ce calcul est compris et rejeté par une opposition très forte, dopée par les condamnations extérieures, qui n’accordera aucun répit à un régime qu’elle rejette absolument.
À cela s’ajoutent les erreurs des nouveaux maîtres du pays qui croient pouvoir enterrer le régime de Sidi par le retour aux vieilles méthodes de gouvernement et aspirent à mener le pays en bateau vers …l’inconnu.
Et les Mauritaniens dans tout cela? Ils ne semblent pas préoccuper, outre mesure, les protagonistes de cet imbroglio politique.
Biladi
Mauritanie : Autopsie d’un coup d’Etat
mardi 19 août 2008.
L’article ci-après, comme son titre l’indique, est une autopsie du coup d’Etat intervenu en République islamique de Mauritanie, le 6 août 2008. L’auteur, Kuseblè K. Marc Somda, tout en condamnant le coup de force, invite les différents médiateurs à mettre du tact dans leurs interventions.
En renversant le président démocratiquement élu, les ex-généraux ont prétendu avoir agi pour sauver la démocratie et préserver la sécurité du pays. Ce faisant, ils tentent ainsi de remettre au goût du jour le concept éculé, désuet et fallacieux de « coup d’Etat légal », qui se caractérisait par la prétention des putschistes de respecter tout ou en partie les règles constitutionnelles ou de mieux défendre les droits du peuple.
Cet oxymore, aussi dangereux que provocateur de coup d’Etat légal, avait aussi été justifié, dans le temps, par des actions hardies et extraordinaires que les princes sont contraints d’exécuter contre le droit pour le bien public, et qui sont nécessairement légales dans une monarchie où la volonté royale doit non seulement commander selon les lois, mais encore aux lois mêmes si la nécessité le requiert.
Dans l’histoire, le concept de coup d’Etat légal avait été évoqué dans les années 1639, puis ultérieurement appliqué au coup d’Etat de Napoléon Bonaparte du 9-10 novembre 1799, devenu par la suite l’Empereur Napoléon 1er, caractérisé alors de « coup d’Etat légal du 18 brumaire An VII ». Le même coup d’Etat légal sera utilisé plus tard par son frère Louis Bonaparte qui devint Napoléon III le 2 décembre 1851. Mais ce dernier utilisera le terrain parlementaire pour pouvoir concilier l’emploi de la violence et le respect de la légalité, faisant dire plus tard à monsieur C. Malaparte dans son ouvrage « Technique de coup d’Etat », Grasset, Paris 1931 que « seul le Parlement peut, en effet, aider les conjurés à insérer le fait accompli dans l’ordre constitué par une greffe de la violence sur la légalité constitutionnelle ».
En ce début du deuxième millénaire, rien ne saurait encore justifier la prise du pouvoir par le recours à la force ou la menace d’y recourir. Le coup d’Etat se définit comme la prise de pouvoir par des moyens illégaux ou comme la tentative inconstitutionnelle ou illégale réussie ou non de conquête ou de reformulation du pouvoir politique, fondée sur l’usage ou la menace de la force. Ce qui s’est passé en Mauritanie n’est autre chose qu’un coup d’Etat opéré par des hommes pour se venger d’un président démocratiquement élu qui les a destitués. Reste maintenant la tentative de légitimation.
Les facteurs de succès d’un coup d’Etat
La réussite d’un coup d’Etat réside dans l’attentisme ou la caution implicite des forces armées ou des forces politiques. A cet égard, les ex-généraux semblent avoir le soutien de l’armée. Quant à la classe politique, au lieu d’être unie pour dire non à l’arrêt brutal d’une jeune démocratie jugée exemplaire en Afrique, elle s’est divisée, ce qui menace dangereusement la cohésion nationale, la stabilité et la paix du pays.
Mais faut-il s’en étonner dans cette Afrique où, pour certains hommes politiques, il n’y a pas de principes, ne parlons surtout pas d’idéologie ; il ne semble avoir que d’événements. Il n’y a pas de Constitution ou de lois qui vaillent d’être défendues envers et contre tout ; il n’y a que des circonstances au gré desquelles il faut agir selon le sens de ses intérêts égoïstes, la recherche de la meilleure planche alimentaire oblige. Le respect des intérêts du peuple, ce peuple qui les a investis d’un mandat ? On verra aux prochaines joutes électorales.
La réussite du coup d’Etat dépend aussi du silence des médias, du mutisme des intellectuels et de la passivité des populations. Toutes choses qui donnent le temps au temps, facteur fondamental de l’acceptation du fait accompli. Sur ce plan, les actions et appels enregistrés ça et là ressemblent à des cris dans le désert. Les généraux semblent décidés à n’entendre que leur raison.
La réussite d’un coup d’Etat repose enfin sur la reconnaissance du nouveau pouvoir par les gouvernements étrangers et les organisations internationales. Là, la communauté internationale, notamment l’Union africaine, a le dos au mur. Depuis la date fatidique du 6 août 2008, la diplomatie est certainement en marche. Mais l’entêtement des généraux à instaurer leur ordre, avec à la clé la nomination d’un Premier ministre, sonne comme un signe annonciateur de l’échec ou alors de l’impuissance de cette diplomatie. Mais, sachons espoir garder, car en matière d’actions diplomatiques, il faut aller lentement parce qu’on est pressé.
Autre temps autres mœurs
De la période des empires et de l’absolutisme à l’esprit de La Baule en passant par la déclaration universelle des droits de l’homme et l’histoire politique tumultueuse parfois tragique des Etats africains, il y a des alchimies et des trompe-l’œil que nos gouvernants ou ceux qui aspirent à nous gouverner devraient désormais s’interdire de servir au peuple. L’histoire n’est plus à réinventer. La démocratie, l’Etat de droit démocratique, le respect des droits humains ne sont plus l’affaire des seuls gouvernants ou de quelques supposés rédempteurs.
Ils transcendent les frontières nationales pour devenir des valeurs chères à toute la communauté internationale. Ils possèdent en eux-mêmes les principes et procédés légaux de règlement des conflits qui leur sont inhérents ou des déviations éventuelles. Dans la démocratie, le peuple choisit les dirigeants qu’il mérite. Il se trompe rarement. Alors, il ne faudrait pas que sous prétexte de sauver cette même démocratie, ou de servir ce même peuple, on desserve toute une nation en lui imposant d’autres sacrifices, l’instabilité, l’incertitude des lendemains, le retard dans son développement socio-économique et culturel. Il faut guérir les maux de la démocratie par plus de démocratie, dit-on.
Au nom du respect des valeurs républicaines et des droits de l’homme, le président démocratiquement élu doit être rétabli dans ses fonctions. Le système constitutionnel doit être rétabli. Respect des droits humains, car la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont nous fêtons en cette année 2008 le soixantième anniversaire, énonce en son article 23 que la volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes.
Respect des droits humains, car la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples dispose que tous les citoyens ont le droit de participer librement à la direction des affaires publiques de leur pays soit directement soit indirectement par l’intermédiaire de représentants librement choisis ce, conformément aux principes édictés par la loi (article 13). Respect des droits humains enfin, parce que ce sont les intérêts de tout un peuple qui sont aujourd’hui hypothéqués, menacés. En somme, ce coup d’Etat est un déni des droits humains du peuple mauritanien. Sans tomber dans un « droits-de-l’hommisme » débridé, les défenseurs des droits de l’homme de tous les pays devraient conjuguer leurs efforts pour obtenir le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Mauritanie.
Il faut y mettre du tact
Les intervenants, quel que soit leur statut, devront, cependant, formuler des propositions qui ménagent l’orgueil des usurpateurs et jouer avec leurs suiveurs ou ceux acquis à leur cause pour qu’ils ne se sentent pas ridicules ou exclus une fois la situation revenue à la normale. La grandeur d’un homme réside aussi dans sa capacité non seulement à assumer correctement ses responsabilités, mais aussi à reconnaître que l’on peut se tromper. Les ex-généraux doivent se ressaisir. Il faut éviter au peuple mauritanien l’épreuve des sanctions économiques qui se profilent ; il faut lui éviter les sacrifices d’une autre élection, dont personne n’ignore le coût et les péripéties. Mais au juste, quelles élections, dans quelles conditions et avec quels candidats ? On ne vote pas à reculons !
Kuseblè Somda K. Marc Juriste rivksomda@yahoo.fr
‘Obligé de manifester’, témoignage d’un fonctionnaire en Mauritanie
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Date : 19/08/2008 à 12:46:14
Par les temps qui courent, la situation politique à Nouakchott n’a rien à envier au IIIème Reich. Certes Mouhamed Ould Abdel Aziz n’est pas Adolph Hitler mais les méthodes administratives de la Gestapo sont entrain de se mettre en place. En effet je suis un fonctionnaire depuis 30 ans et même aux pires moments de l’époque de Taya, nous n’avions subit autant de pressions et de contraintes depuis 6 août 2008. La comparaison est un peu disproportionnée mais je suis encore sous le choc de ce qui c’est passé.
Il y’a quelque jours nous avons reçus l’ordre d’assister au Grand Meeting dit Patriotique pour soutenir la junte militaire au pouvoir. La présence de tous est obligatoire et entre dans le cadre de notre mission de service public. Jamais un discours pareil ne nous a été tenu depuis que je suis fonctionnaire.
Je suis très inquiet par la tournure que prennent les événements de mon pays. Ces méthodes rappellent de mauvais souvenirs au mauritaniens. Comment peut on croire une junte qui se dit venue rectifier certaines erreurs et qui met la pression sur les directeurs pour qu’ils obligent leurs employés à se présenter à une manifestation défaut de quoi ceux-ci seront tout simplement radiés ?
Personnellement je me suis jamais engagé en politique et je reste apolitique mais j’avoue que de pareils pressions poussent à la révolte.
Mauritanie: la junte se dote d’une « ordonnance » définissant ses pouvoirs
NOUAKCHOTT – Le Haut conseil d’Etat (junte) au pouvoir en Mauritanie depuis le coup d’Etat du 6 août contre le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi s’est doté d’une « ordonnance constitutionnelle » définissant ses « pouvoirs provisoires », annonce mardi un communiqué de la junte.
« Sans porter atteinte outre mesure que nécessaire aux dispositions de la Constitution du 20 juillet 1991, modifiée, la présente ordonnance constitutionnelle a pour objet de définir les pouvoirs provisoires du Haut Conseil d’Etat », précise le texte.
Le texte de dix articles donne au Haut conseil d’Etat (HCE) « les pouvoirs nécessaires à la réorganisation et à la conduite de l’Etat et des affaires publiques pendant la période nécessaire à l’organisation d’élections présidentielles » dans un délai « le plus court possible ».
Les pouvoirs du président de la République définis par la Constitution, « sont exercés, en la forme collégiale, par le Haut Conseil d’Etat », précise l’ordonnance.
Le chef de la junte a le pouvoir de désigner le Premier ministre désormais responsable devant lui et devant le HCE et de nommer aux emplois civils et militaires.
Une junte dirigée par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien commandant de la Garde présidentielle, a renversé le 6 août, sans effusion de sang, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président démocratiquement élu du pays, qui est actuellement en résidence surveillée.
Ce coup de force faisait suite au limogeage par le chef de l’Etat des chefs de l’armée. Il a été unanimement condamné par la communauté internationale, les Etats-Unis et la France ayant déjà suspendu leur aide non humanitaire.
La junte s’arroge par ailleurs le pouvoir de légiférer en cas de blocage du fonctionnement du Parlement.
« Lorsque pour des raison quelconques, le fonctionnement du Parlement est entravé, le Haut Conseil d’Etat édicte par ordonnance les mesures de force législative nécessaires à la garantie de la continuité des pouvoirs publics et à la garantie de la liberté et de la transparence des élections présidentielles prévues », stipule le texte.
Le communiqué de la junte a par ailleurs rendu hommage au « comportement hautement patriotique et responsable des cadres des forces armées et de sécurité qui ont failli être dressés les uns contre les autres ».
Il salue enfin « l’élan de soutien par lequel les partis politiques, les acteurs de la société civile, les organisations socio-professionnelles et les populations ont exprimé leur adhésion au mouvement de sauvegarde des institutions démocratiques engagé par les forces armées et de sécurité le 6 août 2008″.
Les adversaires et les partisans du coup d’Etat militaire ont mobilisé lundi à Nouakchott plusieurs milliers de personnes. Les manifestations se sont dispersées sans incident.
(©AFP / 12 août 2008 13h20)
Mauritanie : la junte face aux pressions
La communauté internationale fait bloc, le pays se divise
La libération, lundi, du premier ministre mauritanien ainsi que de trois de ses collègues intervient dans un contexte tendu pour la junte au pouvoir. La communauté internationale a condamné et sanctionné le régime militaire. Quant aux Mauritaniens, ils demeurent très partagés.
Le premier ministre mauritanien, Yahya Ould Ahmed Waghf, a été libéré ce lundi en fin d’après-midi par la junte militaire. Avec lui, trois autres otages ont recouvré la liberté : le ministre de l’Intérieur Mohamed Ould R’zeizim, le président du conseil économique Ahmed Ould Sidi Baba et le directeur national de l’Agence chargée du rapatriement des réfugiés Moussa Fall. Le porte-parole de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le chef d’Etat renversé le 6 août, a confirmé lundi la libération de ces quatre responsables. Mamadou Ba a saisi l’occasion pour qualifier leur prise d’otages de « séquestration arbitraire » et a précisé que l’ancien président était toujours assigné à résidence, sous étroite surveillance de la junte. Au sujet des ex-détenus, le général Ould Abdel Aziz, qui a pris la tête du Haut conseil d’Etat à la suite du putsch, avait déclaré dimanche : « Nous n’avons pas de sort particulier à leur réserver. Ils sont dans une situation de résidence surveillée, pour leur sécurité et la sécurité du pays ». Si les putschistes sont revenus à de meilleurs sentiments, c’est peut-être à cause de la pression croissante imposée par la communauté internationale.
La junte sous pression
Vendredi soir, l’Union Africaine a pris la décision de suspendre la Mauritanie tant que le pays ne retrouverait pas un système de gouvernement conforme à la Constitution. Dimanche, une rencontre diplomatique a eu lieu à Nouakchott, rassemblant les ambassadeurs français, allemand, espagnol et américain, le délégué de la Commission Européenne ainsi qu’un envoyé du Programme des Nations Unies pour le Développement. Dans une déclaration commune, ces représentants ont rejeté le projet de la junte d’organiser des élections présidentielles, un projet qu’ils jugent illégitime.
Au lendemain du coup d’Etat déjà, les Etats-Unis avaient gelé leur aide à la Mauritanie, exclusion faite de l’aide alimentaire et humanitaire. La libération des otages, lundi, est intervenue quelques heures après que la France, ex-puissance coloniale, a décidé de suspendre également une partie de ses projets d’aide publique au développement. Le président français a par ailleurs déclaré que « la France se tient prête à examiner avec ses partenaires de l’Union Européenne de nouvelles mesures de sanction ».
Le pays divisé
Si la communauté internationale fait bloc, les Mauritaniens sont, eux, partagés. Certains soutiennent la rébellion et d’autres demeurent fidèles à l’ancien président et à son entourage.
Peu après sa libération lundi, le premier ministre a d’ailleurs été acclamé lors d’un meeting organisé dans un stade par des milliers de sympathisants du régime. Yahya Ould Ahmed Waghf leur a transmis un message du président renversé qui les encourageait à poursuivre la lutte contre les putschistes afin de rétablir le pouvoir initial.
Dans le même temps, plusieurs milliers de Mauritaniens manifestaient dans un autre quartier de la capitale. Ces partisans du général Ould Abdel Aziz défilaient lors d’une marche de soutien au Haut conseil d’Etat. Partis du Nord de la ville, des centaines de véhicules encadrant un millier de marcheurs se sont arrêtés pour lire une motion de soutien aux militaires dissidents.
Dans les plus hautes sphères politiques également, les opinions sont partagées. Le président de l’Assemblée nationale a reçu les critiques de certains députés. Ceux-ci, favorables au putsch, n’ont pas apprécié que leur représentant condamne le renversement du pouvoir par la junte. Ils se sont désolidarisés de ses déclarations et ont affirmé qu’il ne parlait pas au nom de l’Assemblée, mais à titre personnel. « La majorité des membres [de l’Assemblée] a jugé que ce qui s’est passé le 6 août était le résultat des agissements de l’ex-chef de l’Etat », avaient-ils déclaré dimanche, à l’issue d’une réunion.
Mauritanie: représentants UE, USA et ONU refusent « une élection unilatérale »
NOUAKCHOTT – Des représentants de l’Union européenne, des Etats-Unis et des Nations unies en Mauritanie, reçus ensemble dimanche par le chef de la junte qui a renversé le président, ont refusé « l’organisation d’une élection unilatérale », a indiqué lundi une source diplomatique française.
Les ambassadeurs de France, d’Allemagne, d’Espagne, des Etats-Unis, le délégué de la Commission européenne et le représentant du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) à Nouakchott ont rencontré « ensemble » le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a précisé la source.
Les représentants ont exprimé leur rejet de « l’organisation d’une élection unilatérale qui, de ce fait, serait considérée illégitime », a-t-on ajouté de même source.
« Les six ont condamné fermement le coup de force et jugé inacceptable la destitution d’un président démocratiquement élu, demandé la libération du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et de son Premier ministre et le rétablissement de l’ordre constitutionnel », a ajouté cette source diplomatique.
Ils ont enfin « incité le général à nouer un dialogue avec la communauté internationale pour éviter à la Mauritanie de se voir isolée », selon la même source.
Le général Ould Abdel Aziz, dirigeant de la Garde présidentielle, a mené mercredi un coup d’Etat contre le président mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi (élu en mars 2007), après que ce dernier eut annoncé son limogeage.
Coup d’Etat en Mauritanie,le front du refus eleve la voix
Des partis politiques mauritaniens regroupés au sein d’un bloc dénommé Front National pour la Défense de la Démocratie(FNDD) sont décidés à aller jusqu’au bout pour barrer la route à la junte qui selon eux vient d’usurper le pouvoir en Mauritanie.
Ce regroupement de partis (APP, Tawassoul ,Ufp, etc.) organise contre vents et marées depuis la réalisation du putch des actions de protestations que les nouvelles autorités s’emploient systématiquement à interdire.
Ce vendredi après-midi à Nouakchott, le FNDD a organisé une conférence de presse qui avait les allures d’un véritable show politique. A cette occasion, il a exprimé son rejet total du coup d’Etat et la non reconnaissance du « pouvoir illégitime et illégal des putschistes », ainsi que son attachement à Sidi Ould Cheikh Abdellahi comme seul président légal élu démocratiquement.
Au début de cette conférence de presse le vice –président de l’APP M. Khalil O.Teyeb a souligné « la demande pressante formulée par le FNDD exigeant le retour immédiat, à ses fonctions, du président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, du fait de sa légitimité irréfutable, car il est élu par le peuple mauritanien de façon libre et transparente attestée par le monde entier ».
O. Teyeb ajoutera que « ce coup d’Etat est venu bafouer la volonté et le sentiment du peuple mauritanien ».
Le vice-président de l’APP a aussi demandé à ce que le président et ses codétenus soient libérés immédiatement.
Au cours de cette conférence de presse, le Front National pour la Défense de la Démocratie a mis en garde les militaire pour avoir, par leur action ouvert l’éventualité d’intervention étrangère, leur demandant de se retirer et de permettre au président Sidi de revenir dans sa position légal.
Pour sa part, le président du parti Tawassoul M. Jemil Mansour exprimé « son étonnement face au fait qu’un parti démocratique puisse soutenir ouvertement un coup d’Etat et que la justification avancée par les responsables du coup d’Etat soit la protection de la démocratie !»
Jemil soulignera qu’il « est impossible de protéger la démocratie par la force ».
Par ailleurs, la police est intervenue pour disperser à coup de matraques et de grenades lacrymogènes un grand attroupement de sympathisants du FNDD qui s’était formé devant le siège de l’APP.
Comme on le voit donc, la messe est loin encore d’être dite et les militaires putchistes ont du pain sur la planche.
Par : Bakari Guèye correspondant a Nouakchot