Victoire aux forceps
Le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz a remporté haut la main les élections présidentielles du 18 juillet 2009.
Les mauritaniens l’ont plébiscité et ce malgré des sondages qui prévoyaient un inévitable deuxième tour. Cette victoire du général même si elle est entachée de fraudes comme l’affirment l’opposition a été surtout le fruit d’un long travail du terrain que les partisans du général ont mené.
D’abord il y a l image du chevalier Blanc défenseur des pauvres et pourfendeurs des « MOUFSIDINES » cette image qui chez le citoyen lambda reflète une rupture avec le passé lui a rapporté bon nombre de voix dans la couche la plus défavorisée, jadis bastion de l’opposition.. Autre paramètre non moins important le pragmatisme du général. Durant son règne il a ouvert des chantiers et a créé des attentes et durant la campagne il a beaucoup promu c’est vrai mais il a été aussi concret sur certains points (don en nature ou en matériel)
Par ailleurs tous les coins du pays même les plus reculés ont été visité pour porter la bonne parole, et même en cas de réticence dans certaines contrées on hésite pas à recourir aux services de certaines personnes influentes de ladite contrée pour faire fléchir les positions (cas du chef de poste de douane du bac de Rosso, sollicité pour épauler le directoire de campagne du général à l’est).
Aujourd’hui Aziz jouit des prérogatives d’un chef d’état légitime, renforcé en cela par l’empressement du conseil constitutionnel à valider le scrutin malgré le recours de trois de candidats.
L’opposition qui depuis le 06 août se bat pour défendre les acquis démocratiques ne doit pas se ranger dans une logique d’affrontement surtout que le soutien de l’extérieur risque de lui faire défaut, et que sur le plan national les contingences d’une vie de plus en plus difficile ne sont pas de nature a pousser les populations à se dresser contre un pouvoir qui lui promet monts et merveille. Et pourtant aujourd’hui plus qu’hier elle se doit d’investir tous les leviers des institutions pour surveiller et peser de tout son poids sur toutes les décisions qui engagent l’avenir du pays, en un mot servir de garde fou face aux éventuels dérives du régime.
Hier putschiste le général n’avait de compte a rendre a personne aujourd’hui légitimé par les urnes le peuple est en droit de demander des comptes.
L’espoir est grand et le général est attendu de pied ferme par un peuple qui depuis presque une année vit au ralenti ; reste à savoir comment l’homme (le général) dont les pratiques sont plus militaires que politiques saura mener à bon port le pays sans faire des vagues.
N’oublions pas que souvent une fois élu nos présidents se laissent enfermer dans des tours d’ivoire et perdent tout contact avec la réalité et ne prêtent oreilles qu’aux courtisans et autres intrigants. Comme le disait Jean Baptiste Placca dans une de ces chroniques :
«Le problème, en Afrique, est que le chef de l’État est trop souvent encerclé de gens qui désirent le voir s’incruster. Non pas tant parce qu’ils l’aiment d’un amour inextinguible, mais parce que, la plupart du temps, ils lui doivent tout et se préoccupent de leur propre avenir. La position juteuse qu’ils pourraient perdre au bord de la mangeoire, si le président venait à se retirer, passe alors avant l’intérêt général. A force de concentrer les critiques sur le président, on en arrive à oublier tous ces courtisans et ces intrigants, nationaux comme étrangers, qui sont autrement plus dangereux pour la démocratie. les griots sont là, au réveil du chef, et ils sont encore là, tard le soir, pour éteindre les lumières, au moment où celui-ci s’endort. Mais puisque ces gens sont généralement d’une servilité sans borne, il suffirait que le président dise qu’il s’en ira pour les voir chanter, avec des arguments tout aussi convaincants, la grandeur et la lucidité de l’homme d’État. »
Une observation s’impose depuis la validation de son élection le ton du discours a changé ; en tout état de cause il est aujourd’hui le président de tous les mauritaniens et se doit de les fédérer dans un projet de société où chacun s’y reconnaîtrai