UFP : Souveraine gabegie
La présente note, intitulée « Souveraine gabegie », est relative à la gestion par le pouvoir des grandes Entreprises Publiques en particulier, et des finances publiques en général.
Elle rappelle tout d’abord la tendance du gouvernement d’Ould Abdoul Aziz à ne pas respecter la réglementation en matière de dépenses publiques. Tendance qui s’explique par « l’origine putschiste » du pouvoir actuel.
Quelques exemples : le sort réservé aux 50 millions de $ octroyés par l’Arabie Saoudite et dépensés sans avoir été soumis au parlement ; les 9 milliards engagés dans le cadre de la dernière opération d’urgence sans que soit préalablement pris le décret d’avance les programmant.
S’agissant de la gestion des Entreprises Publiques, le document révèle que trois d’entre elles (SOMELEC, SNDE, SOMAGAZ) croupissent sous une dette colossale des banques privées (55 milliards) consentie sous forme de découverts avec des intérêts de 25%, situation qui profiterait à « 4 ou 5 hommes d’affaires et banquiers mauritaniens qui se verraient offrir l’équivalant de 10 fois le budget alloué aux projets prioritaires de lutte contre la pauvreté et destiné à un million quatre cent mille (1 400 000) Mauritaniens vivant dans l’extrême pauvreté : le tout, en dormant sur leurs deux oreilles et sur le dos du contribuable ».
La note cite une étude réalisée sur financement de l’Agence Française de Développement, selon laquelle la situation de la SOMELEC serait catastrophique et donc révélatrice de cette politique démagogique, dans la mesure où la charge financière de cette société pour 2010 s’élève à « 15% du chiffre d’affaires, plus que la charge du personnel 12%, mettant la SOMELEC en situation de quasi-faillite ».
Le document précise en outre que le pouvoir, non seulement gère mal les Entreprises existantes, mais continue d’en créer de nouvelles « qui sont autant de gouffres financiers ». Il cite à ce propos la création de deux Entreprises nouvelles : Maurtanian Airlines et la Société de Transport Public, la STP, et se pose la question de savoir « à quoi rime cette obsession des autorités à créer des Sociétés Publiques ? ». Réponse : la volonté du pouvoir de régler des comptes avec des hommes privés à la fidélité politique douteuse ou encore plus « simplement de mettre la main sur toutes les ressources de l’Etat à travers des Entreprises Publiques aussi déficitaires et inopportunes qu’elles soient, mais qui sont autant de sangsues permettant de ponctionner les maigres ressources du trésor public ».
En conclusion, l’UFP suggère la création de Commissions parlementaire sous le haut patronage du Président du Sénat, du Président de l’Assemblée Nationale, du Premier Ministre et du leader principal de l’Opposition. Leurs missions:
Commission 1
- Etablir la situation exhaustive des engagements des entreprises publiques et clarifier les conditions d’attribution des marchés publics.
Commission 2
- Réaliser l’audit des comptes du trésor public et établir la situation d’exécution du budget de l’Etat en recettes et en dépenses sur les trois dernières années
Commission 3
- Etablir la situation exhaustive des engagements hors budget de l’Etat.
Introduction
Bien gérer les Entreprises Publiques est une condition nécessaire de la bonne santé de ces entités dont l’existence et la pérennité sont importantes pour la fourniture de biens et services aux citoyens, en particulier les plus démunis.
Au lieu de s’atteler à cette tâche, le pouvoir en place s’est évertué, par une gestion calamiteuse et irresponsable, à enfoncer les Entreprises Publiques les plus importantes au plan social (SOMELEC, SNDE, SOMAGAZ, ….) dans une situation financière catastrophique qui, si elle continuait, conduirait fatalement à leur faillite, privant ainsi le citoyen de services et produits de base essentiels.
Au lieu de sauvegarder la pérennité de ces Entreprises, de concevoir et mettre en œuvre des politiques pour la fourniture des services et produits de base aux citoyens à des conditions accessibles, le pouvoir s’est lancé tous azimuts dans la création de nouvelles entreprises, sans étude préalable et avec un grand tapage médiatique et démagogique vantant sa prétendue volonté de créer des entités au service des plus démunis. Et ce, au moment où l’on a purement et simplement abandonné la SONIMEX, laissant ainsi le champ libre à des monopoles privés de fait, régnant sans partage sur le marché de denrées de première nécessité avec les conséquences que l’on sait en matière de montée vertigineuse des prix.
Cette vaste entreprise s’accompagne d’une gestion princière des finances publiques depuis près de trois ans.
Dans ce qui suit, nous tenterons de lever le voile sur la partie visible de l’iceberg afin d’attirer l’attention sur le danger, que cela représente pour le pays et suggérer une démarche pour y mettre un terme.
I Gestion princière des Finances Publiques
On savait le pouvoir très peu enclin, en général, au respect de la légalité (peut-il en être autrement pour un régime issu d’un coup d’Etat ?). On pouvait deviner que ses origines et sa culture putschistes auraient des effets sur son respect des procédures de Dépenses Publiques. De nombreux indices montraient que la seule légalité qui valait pour le régime en place, était celle qui allait dans le sens des seules volontés de son Chef Suprême. Bref rappel de quelques exemples récents :
- Les 50 millions de $, offerts par l’Arabie Saoudite, et destinés au renforcement de notre système de sécurité, dont le sort n’a jamais été éclairci, et dont l’utilisation n’a jamais été soumise à l’examen du Parlement. N’empêche, le Président de la République a publiquement fait l’aveu d’en avoir dépensé une partie, ce qui constitue une très grave infraction économique passible de poursuites judiciaires.
- Le Décret d’Avance de la dernière opération de solidarité (9 milliards) a été signé deux mois après l’exécution du volet de cette opération relatif à la stabilisation des prix. C’est ce qu’on appelle mettre la charrue avant les bœufs. La vente des terrains des anciens Blocs Rouges, qui a été le prétexte au racket des deux plus importantes institutions économiques du pays (la BCM et, plus particulièrement, la SNIM) était, semble-t-il, destinée à couvrir une partie de l’opération, en attendant la bienveillance de la prochaine mission du FMI.
- Deux localités (Termesse et M’Beit Lahwach), fruits de l’imagination du chef de l’Etat, surgissent des sables, financées à coût de milliards, sur fonds publics, sans que les budgets relatifs à leur création aient été soumis à l’avis des élus du peuple.
- L’ultra concentration du pouvoir de décision financière entre les seules mains du chef de l’Etat permet à celui-ci de piétiner au quotidien, sans gêne, et la loi des finances et les procédures et règlements en vigueur. De ce fait, les finances du pays sont gérées comme un bien personnel.
Il était prévisible qu’une telle gestion mette l’économie du pays dans un état déplorable. Comme l’a confirmé l’équipe du FMI dans son rapport sanctionnant la Première Revue de l’Accord Triennal au titre de la Facilité Elargie de Crédit (séjour en Mauritanie du 15 au 26 septembre 2010) « fortement tributaire du secteur minier, qui, en 2010 représente 75% des exportations du pays, mais seulement 3% de l’emploi. Près d’un Mauritanien sur deux vit en deçà du seuil de pauvreté, et une partie importante de la population continue d’être aux prises avec l’insécurité alimentaire »
II Faillite des Entreprises Publiques et menaces sur le système financier et bancaire
On savait tout ce qui précède, ou on le pressentait. Ce que l’on ignorait, c’est qu’une catastrophe autrement plus sérieuse se préparait, dont les dimensions dépassent l’entendement du Mauritanien moyen. Un tsunami dont l’épicentre se situe au cœur des Entreprises Publiques les plus importantes.
La question est on ne peut plus sérieuse. Il ne s’agit ici ni des 90 milliards que l’Etat a empruntés allègrement sous forme de Bons du Trésor, ni des arriérés fournisseurs sur l’Etat qui avoisinent les 40 milliards d’ouguiya cumulés en seulement 3 ans (soit près du double des 22 milliards que le régime du colonel Taya avait accumulés en 20 ans). C’est beaucoup plus insidieux et juridiquement plus complexe : il s’agit de la dette des Entreprises Publiques auprès des banques privées locales et donc de la gestion de cette partie vitale du patrimoine de la collectivité.
Que l’on s’entende bien, il ne s’agit pas ici de remettre en cause la pertinence pour un Etat de disposer d’Entreprises Publiques, particulièrement dans des secteurs sociaux où l’obligation de résultat ne se mesure pas seulement à travers le solde du bilan comptable, mais aussi à travers(i) la qualité du service rendu aux populations et (ii) la santé économique de l’Entreprise confirmant sa viabilité et donc son aptitude future à remplir la mission qui est la sienne.
Il est aujourd’hui établi, que trois Entreprises Publiques totalisent à elles seules 55 milliards d’ouguiya de dettes (Somelec ; 35 milliards ; SNDE : 12 milliards ; Somagaz : 8 milliards) pour un taux de découvert moyen effectif de 25%, soit une charge bancaire annuelle de 13 milliards 750 millions d’ouguiya (ou l’équivalent de 2 fois le budget de la Santé, 2.5 fois celui du Développement Rural ou encore 7 fois celui des Affaires Sociales de l’Enfance et de la Famille).
Face à une telle situation, tout observateur doué d’un minimum de bon sens est en droit de se poser les questions suivantes :
Le remboursement de la dette des Entreprises Publiques est-il envisageable ?
Essayons d’être optimistes et prenons l’hypothèse d’un rééchelonnement, en faisant abstraction des inévitables nouveaux besoins en financement de ces Entreprises structurellement déficitaires. Il faudrait, dans cette hypothèse, verser aux banques un montant annuel de 19 milliards 368 millions d’ouguiya. En d’autres termes, 4 ou 5 hommes d’affaires et banquiers mauritaniens se verraient offrir l’équivalant de 10 fois le budget alloué aux projets prioritaires de lutte contre la pauvreté et destiné à un million quatre cent mille (1 400 000) Mauritaniens vivant dans l’extrême pauvreté ; le tout, en dormant sur leurs deux oreilles et sur le dos du contribuable.
L’Etat peut-il, dans de telles conditions, échapper à la faillite financière ?
Derrière la faillite des Entreprises Publiques concernées, c’est celle du système bancaire lui-même qui se profile. Le non-paiement de cette dette provoquera la faillite automatique du système bancaire et donc la perte des avoirs des déposants entraînant des banqueroutes en cascades, dans tous les secteurs économiques.
L’ossature de l’Etat fragilisé à l’extrême par la déstructuration de l’appareil administratif, ne pourra y résister, et aucune force n’aura le pouvoir de maintenir la cohésion d’un tissu social fragmenté, miné par l’injustice, l’ignorance et la misère.
Il est évident que la faillite prévisible et inéluctable des principales Entreprises Publiques, aura des conséquences désastreuses sur les finances de l’Etat et sur toute l’économie. En attendant, on devine aisément le calvaire moral des dirigeants de ces entités, du moins ceux d’entre eux dotés d’un minimum de conscience patriotique ou entrepreneuriale, face au spectacle de leurs Entreprises saignées à blanc par les banques.
Les décideurs politiques pensent-ils sérieusement pouvoir afficher, à perpétuité, « des réalisations » financées sur découvert bancaire ? Un tel comportement en dit long sur le phénomène «Président des pauvres ». On le sait bien, il ne dispose pas d’une baguette magique pour réaliser ce que ses prédécesseurs n’ont pu accomplir. Son seul « atout », pour multiplier les « réalisations », est qu’il est infiniment plus porté à prendre à la légère, des engagements sans se préoccuper de sa capacité à les respecter et encore moins de leurs éventuelles conséquences négatives sur le patrimoine de la Nation. Car obliger des Entreprises Publiques aux missions sociales fondamentales, à systématiquement financer leurs activités par des découverts bancaires, est techniquement absurde et ridicule, économiquement suicidaire et juridiquement passible de poursuite pour crime économique. Toute entrée de trésorerie est aussitôt engloutie par les intérêts sur les découverts présents. Et tout besoin nouveau de financement ne fera qu’alourdir davantage la charge financière dans un infernal engrenage dont le terme fatal sera sinon la mise en faillite, du moins une privatisation au rabais.
A-t-on eu à l’esprit ce réflexe premier, de tout planificateur responsable, qui consiste à hiérarchiser les priorités en faisant un bon arbitrage entre des secteurs sociaux tous prioritaires ?
Dans cet ordre d’idées, à quoi peuvent bien servir l’extension limitée d’un réseau électrique ou la construction de quelques kilomètres de routes goudronnées, quand l’une et l’autre sont réalisées au détriment des exigences élémentaires en matière d’Education, de Santé et de lutte Contre la Pauvreté ? C’est un peu comme si un chef de famille, non content d’arracher ses enfants à l’école, de les « mal-nourrir » et de sacrifier leur santé, s’endettait pour le seul plaisir de les exhiber dans des habits neufs, deux ou trois jours de fête par an.
Le rapport de l’étude sur la Restructuration du Secteur de l’Electricité en Mauritanie, réalisée cette année sur financement de l’Agence Française de Développent (AFD), affirme que la SOMELEC paie aux banques privées sous forme d’intérêt sur les découverts, des montants supérieurs à sa masse salariale ! Ainsi, la charge financière de la société de l’électricité a englouti en 2010 « 15% du chiffre d’affaires (plus que la charge du personnel 12% !), mettant la SOMELEC en situation de quasi-faillite »
Les perspectives à court et moyen terme sont encore plus sombres, dans la mesure où la SOMELEC, déjà structurellement déficitaire (la production d’un kw n’est couverte qu’à 25% par la vente), entend doubler sa production en 2012. Aussi, comment compte-t-on faire pour lui éviter la banqueroute financière qui se profile à l’horizon et qu’induit son modèle de fonctionnement ? Plus elle produit, plus elle perd, dans les proportions d’un facteur démultiplicateur. A un moment où le plan d’action élaboré pour un réel redressement de cette Entreprise et qui s’étale sur six ans (2009-2015), chiffre les besoins de financement à 244 millions d’Euros soient cent milliards d’Ouguiyas ! Croit-on réellement pouvoir relever ce défi en recourant aux découverts bancaires ?
La SOMAGAZ, quant à elle, n’est pas dans une meilleure situation. En sus du poids de la dette soulignée plus haut, elle est l’objet d’une gestion calamiteuse que symbolisent ses coûts d’importation deux fois supérieurs à ceux de nos voisins du Sénégal (1420 $ la tonne contre 600 $).
Son approvisionnement traverse lui aussi une période de grande incertitude, dans la mesure où son appel d’offre lancé cette semaine a été déclaré infructueux, faute d’un nombre suffisant d’offres (un seul soumissionnaire). La légitime question se pose alors de savoir à qui profite sa mort programmée, comme l’est celle de la SONIMEX, toutes deux piliers de toute politique d’approvisionnement au profit des populations les plus pauvres.
De manière plus générale, le secteur stratégique de l’énergie travers ces jours-ci, par la faute des tâtonnements du pouvoir, une zone de fortes turbulences, au point ou l’approvisionnement du pays dans les trois volets du secteur n’est plus sécurisé.
Ainsi :
- i) l’étude financée par l’Agence Française de Développement (l’AFD), censée constituer une feuille de route pour la SOMELEC, lui donnant une visibilité sur l’avenir, tarde à être validée par le Gouvernement.
- ii) l’appel d’offre pour le cabotage (transport de Nouadhibou à Nouakchott) du carburant, lancé cette semaine, a été lui aussi déclaré infructueux par manque de candidats intéressés. Exactement comme l’a été celui de l’approvisionnement du pays par la Somagaz. C’est comme si le manque de transparence du pouvoir, dans le domaine de l’attribution des marchés publics, fait fuir les fournisseurs étrangers.
Le plus affligeant dans tout cela, est que les pouvoirs publics ne semblent pas avoir conscience de la gravité de la situation. Á moins qu’il ne s’agisse d’une politique délibérée.
III Créations anarchiques de nouvelles Entreprises Publiques : nécessité sociale ou démagogie populiste ?
Incapable de gérer correctement les Entreprises Publiques existantes, le pouvoir ne cesse d’en créer de nouvelles, qui sont autant de gouffres financiers potentiels. Et ce, sans avoir tiré toutes les leçons des échecs passés.
A cette fin, la SNIM désormais perçue comme la poule aux œufs d’or du régime, est sans cesse sollicitée, au risque de mettre en péril sa santé financière encore fragile, obtenue au prix d’innombrables efforts et de sacrifices de son personnel. Quarante millions de $ ont ainsi été mobilisés par la société minière pour le projet d’une société aérienne (Mauritanian Airlines) dont aucune étude de rentabilité n’a pu déterminer la pertinence.
Trois avions dont deux au moins sont de véritables épaves, sont achetés dans le cadre d’un marché aux conditions on ne peut plus opaques, faisant jaser à propos d’énormes dessous de table. L’improvisation a fait le reste. La nouvelle Compagnie n’a jusqu’à présent pas obtenu son agrément (CTA) devant lui permettre d’effectuer ses premiers vols commerciaux. En attendant, les appareils si chèrement acquis, sont immobilisés sur le tarmac, générant des charges fixes d’au moins 30 millions d’Ouguiyas par mois, sans compter le manque à gagner induit par cette immobilisation.
Une certitude demeure : ce projet a déjà fait des dégâts collatéraux très graves. Dès l’annonce de la création de la nouvelle société, la compagnie Mauritanie Airways a mis la clef sous le paillasson, et des centaines d’employés ont été mis au chômage rejoignant dans la détresse ceux de la défunte Air Mauritanie, en plus des préjudices subis par la clientèle et les Agences de voyages mauritaniennes.
Pourquoi le pouvoir s’arrêterait-il en si bon chemin ? Une nouvelle société de transport urbain, STP a également vu le jour. « Sur instruction du Chef de l’Etat ». Et là aussi, en toute improvisation, sans étude préalable ni cahier des charges ! Il n’est pas alors étonnant qu’au bout de seulement quelques semaines, elle s’est mise à battre de l’aile.
Cette fois, ce sont les hommes d’affaires qui sont priés de mettre la main à la poche, à coups d’intimidations, de menaces et de chantages. Et pourtant la rentabilité de la dernière idée de notre « guide éclairé » est loin d’être établie.
En effet, la situation présentée par le directeur lors du dernier Conseil d’Administration, a fait ressortir que le prix autorisé d’un ticket de bus, ne couvre que 30% du coût du transport d’un passager. Avec en perspective, l’inéluctable détérioration de cette situation, au fur et à mesure que le matériel de transport vieillit et que les coûts d’entretien et de maintenance s’accroissent.
La dizaine d’hommes d’affaires qui ont accepté de contribuer à ce projet, à raison de 100 millions d’ouguiya chacun, l’ont fait pour s’acheter une paix avec le régime. Sous d’autres cieux, cela s’appelle extorsion de fonds ou racket, toutes pratiques dignes des seigneurs de la guerre, et réputées peu rassurantes pour le climat des affaires.
Les seuls bénéficiaires de cette dernière trouvaille se trouvent être de « nouveaux riches » de la «Mauritanie Nouvelle », connus pour leurs entrées au sommet de l’Etat. On leur aurait adjugé les juteux marchés de l’approvisionnement en carburant de la flotte de la STP, de son entretien et de sa maintenance. Car dans la précipitation qui a présidé au lancement de ses activités, on a oublié de doter cette société du minimum vital à savoir : un atelier mécanique, une cuve de stockage et une pompe à gasoil.
Devant de tels agissements, l’observateur ayant à cœur les intérêts de son pays ne peut que se demander à quoi rime cette obsession des autorités à créer des Sociétés Publiques. En toute improvisation, au risque de mettre en péril le bien collectif, au moment ou elles prônent à tout vent la lutte contre la gabegie. Est-ce pour régler un compte avec certains privés nationaux dont la fidélité politique est mise en doute ? Ou s’agit-il plus simplement de mettre la main sur toutes les ressources de l’Etat à travers des Etablissements publiques, si déficitaires et inopportuns soient-ils mais qui sont autant de sangsues, permettant de ponctionner par l’intermédiaire d’hommes de confiance, nommés complaisamment, les maigres ressources du trésor public ?
Il y a en tout cas des signes qui ne trompent pas, car révélateurs des usages des Républiques bananières et puisées dans la culture des mafias. Ils se déclinent en trois étapes :
(1) jeter les anathèmes sur les agents de l’administration afin de les culpabiliser;
(2) procéder à des nominations clientélistes ;
(3) multiplier les marchés de gré à gré et s’ouvrir ainsi des boulevards de malversation tout en jouant au moralisateur.
IV Que faire pour sauver l’économie et la stabilité ?
On le voit donc, cette politique de mise en faillite d’Entreprises Publiques et de création anarchique de nouvelles, rentre dans le cadre d’une vaste opération de souveraine gabegie tout en cherchant à duper les citoyens sur une prétendue prise en main de leurs besoins essentiels. Pour nous faire démordre de ce constat, il faudrait alors qu’on nous donne des réponses convaincantes aux questions suivantes :
Comment va-t-on rembourser des bus achetés aux Iraniens à crédit, à 30 millions d’ouguiya l’unité, alors que les conditions de départ de cette Entreprise font état d’une perte prévisible d’au moins 600 millions d’ouguiya par an ? Comment va-t-on assurer la pérennité d’une compagnie d’aviation dont les vieux appareils, achetés à coup de dizaines de millions de dollars, ne sont pas autorisés depuis des mois à voler sur les lignes internationales ?
Où sont passés les 8 milliards d’ouguiya avancés par la BCM à la SONIMEX ? La question est d’autant plus légitime que l’ancien directeur général M. Moulaye El Arbi, affirme, documents à l’appui, avoir laissé la contrepartie sous forme de stocks et de dépôts au Trésor ; des témoins attestent que ces stocks ont été bradés pour, semble t il, financer la campagne du Général candidat. Quoi qu’il en soit, il est intriguant que personne ne réponde aujourd’hui devant la justice de cet énorme gâchis, au moment où d’autres croupissent en prison pour beaucoup moins que cela.
Comment est-il possible que le Trésor public continue d’effectuer des règlements en dehors du circuit budgétaire, comme c’est le cas pour les 500 cents millions utilisés pour faire bâtir la localité de Termesse, montant dont la dépense a été autorisée par simple lettre ministérielle au Trésorier Général ?
Nous avons déjà connu par le passé une situation semblable, où un pouvoir, se croyant affranchi de tout compte à rendre à l’opinion, qu’elle soit nationale ou autre, s’était arrogé le pouvoir d’agir à sa guise, ne tenant compte ni des intérêts collectifs du moment ni de ceux des générations futures. Dans sa course folle, il avait entraîné le pays entier vers l’abîme, et gravement entamé sa crédibilité vis-à-vis de ses partenaires internationaux. Ce fut l’affaire des faux chiffres, révélée au cours de la première transition 2005-2007.
Malgré leurs multiples Missions de Revues, qui séjournaient dans le pays tous les trois mois, les bailleurs de fonds ont fait preuve d’une indulgence coupable en fermant les yeux sur des pratiques frauduleuses qui étaient pourtant un secret de polichinelle. Et la Mauritanie dut payer par la suite un tribut très lourd, sous forme de pénalités sur le Droit de Tirage pour les agissements de l’ancien pouvoir.
Nous avons, aujourd’hui, toutes les raisons de penser que l’Histoire est entrain de se répéter, en bégayant. Car nous ne voyons pas comment, avec les pratiques aventuristes que nous venons de décrire, le pouvoir actuel pourrait se sortir des lacets de ses propres pièges, autrement que par l’usage de faux et la manipulation des chiffres.
Cette inquiétude est d’autant plus légitime que le Rapport de la Mission du FMI, cité plus haut, reprend à son compte les chiffres très optimistes communiqués par les Pouvoirs Publics. Prenons donc acte, pour l’Histoire, de ce bel optimisme dont a fait encore preuve l’Equipe Mauritanie de cette Institution : -Inflation à un chiffre, 6% en 2010 – Dépréciation de l’Ouguiya de seulement 9% par rapport au $ en 2010 – Déficit budgétaire contenu à 3% du P.I.B hors pétrole en 2010 – Croissance du P.I.B de 5.6% pour 2011 – 2.7 mois de réserves pour les importations pour 2011
Nous devons savoir qu’il n’est plus permis que la vigilance soit à nouveau mise à défaut. Que le FMI ne nous dise pas demain : « nous ne savions pas », et vous devez payer pour les mauvais agissements de votre gouvernement.
Par delà nos différences, et en dépit de nos divergences politiques, il est une évidence : il est absolument impossible d’assurer la pérennité de notre pays dans les conditions de gouvernance que nous venons de décrire sommairement. Tous, ensemble, nous sommes obligés d’y faire face et avant tout disposer d’un état des lieux et le préalable indispensable à l’adoption de toute solution. Aussi réclamons-nous la constitution en urgence de Commissions Parlementaires (Majorité –Opposition) chargées des missions suivantes :
Commission 1
Etablir la situation exhaustive des engagements des Entreprises Publiques et clarifier les conditions d’attributions des marchés de l’Etat en cours d’exécution.
Commission 2
Réaliser l’audit des comptes du Trésor Public et établir la situation d’exécution du budget de l’Etat en recettes et en dépenses sur les 3 dernières années
Commission 3
Etablir la situation exhaustive des engagements hors budget de l’Etat
Afin de garantir la transparence et la neutralité politique de ces Commissions, la coordination de leurs travaux sera assurée par une cellule composée soit des présidents de tous les groupes parlementaires, soit:
- du Président du Sénat
- du Président de l’Assemblée Nationale
- du Premier Ministre
- du Leader de l’Opposition démocratique
Nouakchott, le 21 avril 2011
La Commission d’études
www.cridem.org
Source : UFP via Ahmedou Bedah
Peulh, Pulloh
Les Peuls (peul : Fulɓe, singulier Pullo; anglais : Fula ou Fulani) sont traditionnellement des pasteurs de la région sahélo-saharienne qui se répartissent dans une quinzaine de pays4, en Afrique de l’Ouest, mais également au Tchad, en République centrafricaine et au Soudan – une implantation géographique liée aux besoins des troupeaux de zébus et de chevaux, que la plupart élevaient à l’origine. D’abord nomades, beaucoup se sont sédentarisés. Ils sont majoritairement musulmans. Leur dispersion et mobilité ont favorisé les échanges et les métissages avec d’autres populations. Leur origine et celle de leur identité, pas uniquement liée à la langue peule (pular ou fulfulde) a longtemps fait débat.
Dénomination
Les natifs se nomment eux-mêmes « Pullo » (sing.) prononcez [poullo], pluriel « Fulɓe »5 [Foulbé]. Nom propre : un Peul, une Peule, des Peuls. Le mot « Pullo » viendrait du verbe « fullade » (éparpiller, disperser au souffle)6. D’après Lam, l’égyptien prr « sortir », aurait donné « Pullo », c’est-à-dire celui qui sort le lait de la vache, mais aussi, celui qui émigre7.
Les termes fula, fulbé, foulbé, fulani, foute sont des termes attribués par d’autres ethnies d’après les Peuls eux-mêmes. Fulla « errants » ( Pullo au singulier). On rencontre aussi d’autres graphies en français, telles que poular ou peulh-
L’ethnonyme apparaît parfois sous la forme de Foulhs, Phouls, Poules, Pouli, (pouli terme qui au fouta djalon islamisé désignait les peuls non converis à la religion islamique) Fouli, foullah, Poullôri – en angl. germ. arab. ful, fula, fulani. « Peul » est le terme le plus utilisé dans les textes contemporains en français. Dans le passé, on l’orthographiait plutôt « Peulh » mais cette forme subsiste parfois et l’on rencontre également « Peuhl ».
En allemand, Ful ou Fulen ; en anglais, Fulani ; en arabe, Fulani ; en wolof, pë’l 8.
« Peul » est la transcription française du mot wolof pë’l qui désigne ce peuple.
Les Fellans, Fellani, Fellahs, Fellatahs sont les Peuls du Soudan et de l’Égypte9.
Étymologie
En langue peule, la racine pul (« se réaliser » et non pas « être ») désignant la fonction – essentiellement la « transhumance du bétail » -10 11.
D’après Jean-Marie Mathieu : cit. » Le radical peul ful peut être rapproché de l’indo-européen fla qui a donné » flou » , » flan « …le latin follis désignait un » soufflet de forge « 12. D’après René Vallette, le radical prr (racine non vocalisée) signifie « blanc », « clair », à l’origine du mot Pullo.
La racine est attestée en indo-européen. On la retrouve ainsi, aussi bien à travers les Pel-esets Libye antique, que les Poulasti (un « peuple de la Mer ») qui deviendront les Philistins et donneront leur nom à la Palestine de même racine13, ou encore les Pel-asges Pelasges (pel-h|2-g + sto ), du nom Pélé-kos14, ou encore en Dorien ( autre branche de l’indo-européen ) Phulè » tribu » ; Phulai » Tribus »15 ; allophulos, allophuloi, allophulismos (allo + Phulè) » non-grecs « 16.
En pular, fud désigne à la fois la graine et l’origine de [fu] (du grec ancien fûo « faire naître ») et ancêtre éponyme des Peuls17.
Population[modifier]
Les Peuls, ainsi que les Wodaabes (Bororos), sont une ethnie de nomades et semi-nomades vivant en Mauritanie, au Sénégal, en Guinée, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad, au Soudan mais on les retrouve également au Nigeria, au Cameroun, au Togo.
Au Mali, les Peuls, principalement implantés dans la région de Mopti, constituent la deuxième ethnie après les Bambaras. Au Sénégal, les Haalpulaar (population peule et toucouleur) constituent le deuxième groupe ethnique après les Wolofs. La Mauritanie, le Mali, le Sénégal, le Niger et la Guinée sont des pays à forte population peule.
Les Peuls sont traditionnellement des nomades, essentiellement des éleveurs transhumants de vaches zébus et de chevaux (boucle du Niger).
Les ethnies assimilées qui parlent le peul sont appelées Haal Pulaaren. Ceci concerne, entre autres, les Toucouleurs, les Haoussa, les Soninkés, Mandingues, Wolofs.
Certains Peuls (branches séparées suite à des conflits) se sont mélangés à d’autres populations donnant ainsi naissance à de nombreuses ethnies : les Kourteï (Peuls-Sonrhaïs), les khassonkés (Peuls-Malinkés), les Ouassoulounkés (Peuls-Bambaras). Les Toucouleurs ( Tékrouri ), à l’origine une ethnie distincte, ayant par la suite fusionné avec les Serères et les Peuls.
Origines et Histoire
Les peuls sont un peuple de pasteurs de la région du sud du Sahara, qui ont été souvent rapprochés des Touaregs ou des Maures (p. 75-76 in Figures peules).
L’origine (ou les origines) des Peuls a donné naissance à une littérature abondante de qualité inégale, qu’il est difficile de résumer.De la fin du xixe siècle aux années soixante, on les trouve sous le nom de hamites (terme désignant des tribus du nord-est de langues caucasoïdes)18. Ce terme est aujourd’hui quelque peu abandonné, au profit de celui plus généraliste de berbères (Jean Jolly 2002: p. 14) ou lorsque l’origine est précisée, » pasteurs d’origine indo-européenne « 19. Néanmoins, on trouve aussi chez certains auteurs, une distinction entre Berbères et » Indo-européens » ayant pénétré en Afrique durant la Haute-Antiquité ; Peuples de la Mer, Hittites, Hyksôs (ces derniers étant un mélange d’indo-européens et d’asiatiques )20.D’après le Dr Lasnet (cité par Henri Lhote), ils auraient été connus des auteurs de l’Antiquité ( Pline et Ptolémée ) sous le nom de leuco-Éthiopiens, c’est-à-dire » Éthiopiens blancs « , thèse reprise par Henri Lhote21.Pour Eichtal et André Arcin, ils seraient les Phout, Fouth, Foud ou Foull de la Bible (Genèse 10-6 , 10-14) où ils sont rattachés aux peuples situés à l’Est de la Mésopotamie22.
» Le fond de la population égyptienne semble avoir été constitué par une race chamitique à laquelle appartenait aussi les Gallas et les Somalis, qui s’étaient fixés au sud-est de l’Égypte, et les Berbères de Libye » ( E. Drioton et J. Vandier p. 4 :Introduction )23
D’après leurs légendes orales, les Peuls sont originaires du Levant (terme dévolu à l’Orient). Ce mythe s’inscrit aussi bien dans les rites ( prières matinales au soleil rouge du levant, pour demander le retour à Yôyô, ville mythique située en Orient, les rites funéraires, que dans les mœurs ou la psychologie )24
Le problème des origines…
Les Peuls apparaissent encore sous d’autres appellations : éthiopiens25 ; méditerranéens ; chamites26….
Les Peuls peuple situé à la frontière du monde » blanc » et du monde » noir » seront vus par les Européens comme un peuple métis, ce qui posera un grand problème aux classifications rigides du xixe siècle et de la première moitié du xxe siècle.Ils furent par conséquent, au centre d’une entreprise de recherches internationales, car leur présence en ces lieux, posait aux chercheurs de l’époque, un double problème ; celui du métissage mais aussi celui de la migration, c’est-à-dire de l’origine (cit. p. 75 Figures Peules ). Ces travaux devaient en outre, permettre de comprendre les migrations humaines en Afrique. Au xixe siècle, ils s’inscrivaient sous l’égide de l’école polygéniste française, proposant le métissage comme modèle explicatif aux multiples interrogations des nombreux observateurs27- Cent ans plus tard, une autre lecture de l’histoire proposée par Diop( 1970-1980 )- conforme aux hypothèses de Sergi (Boëtsch & Ferrié 1994 ) et d’Elliot Smith voyageur écossais au Soudan en 1928 – consiste en une translation entre » méditerranéens » et » noirs « 28 : Trois grandes théories sur l’origine des Peuls ont donc été développées depuis la fin du xixe siècle, durant tout le xxe siècle et début du xxie siècle :
L’Éthiopienne (Verneau : 1895 ; Pales : 1952 ; Lhote 1959)
L’Égypto-nubienne ( Diop : 1967, 1973, 1981 ; Dieng : 1989 ; Froment : 1991 )
La Libyenne ou berbère ( Cortambert : 1860 ; Béranger-Féraud : 1875 ; Deniker: 1900 ; Sarrazin : 1901 ; Lhote : 1958 ; Cavalli-Sforza : 1992 ).
La complexité de l’identité Peule tient précisément à son métissage.Le discours itératif autour des Peuls sera souvent celui de la pureté et du mélange, du vrai et du faux (vrais Peuls ; faux Peuls). Ils seront pour longtemps classés en tant que Peuls » rouges » et Peuls » noirs » dans l’anthropologie européenne. Les premiers possédants des caractères europoïdes que ne posséderaient pas les seconds. À cette dichotomie, Deniker en 1900 élaborera la théorie du » métissage en strates discrètes « . Il faut compter en effet quatre ensembles distincts survenus à différentes périodes de l’histoire. Le premier métissage évoqué par les historiens, fut celui d’un apport Berbère important, survenu à différentes périodes. L’un très ancien du néolithique jusqu’à la période islamique. Le deuxième plus récent et géographiquement circonscrit, survient au xviiie siècle avec l’invasion de tribus Maures au Fouta Toro (Oumar Kane : p. 237-252) 29. Ce métissage concerne en particulier les Peuls du Fulaadu, du Fouta Toro et du Burkina Faso, (branche venue de l’Est du Fouta Toro). À ce métissage dit » régional « , il faut ajouter un élément que les chercheurs s’accordent à considérer comme asiatique. Des historiens et des linguistes soutiennent depuis longtemps l’ascendance indienne de ces pasteurs (Le Mali : p. 7)30.De récentes recherches ont montré que certains rapprochements pouvaient être fait avec certaines tribus pastorales d’Asie Centrale (Moreau)31 ce qui pourrait les rapprocher des Hyksôs dont on pense qu’ils ont introduit le cheval en Afrique. Mais à ces deux apports l’un berbère, l’autre asiatique, un troisième élément vient s’ajouter.Pour certains auteurs, les Peuls auraient été des Hittites perdus en plein désert, pour d’autres des Gaulois ou des Celtes capturés ou employés comme mercenaires par les Égyptiens, pour d’autres encore, les descendants de légionnaires Romains.Depuis ces quelques dernières années, on évoque de plus en plus souvent l’intervention d’un ou plusieurs Peuples de la Mer 32, ( conglomérat de peuples indo-européens ) dans l’ethnogénèse peule et ce pour un évènement historique majeur ; l’introduction du zébu en Afrique – espèce qui n’était pas représentée sur les peintures rupestres du Tassili étudiées par Henri Lhote, mais qui se trouve aujourd’hui entre les mains des Peuls( Figures Peules : p. 66) 33Pour d’autres chercheurs les Peuls auraient été des Palestiniens ou des Mésopotamiens, c’est-à-dire, des éléments du groupe sémite (Le Mali: p. 66)34Ainsi, pour Maurice Delafosse, leur ascendance serait judéo-syrienne. Ces juifs, auraient été chassé de la Cyrénaïque et auraient migré vers le Mali. Cependant des recherches récentes en génétique des populations n’ont pas confirmé cette thèse qui est aujourd’hui abandonnée.L’ensemble de ces différentes » strates « , se situent sur un substrat soudano-guinéen effectif depuis le viie siècle pour les Peuls d’Afrique de l’Ouest ( Guinée-Bissau, Sierra-Leone, Sénégal, Sénégambie ) et du ixe siècle au xxe siècle pour les Peuls du Mali, du Niger, du Burkina-Faso, de Guinée, du Bénin, du Nigéria, du Tchad, du nord Soudan, ou du nord Cameroun ( migrations par vagues en deux phases )35.
À la recherche scientifique pure, s’ajoute la tradition orale, plus précise et rejoignant parfois les thèses déjà évoquées. Les Peuls descendraient d’ancêtres blancs ayant émigré du nord-est : » Du pays de Cham ou de Sam, c’est-à-dire de la Syrie ; du pays de Tor, la presqu’île du Sinaï ; de Missira, l’Égypte ; et du pays de Séritou, la Syrte en Libye36.
Sur le plan scientifique, les Peuls sont considérés comme des méditerranéens issus de Protoméditerranéens venus du Proche-Orient au néolithique, ayant participé à l’éclosion du monde Berbère (Horizons Nomades: p. 2-3 )37.Aujourd’hui, la plupart des chercheurs s’accordent à faire de ces pasteurs ; des Syro-libyens38.
Préhistoire[modifier]
Henri Lhote dans son Extraordinaire aventure des Peuls paru en 1958, est le premier à s’intéresser à l’histoire ancienne des Peuls. Il appelle ces pasteurs à bovidés des » Éthiopiens « . Pour lui, les Peuls sont des Hamites ou des Chamites / kamites. Ils seraient venus du Proche-Orient, des anciennes provinces de la Gédrosie et de la Susiane Suse39.On attribue à ce groupe intermédiaire les premières civilisations du Croissant fertile ; la première dynastie égyptienne, Sumer, Babylone, la Susiane, la Gédrosie (Mésopotamie)40.
Ces anciens royaumes qui se situent à l’est de l’Iran actuel ( proche de l’Afghanistan et du Golfe Persique au sud ), étaient autrefois à la limite de la frontière Ouest de la Chine et de la route du Lapis-Lazuli qui fut l’objet d’un grand commerce avec l’Égypte pharaonique. Les Chamites (berbères, éthiopiens, égyptiens…), ont été étudié par des chercheurs français comme l’ abbé Breuil et par des indianistes européens, indiens et anglais au xixe siècle et au xxe siècle, notamment Budge (1902) et J. Hornell (1924)41. L’étude de l’Égypte ancienne, des langues chamito-sémitiques et de certains faits culturels ont montré une parenté évidente avec l’Inde et le groupe dravidien en particulier. Lilias Homberger évoque une culture indo-africaine en opposition avec le pôle nordiste indo-européen (L. Homberger, L’Inde et l’Afrique, Journal de la société des africanistes, 1951)42.
Des études également menées sur les Peuls ont confirmé l’importance de l’Orient dans l’histoire de ce peuple. On a ainsi trouvé le marqueur M9 (K ) qui est un marqueur ouest-eurasien présent à 97 % en Iran ; le marqueur M89 (F) qui est un marqueur du Moyen-Orient présent à 90 % chez les populations de l’Asie centrale. Il est présent à 18% chez les Peuls, à 19 % chez les Arabes et 21 % chez les Afghans ; le marqueur M20 (L ) qui est un marqueur indien présent à 50 % en Inde du Sud est fréquent chez nombre de peuples de l’Est africain. Ce premier résultat qui date de 1992, confirme l’importance de l’Hindou Kouch, de l’Orient dans l’histoire des Peuls, ainsi que leur affinité profonde avec les populations de l’Est Africain43,44,45,46,47,48,49.
Selon Henri Lhote50, Les Peuls seraient originaires de la Haute vallée du Nil : Haute-Égypte, Nubie et Éthiopie. En étudiant les peintures rupestres du Tassili N’Ajjer, il pensait que les peintures rupestres de bovins permettraient de suivre l’avancée de ce peuple, à travers des représentations stylisées dans le Sahara. Arrivé en Mauritanie et au Sénégal, les traces deviennent plus difficiles à suivre : les grottes et rochers permettant la reproduction sont plus rares. Les Peuls auraient introduit le Bos Indicus (zébu ouest africain) et une race de bœuf à longues cornes en forme de « lyre » (H. Lhote), ainsi que l’Indigo et le métier à tisser en Afrique. Henri Lhote s’appuie sur des phénomènes culturels toujours existants, notamment dans l’esthétique (vêtements, coiffures) de ces pasteurs.Henri Lhote fait des Peuls, des éthiopiens d’après les peintures rupestres, représentant des profils europoïdes ou méditerranoïdes.Par l’arc, les vêtements, la coiffure, l’habitat en hutte hémisphérique, il les rattache au grand rameau de la civilisation hamitique comprenant les Galla mais également les Tébou du Tibesti. Il les fait partir de Haute-Égypte51. L’Éthiopie et l’ Érythrée possèdent aussi des peintures rupestres représentant des bœufs sans bosses (Bos brachycéros et Bos africanus) et identiques à ceux représentés au Sahara.
Henri Lhote signale que l’absence des Peuls dans les représentations d’Éthiopie et d’Érythrée, serait un signe qu’ils ne seraient pas venus en droite ligne de l’Éthiopie. Ils auraient contourné le Sahara par le nord, longeant le Fezzan, le Tell Algérien, jusqu’à parvenir au Maroc, puis la Mauritanie et enfin, le Sénégal vers le viiie siècle de notre ère (Arcin, Tauxier, Béranger-Féraud, Verneau). Ce qui distingue en effet les berbérides des autres couchites, ce sont leurs voies d’expansions. L’ensemble des couchites du sud et des nilotiques sont passés par le sud du Sahara et ont débouché au Tassili, qui était la seule zone de contacts entre les berbérides et les couchites. Les couchites du sud, seront constamment repoussées par les berbérides en particulier les Garamantes et les Gétules. Action qui se verra facilité par l’apparition du cheval et du char dans la deuxième moitié du II°emillénaire, mais aussi par la désertification du Sahara, qui dès lors, formera une frontière géographique, écologique mais aussi ethnique entre le nord et le sud. Rares sont les chercheurs qui font passer les Peuls par le sud du Sahara (Motel )52. Les Peuls ne pénètreront le monde bantou qu’à partir du viiie siècle après J.-C, par le nord, vraisemblablement le Maroc ou la Mauritanie. Henri Lhote les compare également aux Bafour, peuple de la vallée du Niger, vers Diaka, le lac Débo et le Hodh, mélange de sémites venus du nord-est, de Berbères Zénaga (formation Gétules) et de Garamantes (p. 21 in Histoire du Mali).
Les remarques d’Henri Lhote, d’abord contestées par de nombreux spécialistes, notamment pour des raisons chronologiques, certains auteurs ( Dr. Lasnet ) ne font venir les Peuls au Sahara qu’aux alentours des ie siècle, de notre ère, soit à l’époque romaine. Les thèses d’Henri Lhote sont aujourd’hui acceptées par la plupart des spécialistes. Ces « fresques » de l’âge des bovidés, inscrites sur les rochers du Tassili, montrent sous la « lecture » d’ Amadou Hampâté Bâ et G. Dieterlen ( 1961,1966 ) pour les gravures à caractère symbolique ou mythologique, l’œuvre de pasteurs venus d’Égypte et datée entre 4000 et 2000 ans.
~2000 ans – L’introduction du char et du cheval…
L’histoire ancienne des Peuls apparait dans le livre collectif Figures Peules ( p.66-67 ) dans un contexte géographique précis ; le Tassili N’Ajjer et un contexte historique voyant l’ouest du Nil menacé par des tribus libyennes (Ribou de Cyrénaïque et Mashaouash une tribu Gétule), constituant de petites aristocraties locales, suffisamment puissantes cependant pour menacer l’Égypte et faire appel à des peuples situés de l’autre côté de la méditerranée ( porteurs de la culture Mycénienne )Mycène , appelés Peuples de la Mer par les Égyptiens.
On trouve à partir de cette période, d’autres peintures rupestres plus proches de nous et datées de 2000 ans, concernant des images des chars dits à « spirales » de la moitié du IIe millénaire avant notre ère qui étaient des motifs prisés par les Égéens et sans doute repris par des Libyens pour servir au prestige d’aristocraties locales. Ces mêmes chars ont été retrouvés sur des tombes à fosse du cercle A de Mycène et au Péloponnèse (Figures Peules : p. 16 )53 C’est aussi la période de l’introduction du cheval dans le Sahara central par les Hyksôs ou du moins comme pour les chars, sa représentation sur roches54. À partir de 1 500 environ apparaît le char à timon simple ou » char Égyptien « , qui va encore accentuer les différences entre les populations du nord et les populations du sud, qu’elles vont repousser vers le sud.
Malgré des affinités évidentes avec les peuples de l’Afrique du nord à cause de cette grande migration, les Peuls sont plutôt reliés aux peuples de l’Est africain. La présence de certains noms comme Barii’o ou Kaara que l’on retrouve en afrasien (ancien chamito-sémitique)55, la pratique funéraire des tumulus, certaines pratiques culturelles, l’existence des castes, doivent faire penser un logement ancien à l’Est de l’Afrique, près de la Mer Rouge, dans le monde couchite. On les rapproche généralement des couchites dans leur ensemble ou plus généralement des Égyptiens.
Toutefois l’auteur Christian Dupuy dans Figures Peules (p.55), signale qu’en l’absence d’autres données archéologiques, il demeure prématuré d’identifier les auteurs de ces peintures aux ancêtres des Peuls. De plus, nombre de Peuls ne se reconnaissent pas dans la thèse orientale, ni à travers l’analyse des peintures rupestres d’Henri Lhote. Enfin, l’auteur fait également remarquer que, sans remettre en question l’appartenance à une même entité socio-linguistique des Peuls, les disparités observées entre différents groupes traduisent bien l’existence d’interactions et d’évolutions culturelles à travers le temps et l’espace. Cette diversité des modes de vie suppose des vécus historiques différents selon les groupes et les régions.
Antiquité[modifier]
Les sources documentaires tels que papyrus, ostracas (tessons de poteries gravées), gravures sur des monuments ( statues, tombeaux d’Égypte ), objets en métal (pièces de monnaie, pièces de charrerie, d’équitation, armes, etc. du désert de Libye), tablettes en cunéiformes du Moyen-Orient, les relations épigraphiques entre le grand roi hittite Suppiluliuma I (1355-1320 av. J.-C), les rois hourrites du Mitanni, des rois de Chypre (Enkodia) et des Pharaons Thoutmosis IV (1400-1390 av. J.-C), Aménophis III (1390-1352 av. J.-C), Aménophis IV ( 1352-1320 av J.-C), Mérenptah (1213-1204), Ramsès III (1180 – 1155), et nous permettent de suivre l’avancée des Peuples de la Mer vers l’Égypte aux alentours du XIIe avant J.-C – ainsi que l’ensemble des peuples pénétrant en Égypte depuis les premières dynasties.
L’Égypte pharaonique (~ 2500 av. J.C ?)[modifier]
Les Peuls peuple pasteur, apparaîtraient dans l’histoire de l’Égypte d’après Lilias Homberger à travers une lettre qui leur appartient, ( -ng ) comme un peuple » entrant » en Égypte dans des écrits, rédigés par des Égyptiens signalant le passage de pasteurs conduisant des bovins à longues cornes dits -ng ‘ ou -ng.w ( = -ngr ), dit nagor (en langue Brahoui) dans le nord-ouest de l’Inde (Balouchistan) et dans les provinces de l’Est de l’ Iran d’aujourd’hui. Cependant les légendes orales Peules, signalent qu’ils y auraient eu plusieurs vagues d’arrivées, chacune avec leur contexte historique, étalées de manière discontinue de 2500 av. J.-C à l’ère des Ptolémée en 300 av. J. -C où leur ethnonyme, apparaît dans les textes et sur les monuments56 et période d’un important brassage ethnique, opéré à partir de la Basse époque égyptienne avec l’Orient et la méditerranée.
Les Poulasti (~ 1177 av.J.C ?)
Les Poulasti ou Palasti, Pelasi, ou encore Péleshet ou Péléset ( en égyptien ), sont un peuple de la mer, considérés comme d’ascendance grecque, devenus les Philistins, qualifiés de berbères et cousins des Coptes.Les Poulasti, apparaissent pour la première fois dans un cycle des sept tableaux légendés de Médinet-Habou.Leur nom apparaît sous la forme non vocalisé en égyptien prst. Ils livrent une bataille terrestre contre Ramsès III ( 1180-1155 )dans la région de Beth-Shéan, au sud du Lac Tibériade57. – Une deuxième apparition des Poulasti dans la cinquième série de Médinet-Habou, les montre arrivant par mer dans le Delta du Nil en compagnie des Sikala (indo-européens qui peupleront plus tard la Sicile )-58Les Poulasti vaincus par Ramsès III, une partie de ces guerriers seront enrôlés dans l’armée égyptienne, et fourniront les garnisons des forteresses qui surveillaient en Moyenne-Égypte, le désert de Libye et la plupart feront souches dans la région où ils s’établiront en éparchies. Après Ramsès, les Pulasti devenus les Philistins, se fixèrent au Levant, où ils donneront leur nom à la Palestine qui apparaît dans les textes à partir de 800 av. J.-C59. Les Peuples de la Mer sont un rameau de populations indo-européennes, porteuses de la culture mycénienne, établies entre le xve siècle av. J.-C. et le xiiie siècle av. J.-C. sur les bords de la mer Égée et en Anatolie. Ils se livrent à la piraterie et au commerce, mais sont aussi employés comme mercenaires en Haute-Mésopotamie et en Égypte60. Les Poulasti ont été associés aux Pélasge par certains chercheurs. Bien que de nombreux auteurs distinguent encore peuples de la mer (indo-européens) et berbères, après avoir été repoussés par Ramsès III, l’ensemble des Peuples de la Mer ont été, soit inclus dans l’armée Égyptienne elle-même, soit refoulés à l’Ouest où ils ont fusionné avec les Libyco-berbères et constituèrent dès lors pour les égyptiens, l’ensemble des peuples situés à l’ouest du Nil.
Période romaine (~ ie siècle av. J.-C.)[modifier]
L’Afrique numide est l’Afrique des alliances berbères, pour répondre au commerce avec Carthage et à la domination romaine. La plupart des études sur ce sujet portent sur les Berbères des côtes ou des régions agricoles en contacts avec les Romains, aucune sur les » Berbères sahariens », hormis sur les Garamantes ( considérés parfois comme les ancêtres des Touaregs ), les Musulames, les Gétules et les Nasamons. On peut trouver néanmoins quelques informations concernant des ostraca trouvés en Maurétanie, en Tripolitaine et dans le Fezzan, relatant les relations romano-indigènes dans deux ouvrages ; La résistance africaine à la romanisation de Marcel Bénabou61 et Rome en Afrique de Christophe Hugoniot62.
Le cas Gétules ou Gaetules : À la période romaine ce que l’on entend par » royaumes berbères » sont en fait des mouvances, des alliances sporadiques. Ainsi, si les tribus berbères portaient des noms bien individualisés, comme les Suburbures, certaines dénominations recouvraient des entités plus larges et fluctuantes, comme les Libyens, les Massyles, les Masaesyles, les Numides, Les Gétules, ou les Maures. Ces entités semblent avoir compris diverses tribus distinctes. Les Musulames, les Garamantes du Fezzan et peut-être Nasamons en Tripolitaine faisaient partie, selon certains auteurs anciens, du groupe Gétules( p. 280 in Rome en Afrique ).Ainsi le terme Mauri a-t-il varié dans le temps. Il désignait à l’époque romaine, l’ensemble des numidiens, composé de plusieurs ethnies.Les Gétules que l’on distingue parfois mal des Garamantes seraient chez certains auteurs, les descendants des pasteurs blancs du Tassili. Il existe de nombreux écrits sur ces berbères qualifiés de » Grands nomades » par les Romains.G. Camps63, les situent à la limite orientale de l’Empire romain en Numidie, nomadisants entre le Chott el Hodna actuel et l’ancienne cité romaine de Sabratha sur la côte, à l’ouest de la Tripolitaine. Ce sont des berbères des steppes de la frange nord saharienne voisins des Bavares ou Davares et des Massyles et Masaesyles. Ils sont souvent comparés aux Garamantes avec lesquels ils partagent un mode de vie similaire. Les Gétules sont le seul groupe libyco-berbère exclusivement nomade à présenter une similarité avec la divinité peule géno, (Le qualificatif gens Numidarum dérivé du genius gentis Numidiae était le nom donné aux berbères de cette région à cause des dédicaces offertes à cette divinité). Comme le note d’ailleurs, Marcel Bénabou, p. 319 : « … Il y a une démilitarisation progressive du culte et une accentuation du caractère religieux à mesure que l’on s’éloigne vers l’est… ).On trouve néanmoins une étude concernant ces dédicaces, les Dii Mauri (dieux Maures) faisant état du problème posé par les dii immortales Getulorum d’ordre similaire au Gens Maura, provenant d’une lecture d’un texte trouvé près d’Horrea commémorant une défaite des tribus Bavares et la mort de leurs rois. G. Camps signale que : » …la lecture de GETVLO (5° ligne) est loin d’être certaine ; nous avons pu déchiffrer péniblement GEN/O…Or nous avons d’autres exemples où l’on invoque, après d’autres divinités, le genius loci : à Satafis et à Sétif où cette invocation intervient aussi probablement après une victoire sur les Bavares. »64 Il n’est pas à exclure l’alliance ponctuelle d’un élément Peul avec la formation Gétule ou des berbères des régions plus à l’ouest de l’Égypte, dans le Fezzan . On trouve nombre de documents sur le rôle des Gétules dans les guerres menées contre les Romains, sur leurs techniques et qualités guerrières essentiellement de guérilla. (Aristote, Politique 51,5,6,125a, et 7,10,4,1329b ; Strabon, Géographie ; Hérodote, 2,29 ; Pomponius Méla, 3, 107 ; Diodore de Sicile, 3,22,1 ; Pausanias, 8,43,3 ; Lucien de Samosate, Dipsades, 7 ; Pline l’Ancien, Histoire naturelle, 5, 30 ; Ptolémée, 4,3,24)- Rappelons également que les Romains ne modifièrent pas les postes frontières surveillés par les berbères installés à la frontière entre l’Égypte et la Libye mais qu’ils les utilisèrent65.D’après Salluste les Gétules vont fusionner avec les Perses après la mort d’Hercule66
Histoire contemporaine
On ne sait pas exactement quand les Peuls sont partis d’Égypte, cependant André Arcin les fait venir de la lisière nord du Sahara jusque dans le sud Marocain. Tauxier préconise la route du sud de l’Algérie et les ferait émigrer de leur pays d’origine ( moyenne Égypte ) vers le vie siècle avant l’ère chrétienne. Béranger-Féraud, Verneau et d’autres indiquent, également la route septentrionale comme étant celle de leurs migrations67. Le Sahara est exclu car jugé comme étant un pays désertique et inhabitable difficile à traverser pour une population dont l’économie principale est l’élevage. Seul Motel les fait venir du sud Sahara68. Cette première migration d’est en ouest leur fera atteindre la vallée du fleuve Sénégal vers le viiie siècle de notre ère ( Lhote ).Le peuplement Peul s’est par ailleurs effectué par vagues successives, dans différentes régions, à différentes époques69.Tous les historiens cependant soulignent l’ importance historique de cette population en Afrique de l’Ouest où certains s’étant sédentarisés vont créer de petits États théocratiques : le Macina au Mali, le Futa-Toro et le Fuuta Djaloo en Haute-Guinée .
À l’Ouest région du Sahel…
vie siècle av.J.C ? – viiie siècle ap.J.C -Arrivée de pasteurs Peuls dans le Hodh de la Mauritanie actuelle en passant par le nord du Sahara encore vert ( gravures rupestres du Tassili et du Hoggar ).
ixe siècle de notre ère – Dans la légende Futanke, le royaume des Dia Ogo 70 ou Namandirou, serait le premier royaume que les Peuls ont contribué a bâtir parmi d’autre populations notamment Tekrouri, Soninkés, Sereres, tous forgerons, mentionnés par les historiens. Ces Peuls venus du Hodh (Sahel) après la traversé du Tagant, commandaient alors le royaume du Tekrour sur les rives du Bas Sénégal71.
De l’autre côté du Fleuve Niger…
xie siècle-Fondation de l’empire almoravide englobant le Maroc et la Mauritanie, les tribus Peules qui s’étaient converties mais avaient abandonné la religion musulmane, furent contraintes de se convertir à nouveau. Persécutées par ces religieux, elles durent fuir vers le sud ; un premier groupe trouva refuge en Sénégambie et au Boundou , un second groupe se réfugia dans le Bas-Sénégal créant par la suite l’empire du Tekrour, futur Fuuta Toro.Le troisième groupe gagna le Macina et fut rejoint par les tribus foulas qui s’étaient dirigées vers le Nil72.
xiie siècle – des Peuls refusant l’islamisation de l’empire du Ghana, suite a la pression des Almoravides, fuient vers la région du Fouta-Djalon, puis vers le Macina et enfin au nord du pays Haoussa.
xiiie siècle – Dans le Tekrour, d’autres Peuls, se mêlent surtout aux Sérères et aux Tekrouri. Les Peuls avec le nomadisme ouest-est, atteignent les régions du Foutah Djallon en Guinée, jusqu’à atteindre les régions du lac Tchad et le nord du Cameroun. C’est ainsi qu’ils se sont étendus sur une bonne partie de la bande sahélienne, du Sénégal au Soudan.
xiiie siècle – xive siècle – L’Empire du Mandé, intègre dans la paix, des ethnies aussi diverses que sont les Touaregs, Wolofs, Bambara, Songhaï, Tekrours, Dialonké, Malinké, Dogons, etc. Toutes ces populations ayant adhéré a la Charte du Manden.
xve siècle – Sonni Ali Ber empereur de l’Empire songhaï de Gao, grand maître du Soudan Occidental, rattache le Macina, territoire a majorité Peulh, à l’empire de Gao.
xvie siècle – Koli Tenguella dit Puli, à la fois Peulh et Malinké, à la tête de son armée, repousse les Maures, soumet l’État du Fouta-Toro après plusieurs tentatives, soumet également les Wolofs et les Sérères, annexe l’empire toucouleur ( Tekrour ), conquiert toutes les contrées s’étendant entre le Haut-Niger à l’est, le Bas-Sénégal au nord et à l’ouest, le Fuuta Jaloo au sud73. Koly Tenguella une fois roi ( Silatigui ) du Fouta-Toro, installe sa dynastie, les Deniankobé.
xviiie siècle – Création de l’État théocratique du Fuuta Jaloo ( Haute-Guinée ).
xviiie siècle – Arrivée de tribus Maures arabisées Brakna et Trarza au Futa-Toro, le Walo et le Cayor. Les troupes de Tashomba, appuyées de Marocains et de Hormans ( métis de Marocains et de noirs ), mettent à sac le Futa-Toro et renversent le régime des Dényankobe. Ils le remplacent par un régime maraboutique ( tribus Zénaga ). Guerres intestines entre les différents membres de la famille régnante, pillages et razzia fréquentes dans les villages agricoles, appauvrissent rapidement le pays. Mise en place de différents Syratiks au profit soit des Brakna, soit des Trarza.L’action des Maures dans cette région est un échec économique et social.Sous l’influence grandissante des tribus maraboutiques, retrait des Maures en 178674.
xviiie siècle – Les Diallubé (pluriel de Diallo) gouvernent les Peuls du Macina. Amadu Bari reçoit la bannière de la djihad, la guerre Sainte islamique, des mains du toucouleur Ousman Dan Fodio, et le titre de » cheikou « 75.
xixe siècle – L’empire peul du Macina avec Amadu Bari à sa tête conquiert Tombouctou, contrôle Jelgooji, Liptaako, ainsi que le confluent du Sourou et de la Volta Noire au Sud-Ouest de l’actuel Burkina-Faso. Le xixe siècle verra les conversions de Sékou Amadou et cette islamisation leur permettra d’avoir une certaine unité politique. Seuls les Peuls Bororos, Wodaabe « les bannis », en réchapperont. Les « convertis » fonderont alors un empire, l’Empire peul du Macina au Mali, le royaume Peul et Mandingue du Fouladou, en Guinée le Fouta-Djalon et au Nigéria l’Empire de Sokoto. Tous les États à part les deux Fouta, nés au xixe siècle, ont été très éphémères, malgré cela c’est ce qui leur a permis durant ce siècle, d’établir une certaine unité des fulbé, ce qui n’avait jamais été le cas avant.
1811 – Les Peuls remportent une grande victoire sur les Gourmantché, à Dori. Dix ans plus tard, Ilorin sur la côte du Bénin devient un émirat peul, après la lutte menée par Mallam Alimi. En revanche battus à Kissi par les Touaregs en 1827, les Peuls doivent abandonner l’Oudalan, région située au Nord-Est du Burkina Faso.
1868 – Écrasement de l’État païen rival du Ngaabu ( actuelle Guinée Bissau ) par al-hajj Umar puis Samori.
La période coloniale.
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xxe siècle – L’arrivée des Européens, dans la région de la Guinée stoppa les grands mouvements cavaliers à la lisière des forêts du sud de l’Afrique occidentale et centrale. L’établissement des Européens stoppa également les échanges commerciaux entre États et radicalisa dans l’ouest africain, la pratique déjà ancienne de l’esclavage. Les Peuls constituèrent un mystère pour les Européens incapables de distinguer les alliances et échanges inter-éthniques instaurés par leur économie76. Durant tout le xx e siècle ceux-ci les considéreront pour certains, comme des Mahométans armés ( élites, nobles ) et par conséquent non soumis à l’esclavage (comme les Maures ou les Touaregs), pour d’autres comme des barbares soumis au travail forcé (code de l’Indigénat).
La résistance Peule.
La colonisation fut tardive (Haut-Niger 1854, le Fuuta-Djalon 1896 ; Rivières du Sud 1866) et elle fut relativement brève (à peine 150 ans). Le Gouverneur de la Guinée française était Faidherbe. D’emblée, les Peuls apparaissent aux yeux des Européens comme des Mahométans armés, au même titre que leurs voisins Maures et Touaregs. Leur société extrêmement hiérarchisée parut dès l’abord, trop complexe aux yeux des Européens et difficile a percer (problème de la langue). La France engagea une politique » diplomatique » et commerciale avec les différents États Peuls indépendants.Création d’un Gouvernement général de l’Afrique occidentale française visant à harmoniser la politique française, les trois colonies concernées par le Fuuta Djaloo étaient le Sénégal, le Soudan et la Guinée.On assiste dès lors à une résistance diplomatique : Plusieurs traités furent signés77, notamment le » traité de commerce et d’amitié » 1881 entre les almami et Bayol qui marqua la première tentative directement impérialiste de la France à l’égard du Fuuta Djaloo : Principalement pour contrer le intérêts Anglais dans la région de la Sierra Leone78. En signant des traités avec la France et l’Angleterre à la fois, en 1881, en leur refusant de ce fait l’exclusivité du commerce, les dirigeants du pays, les almami, affichaient leur indépendance à l’égard des deux puissances impérialistes et du même mouvement, tentaient de les neutraliser : d’abord en rejetant la version française du traité79. La récusation de toute notion de contrôle et d’ingérence, le refus opiniâtre de laisser une puissance étrangère empiéter sur la souveraineté de l’État, non seulement en 1881, mais également lors de tentatives expansionnistes ultérieures, ( colonne Plat 1887-1888, colonne Levasseur 1888, colonne Audéoud 1888 )80, la mission Briquelot en 1888-1889, à l’initiative d’ Archinard, tentera vainement de convaincre les almami des intentions pacifiques de la France.Cette résistance s’appuyait sur un concept lapidaire mais clair : » Le Fuuta Djaloo doit être aux Peuls et la France aux français « . Ce principe nationaliste réitéré privait la France d’une base » légale » d’intervention.Le rejet par les almami de toute notion de protectorat s’accompagnait d’une résistance militaire, consistant à entraver l’expansion de la France au Soudan en s’alliant à Samori, le principal adversaire de la France. En cela, la France se révéla à peu près impuissante à peser sur les relations entre Samori et les almami. D’autant plus, que depuis l’autonomie des Rivières du Sud (août 1889), celle-ci menait une politique d’expansion pacifique à l’égard du Fuuta Djaloo, remettant à plus tard l’éventualité d’une occupation militaire, tandis qu’Archinard multipliait les lettres d’apaisement à l’égard des almami. Pour préserver sa souveraineté, le Fuuta Djaloo sut aussi habilement exploiter les conflits franco-français et franco-anglais.Jusqu’au décret du 11 juin 1865 instituant le Gouvernement général de l’Afrique occidentale française, explicitement voulu pour harmoniser la politique française, trois colonies étaient concernées par le Fuuta Djalon : Le Sénégal, le Soudan et la Guinée. Chacune d’entre elles, activait sa propre politique à l’égard de l’État peul encore indépendant. Frictions et conflits divisaient en permanence les trois colonies.Si les almami firent parfois preuve de naïveté en politique, ils surent très bien tirer avantage de ces mésintelligences.Ils instrumentalisaient les contradictions franco-françaises pour retarder la mainmise sur leur pays – On assiste également chez le » petit peuple » peul à une résistance sociale : Comme le » rachat » de captifs ou l’interception des caravanes – La politique de la France à l’égard des captifs sera faite d’ambiguïté.Elle consiste en particulier à inciter les captifs à s’enfuir de chez leurs propriétaires Peuls, pour les détourner à son propre profit: Beeckman : » Il serait indispensable de prévenir aux commandants du Soudan de ne pas recevoir aussi facilement les fugitifs du Fuuta Djallon qui servent à peupler les villages de liberté au détriment de notre nouvelle possession, qui a cependant besoin de tous ses bras pour la culture. « 81Las, les Français fourbirent le concept de féodalité, inadapté mais commode, paradigme négatif pour stigmatiser, ouvrir le procès du régime, justifier l’intervention militaire et l’occupation du pays, en se servant des rancœurs et des frustrations du petit peuple opprimé82. Le 14 novembre 1896, les Français défaisait Bokar Biro le neveu de Soriya Ibrahima qui lui avait succédé après sa mort en juillet 1890 (alternance Amadu / Bokar Biro, 1891-1896) à la bataille de Poredaka83. Contrairement aux autres colonies françaises, ils ne seront pas intégrés dans l’armée. Officiellement pour des raisons » physiques « 84.La résistance peule est notée sur le plan historique par un certain nombre d’études et d’ouvrages, textes, lettres manuscrites par des Peuls eux-mêmes et archivées, au Archive Nationales du Sénégal (ANS) et en France8586. Le référendum du 28 septembre 1958 la Guinée, sonnera la fin de la période coloniale.
1958 – À partir des années 1960, la montée des nouvelles générations non soumises à l’esclavage, permirent aux jiyaabe et aux descendants des Bourouré d’autrefois, de jouer un rôle politique indéniable dans différents pays. Au Sénégal, Mamadou Dia, élu Président du Conseil de Gouvernement en novembre 1958, le demeura après la proclamation de l’indépendance du pays en 1960, mais, accusé d’une tentative de coup d’État en 1962, il fut destitué. Dès 1960, Ahmadou Ahidjo, se trouva à la tête du Cameroun. C’est aussi le temps de brefs sursauts nationalistes. De 1983 à 1987, Thomas Sankara présida aux destinées du Burkina-Faso.En Guinée, les opposants Peuls au régime politique dictatorial de Sékou Touré furent persécutés, entraînant au début des années 1970 un million de Peuls dans la diaspora. Aujourd’hui la diaspora peule concerne les États-Unis, le Canada, l’ Angleterre , la France, le Portugal, les îles du Cap-vert et les pays africains limitrophes.
Religions
Les Peuls de nos jours sont presque tous musulmans. Une partie des Peuls d’Afrique de l’Ouest, ont été parmi les propagateurs de l’islam sunnite, notamment avec des personnages de l’ethnie Tekrour (TorooBé), comme Ousmane Dan Fodio, fondateur de l’empire du Sokoto (Dèm du Sokoto), Sékou Amadou, fondateur de l’empire Peulh du Macina, et Amadou Lobbo Bari « Emir du Macina », Muhammad Bello « sultan du Haoussa », Modibo Adama, fondateur du royaume Peulh de l’Adamaoua. Sur le plan socio-géographique, les Peuls conquérants pratiquant le djihad sont souvent des familles Peules sédentaires (en particulier en Afrique de l’Ouest) et métissées avec les populations avec lesquelles ils cohabitent. Création d’écoles coraniques, propagateurs de confréries soufies, soufisme87.
Cependant, le syncrétisme d’Orient est toujours présent. Ainsi on peut trouver des Peuls musulmans, des Peuls chrétiens et des Peuls animistes parfois au sein d’une même famille.
Nomadisants aux frontières des cultures des peuples d’Orient, de la méditerranée, des autochtones d’Égypte-Libye, et de Nubie (actuel Soudan), on retrouve dans le corpus peul ces diverses influences accumulées au cours des siècles… Notamment avec le symbolisme de l’Égypte antique par rapport aux bovidés, liés a de nombreuses hypostases du divin: Apis, Hathor, Isis. Tout comme ses hypostases du démiurge Amon, sont représentés portant un disque solaire entre leurs cornes, Géno ( divinité présente en Numidie et en Grèce ancienne où elle était un rite civique relié aux Mystères d’Éleusis ), qui est le nom traditionnel donné à Dieu par les Peulhs, crée en premier la vache sacrée qui porte l’univers entre ses cornes. On retrouve également la clé Ankh, Ankh qui signifie : Vie en Égyptien ancien, que l’on retrouve dans le vocabulaire Pulaar, sous le nom de Wonki, Onki en Copte, Yonki dans les langues Mandées. Le mot Wonki, Onki, Yonki, gardant le même sens. La notion ontologique du Ka qui signifie en égyptien ancien, le souffle divin, kin en Pulaar, pour le rapport avec le nez, par lequel l’homme respire donc vie, Ka en pulaar, qui veut dire : être, exister. Car pour le Peulhs on ne vit que lorsque le souffle divin anime le corps physique.
Sur un plan moins symbolique, il convient de ne pas oublier la lente pénétration des bergers vivants en marge des grands centres urbains, s’enfonçant toujours plus avant dans les brousses du Ghana, du Togo, du Bénin, du Nigéria, du Tchad, du Centre-Afrique…Mais c’est chez eux que persistent des traditions pré-islamiques – ( persistance d’un shamanisme d’élevage ) : génie du cheptel Kumen ; génie de la chasse Kondoron ( nomades ) – ( résidus de religion shivaïte shivaïsme et védique védisme ): Trinité et triades des contes initiatiques ; rite du feu ; croyances aux génies tutélaires ( de type lunaires ); traces d’une religion solaire ( Œil solaire de Géno dieu Créateur ); esprits des eaux (ondines) ; esprits aériens (sylphes); Ketiol dieu des arbres; génies-nains (gnomes); habitants minuscules et invisibles des forêts ; génie de l’eau Tyanaba ; génie du feu ; génie du vent ; Dieu-initiateur émanation de Géno, Kaïdara ; Lâred’i ou génies gardiens honorés sur un autel domestique (kaggu) – sont toujours présentes au quotidien 88,89.
Anthropologie sociale et culturelle[modifier]
Village peul aux environs de Ndioum (Nord du Sénégal)
Héritage culturel[modifier]
La transmission orale des traditions et des légendes est très importante chez les Peuls. Enseignée auprès des adolescents par les personnes les plus âgées et en particulier les femmes au travers de chants, de contines. La langue est encore essentiellement orale et transmise par les femmes. Elles véhiculent l’histoire du peuple, ses exploits, ses rites et ses vertus.
Goût prononcé pour les langues, la poésie, les louanges, les épopées ( joutes verbales : Kirlé au plur. ; Hiirdé au sing. ), développement d’une littérature. Dans cette transmission orale des traditions, n’oublions pas de mentionner le role important qu’y jouent les griots (historiens). La plupart des Peuls sont polyglottes. La beauté est recherchée, la probité, la sagesse, l’intelligence et la discrétion figurent parmi les règles à suivre du pulaaku, ces règles souples régissant la « pulanité ».
Artisanat
L’artisanat peul est également important : couvertures munja. La manufacture est l’affaire des « actants ». Les nomades peuls ne sont pas artisans, ils passent des commandes chez les autochtones des pays qu’ils traversent. Les nomades fabriquent eux-mêmes les calebasses, les chapeaux coniques, leurs tabliers de cuir. Les Peuls sédentaires pratiquent l’artisanat, un artisanat typiquement peul, mais on peut trouver dans certaines zones des fusions de styles ethniques.Les Peuls sont d’excellent tisserands90.Ils tissent le coton et la laine avec un métier à tisser dont l’importation viendrait d’Asie d’après Henri Lhote.Ce sont à l’image des Touaregs des orfèvres.Ils sculptent des bijoux en or et en fer qu’ils associent au cuir et à des perles.Le sens esthétique chez les Peuls est très poussé et célèbre91. Chez les Peuls sédentaires, il existe des castes d’artisans, les maboulé, qui sont des tisserands ; les wailoubé s’occupent des productions en métal, alors que leurs femmes pratiquent la poterie ; les garankobé s’occupent du cuir, les laobés travaillent le bois.
Habillement
On ne dispose d’aucune représentation en dehors de celle de Médinet-Habou sur l’habillement et l’allure générale des ancêtres des Peuls… Néanmoins, la plume d’autruche que l’on voit porté par des Wodaabe ( Photo ) durant certaines de leurs cérémonies n’est pas sans rappeler une célèbre et unique représentation d’un Libyen peint sur la tombe de Séti 1er.(tunique fermée à l’épaule, tresse devant l’oreille et coiffure de plume). Les Peuls ont des tatouages faciaux qui leurs sont propres. Les nomades portent également des tabliers de cuir colorés de dessins géométriques et des tuniques sans manches, les yeux sont cernés de khôl.Le » chapeau pointu « , est également une exclusivité Peule. Coiffures en gourdes, en cimier, à cadenettes sont visibles sur les peintures du Sahara relevées par Henri Lhote et sont dites « sahariennes ». Avec les métissages des éléments des cultures négro-africaines sont apparus (comme les marques faciales ou scarifications que l’on trouve chez certains groupes).
Les hommes peuls nomades portent une tunique le bolare, de couleur brune qui arrive à mi-mollet, un bâton, son chapeau de paille conique, un tablier de cuir, des boucles d’oreilles. Ils ont la tête enturbannée, comparable au taguelmoust des Touaregs, et portent un pantalon bouffant. Le chapeau conique (typiquement peul) est porté et souvent ils y accrochent une plume d’autruche. Les talismans ou gris-gris, sont portés pour se protéger des djinns. Les femmes portent le pagne, bleu indigo, et le boubou de couleur très foncée, parfois noire. Les Peuls sédentaires adoptent parfois le style des ethnies avec lesquelles ils cohabitent, chez les hommes le chapeau conique est porté, ils portent aussi des bonnets souvent de couleur blanche, le couffouné, parfois rond ou carré. Ils portent une courte tunique, par dessus laquelle ils mettent un grand boubou, souvent de couleur blanche, bleu foncé, le doloké. Les femmes portent le pagne, et le boubou, et attachent sur leurs têtes un morceau de tissu qui est la version féminine du turban, moussor.
Les femmes peules pratiquent le tatouage des lèvres et des gencives à l’indigo, des paumes de la main et des pieds. Elles percent leurs oreilles et y insèrent des anneaux d’or, ou des boucles d’oreilles d’or imposantes et torsadées. Elles mettent un petit anneau soit en or ou en argent aux narines. Les jeunes filles ont à leurs poignets et à leurs chevilles plusieurs anneaux d’argent ou de cuivre symbolisant leur richesse.
Les Peuls sont un peuple à cheveux longs, lisses à ondulés92 permettant un type de coiffure particulier où les cheveux sont ramenés sur le sommet du crâne, formant une coiffure en » gourde » célèbre chez les Wodaabe et les bororo.Les femmes bororo ramènent en chignon leurs cheveux à l’avant, le reste des cheveux sont sectionnés en plusieurs parties qu’elles tressent, et qui retombent sur les côtés de la figure et à l’arrière de la tête. Les métissages ont multiplié les styles de coiffures. Celles-ci sont nombreuses, en forme de losange, triangle, et plusieurs noms leur sont donnés. Malgré la diversité des coiffures chez les femmes Peules, le plus souvent les hommes et les femmes sont coiffés de la même façon. Certains hommes (sédentaires ou nomades) laissent leurs cheveux longs, puis se rasent le crâne vers l’âge de 50 ans. Chez les femmes, l’art de la coiffure est très développé, pour la coiffure elles se servent de pièces de monnaie, de cauris, de beurre de karité, de perles.Les femmes portent des Saris comme les femmes Touaregs au Sahel, des robes multicolores à volants, des pagnes et des blouses indigo clair au Burkina Faso.Chaque groupe possède ses propres couleurs à base d’indigo plus ou moins clair, ses propres liserés, le graphisme est souvent à base de frises, de triangles, de losanges colorés. Les femmes sédentaires réalisent des coiffures en cimier. Les Peuls rasent parfois leurs cheveux suivant la mode arabe de piété, les femmes portent deux ou trois nattes simples avec un voile fin à l’arrière de la tête, simple ou richement décoré. Le « cheveu » est très investi chez les Peuls, et si leur nature le permet, la femme préfèrera les porter aussi longs que possible. Cependant, la coiffure féminine sera toujours « nattée », richement décorée ou semi-couverte en public.
Le pulaaku[modifier]
Pulaaku ou Pulaagu dans certaines régions : « être » Peul »93
Le pulaaku94 est « un ensemble de règles très subtiles »95, morales et sociales, un « code de comportements jugés spécifiquement Peul »96, voire « l’idéal projeté dans la manière d’être peul »97.
« Le pulaaku se retrouve chez tous les groupes Peuls, dans toutes les régions. C’est une preuve de stabilité de la catégorie et une première indication sur sa signification et sa fonction qui, manifestement ne relève pas seulement du besoin d’identification lié à des contextes historiques particuliers. Dans cette acception très générale, on peut parler de la « pulanité » en tant que conscience d’une identité durable, conscience unissant les Peuls, indépendamment de toute explicitation au niveau du contenu — Elizabeth Boesen98. »
L’indianiste Stein ajoutera une note enrichie à la notion de segmentary State élaborée par Aidan Southall, à propos du pulaagu comme critère de sélection à chaque niveau de pouvoir. Il note par exemple, l’absence de « séniorité » (contrairement aux successions et élections des groupes africains et au groupe de culture moyen-orientale proches) mais à « l’empilement d’élection » par le conseil de même niveau et de confirmation ou d’intronisation par le niveau supérieur.
« Dès lors, la langue elle-même, serait le pivot de plusieurs champs de signification, au tuilage des sons correspondants aux glissements de sens et le chevauchement des institutions et des groupes. En témoigne le fait que dans les sociétés peules où la « mise en caste » est la plus poussée, les groupes sociaux sont moins cloisonnés que ne le laissaient penser les taxinomies éthiques élaborées dans les années 196099. »
Parmi ces valeurs peules figure la « suavité » beldum qui n’existerait que chez les Fulbe (bele sey to Pullo) et qui se concrétise non seulement dans leur hospitalité et leur générosité, mais dans tout leur comportement.
On observe également une réticence à dire « non » (e woodi). C’est ainsi qu’un Peul n’opposera jamais un « non » ferme, il dira « e woodi » (c’est bien). Or, quand un Peul donne gentiment son accord, cela ne veut souvent pas dire grand-chose. Ils décrivent leur comportement comme étant forcé : le sentiment de honte, leur pudeur (semteende) ne leur laisse pas le choix. Le comportement peul n’aurait en quelque sorte aucun rapport avec autrui, mais avant tout avec lui-même.
La vie nomade a développé un caractère indépendant et une hypersensibilité ne favorisant pas le contact avec autrui.
La société peule est fortement hiérarchisée : l’aîné est respecté et même craint.
Les formules de politesse et les règles du savoir-vivre sont nombreuses et très importantes : le vouvoiement est prédominant.
Organisation politique et intégration spatiale[modifier]
On décrit parfois les Peuls comme « foncièrement individualistes ». « Être Peul », ce serait être libre. Se réaliser en effet, ne peut se faire ni sous le joug de, ni sous la séduction de, ni même sous les conseils de… La « pulanité » est autonome. Il n’y a pas de communautarisme chez les Peuls, mais il y a des revendications culturelles et identitaires, des clans, des individualités, des groupes épars. Le chef ou une autorité quelconque, est élu à la participation active. On observe ainsi une alternance politique ( Fouta-Djallon ) au xviie siècle – xixe siècle et des audits sont réalisés dès le xvie siècle pour certains groupes. Le Moyen Âge verra l’avènement des chefferies aux petits chefs autoproclamés : impérialismes, servitudes, multiplicité des contacts de populations ont favorisé des contextes d’acculturation, exclusion et / ou marginalisation chez certains groupes. Les actes délictueux sont sanctionnés par une radiation pure et simple de la sphère identitaire. Infiltrations et tactiques de replis : les Peuls se soumettent généralement aux lois des pays qu’ils traversent.
Une nourriture pastorale[modifier]
Souvent, ils pratiquent presque un lacto-végétarisme naturel sans prétentions idéologiques ou religieuses. La consommation de la viande de bœuf en particulier est prohibée sauf en de rares occasions, mariage, naissance, visites importantes.Pour pallier le manque de protéines animales les Peuls nomades pratiquent une « saignée » régulière aux vaches de leurs troupeaux. Consommation de miel sauvage et consommation presque exclusive de lait de vache, jument, chamelle ( rare ) sous toutes ses formes hormis le fromage non acclimaté kétugol : crème de lait ; kosam : lait caillé ; tiakuré : petit lait ; néba : beurre en motte ou clarifié ; komboïri : la soupe au lait est un plat peul.
Dans les villes, la nourriture est plus diversifiée : fruits secs, dattes, miel, riz, mil, couscous, fonio, maïs, taro, patates douces, manioc, oranges, mangues, légumes du jardin, poissons frais, viennent agrémenter des plats en sauces. Chaque groupe Peul répartis par région, cuisine des plats locaux ( plusieurs sortes de couscous ou lacciri en Guinée ( préparé avec de la farine de maïs, de mil, ou de riz ) des plats de céréales comme le fooyo préparé avec le grain de fonio ou le kuuya préparé avec de la farine de manioc. Le petit gibier autrefois chassé à l’arc, petites perdrix sauvages » gerlal » et pintades sauvages » jongal « , sont les viandes préférées des Peuls largement devant le mouton consommé lors des fêtes musulmanes ou plus couramment le poulet. Néanmoins, la frugalité reste une valeur importante (pratique du jeûne), la consommation de viande est toujours rare et vue comme exceptionnelle – Pas de consommation de porc. Les repas sont espacés d’un jour sur deux en moyenne et la journée elle-même peut ne comporter qu’un plat unique (même dans une société d’abondance). Le lait et le thé à la menthe sont les boissons les plus courantes et consommées tout au long de la journée.
Habitat[modifier]
Les Peuls habitent dans plusieurs types d’« habitations » réparties suivant les zones géographiques et le type d’économie ( sédentaires, semi-nomades ou nomades ) :
Chez les sédentaires
Les sédentaires habitent dans des fermes appelées Wuro .
La maison ronde est appelée Suudu, ( pl. Cuudi ) elle est à plan circulaire et dans la plupart des cas en paille tressée.
Les empires mauresques du Moyen Âge, les migrants en Europe, la colonisation ont amené d’autres types de constructions. En Haute-Guinée, les Peuls vivent dans des maisons en ciment, au toit fait de briques, avec petit jardin attenant et entourées de barrières ou d’une clôture formant une concession appelée galle.
L’élévation du site est aussi fréquente que significative. Autrefois, les nobles habitaient en hauteur sur une colline tandis que les autres habitations étaient construites au flanc ou au bas des coteaux. De fait l’habitat du Peul sédentaire est souvent situé à flanc de colline, de montagne ou à leurs sommets.
Chez les nomades
Les groupes nomades vivent sous des huttes rondes de branchages recouverts de couvertures en laine, jamais sous une tente. Parfois il n’y a même pas de constructions, seulement une rangée de branchages rapidement liés, et plantés dans le sable du désert pour constituer une haie de fortune100.
Élevage[modifier]
La plupart des Peuls en milieu rural sont essentiellement éleveurs et leur mode de vie est rythmé par les besoins saisonniers de l’élevage. La vache tient une grande place, non seulement dans l’alimentation et l’économie des ménages, mais aussi dans les relations sociales et dans la mythologie. La colonisation a entraîné une sorte de confusion sur l’économie pastorale. La vache fut considérée comme un animal de prestige par les occidentaux puisque chaque famille tentait d’en avoir le plus possible et refusaient de s’en séparer comme bêtes à viande, c’est-à-dire d’entrée dans une « économie rationnelle », de marché.
L’élevage de bovins zébu ( bos indicus ) est principalement pratiqué pour le lait. Il est extensif c’est-à-dire pratiqué avec un minimum d’investissement monétaire (avec dépenses limitées aux vaccins et aux médicaments) et par l’utilisation de pâturages librement accessibles. Dans un troupeau moyen l’effectif est de cinquante têtes environ, dont les trois quarts sont des femelles. Ces femelles permettent de reconstituer le troupeau rapidement en cas d’épidémie. C’est un type d’élevage « rationnel », mais multimillénaire de survie. Les taureaux mâles sont consommés lors de rites précis et constituent la dote traditionnelle. Les animaux d’une même ferme sont en général conduits ensemble aux pâturages. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient la propriété collective des habitants de cette ferme – ni d’ailleurs la propriété privée d’une seule personne. Tous, femmes et enfants peuvent détenir des animaux dans un même troupeau. La descendance de la vache offerte comme don de naissance au mari par le grand-père maternel de l’épousée sera héritée par les enfants de celle-ci101.
L’animal de prestige est le cheval.Il n’est présent que chez les Peuls sédentaires des bassins du fleuve Niger et Sénégal et autour du lac Tchad. Par son entretien délicat, le cheval demande du pâturage ou une coopération avec des céréaliers sédentaires.Le cheval peul est un petit cheval appelé aussi poney, dont la petite taille retint l’attention des premiers lettrés arabes qui visitèrent le Bilad-al-Sudan ( Cuoq 1975 ; Mauny 1961 ). Appelé parfois cheval steppique , il est pour beaucoup de spécialistes, le descendant des premiers chevaux attelés introduit dans l’Aïr et de l’Adrar des Ifora au premier millénaire de notre ère102. Rare à l’état » pur » aujourd’hui, nombre de ces chevaux sont croisés avec le barbe lourd et grand cheval rustique du Maghreb. Il sert au gardiennage des bœufs. D’autres croisements avec des pur-sangs arabes donnent des chevaux plus fins et racés pour la cavalerie ou la parade.
Sociétés[modifier]
Il n’existe pas une société peule, mais des sociétés peules ; « Planète Peule ». Le corpus peul est dit « souple » et adaptable. Il est en évolution perpétuelle, tout en conservant ses traits caractéristiques initiaux.
Les Peuls sont endogames semi agnatiques. La femme n’est pas voilée et il n’y a pas de lévirat103.
Il existe quatre mariages traditionnels peuls avec quatre divorces correspondants :
– le premier mariage est décidé par les parents ; ce mariage (dewgal) a lieu vers 21 ans104 ;
– le deuxième après un divorce ou un veuvage ;
– le troisième, le « mariage-don » (politique) ;
– enfin, le culnol, concubinage d’un noble avec une kordo, femme de condition servile est d’importation arabe.
Un cinquième mariage islamique a été rajouté aux alentours du xvie siècle. Il est rendu par le cadi, juge musulman, et possède deux divorces associés. Les « Peuls rouges » sont monogames105. Les Peuls sont monogames dans l’ensemble.
Il existe trois formes de divorce (cergal) chez les Peuls :
- La répudiation (la femme retourne chez ses parents)
- Le divorce par consentement mutuel ou arrangement familial ( le plus fréquent )
- Le divorce judiciaire (exceptionnel)106
Ils peuvent divorcer plusieurs fois et ils contractent souvent plusieurs mariages au cours de leur vie 2 ou 3 ; la polygamie est minoritaire et se rencontre surtout chez les Peuls urbains et islamisés107. Règles du cousinage (cousins de lait endam et cousins de noms, cousins de clans). Chez les Peuls Wodaabe, les enfants sont mariés très jeunes car il existe un mythe fondateur du garçon et de la petite fille. Mais la jeune fille a le droit de vivre sa vie de célibataire jusqu’à ses dix-huit ans. Chez les Bororos, lors du worso « fêtes du Printemps », les hommes dansent le guerewol (photo) où elles peuvent choisir un fiancé. Les Wodaabe sont des monogames « successifs » avec nombreux divorces ou séparations. Le concubinage est interdit et rapidement scellé par un teegal « épousailles ». On note une survivance d’une ancienne gynécocratie, l’héritage est utérin (matrilinéaire).
Les pasteurs[modifier]
La diversité peule tient à un éclatement des cadres géographiques. Autrefois disposé en archipels108 dans la zone sahélo-saharienne, le peuplement tend à se diffuser et à s’atomiser. Contesté par des cultivateurs et des agroéleveurs, le pastoralisme l’est également par d’autres pasteurs du Sahel : Touaregs, Toubous). Dernièrement, les Arabes du Tchad, descendus de façon massive dans les savanes de ce pays, ont poussé les pasteurs Peuls à descendre en Centre-Afrique, Côte d’Ivoire, Cameroun, Nigeria) où la réussite de ce pastoralisme sur de nouvelles bases écologiques en savanes humides est le plus grand défi actuel des pasteurs Peuls 109.
Castes[modifier]
La société Peule est la plus hiérarchisée d’Afrique. Ces règles hiérarchiques sont aussi plus complexes et d’un abord plus difficile pour le regard extérieur, que celles que l’on peut voir dans les chefferies Touaregs ou Maures qui connaissent aussi le maquignonnage…
Dans les villes, il existe trois classes sociales :
Les nobles :
DurooBe nobles ( transhumants )110.
Jaawambe, sing.jaawanndo, conseillers et auxiliaires armés des rimbe.
Les artisans castés :
Regroupés sous le nom de yneebè, sing. nyengno. Les nyeenbè, sont réputés pour leur endogamie strict. les artisans sont:
Wayilbe, Baylo (forgeron)
Lawbe, labbo (boisselier)
Sakkebe, Sakke (cordonnier)(tchagno)
Mabube, Mabo (grios).
Puis les laudateurs et musiciens gardiens des traditions:
Wambabe, Bambado (compteurs guitaristes)
Les serviles :
maccube, maccudo, ou kordofemelle.
L’ensemble comporte de nombreux homonymes suivant les parlers locaux ainsi que des articulations intercastes, mais relèvent toujours des mêmes distinctions sociales. Les Peuls, hormis les castes, sont regroupés en de nombreux clans ou tribus appelés legni:
Les fulbe ururbe ou worworbe présents partout, au Sénégal, Fouta-Djallon, Mali, Niger, Mauretanie, Burkina Faso, ce sont les Peuls de l’ouest, à l’est ils prennent le nom de burure ou bororo’en. Ils sont parmi les premiers Peuls qui se sont sédentarisés.
Les fulbe laace, ce sont des Peuls qu’ont trouve spécialement au Sénégal, dans la région du djolof. Ils sont liés aux Wolofs avec qui ils cohabitent, (interpénétration linguistique), ils gardent les troupeaux des Wolofs, on les trouvait aussi dans le Sine-Saloum, et le Ferlo où ils nomadisaient, ont les appellent aussi fulbe jeeri nom qu’on donne en général à tous les fulbe de cette partie du Sénégal, la plupart sont de patronyme ka.
Les fulbe jaawBe, la plus grande des leyyi peule, ils sont particulièrement présent au Sénégal, Mali, ils pratiquent l’élevage surtout ovin, mais aussi la pêche, pour les jaawBe dalli, ils se fixent parfois près des fleuves, il y a de nombreux sous-groupes jaawbe. Ils sont à l’origine de la caste peule des jaawamBe, réputés pour être de fins stratèges dans l’ancien Fouta-toro.
Les fulbe cuutinkoobe, Peuls originaires de l’ancienne région du Diara entre l’est Sénégalais, et l’ouest malien, ils sont un sous-groupe de la grande famille peule des raneebe, la plupart d’entre eux sont de patronymes Diallo, les cuutinkoobe, étaient à l’origine des jaawBe, ils sont présents au sud du Sénégal, Guinée-Bissau, Guinée.
Les fulbe yirlaabe, ils sont les Peuls les plus à l’est, Tchad, nord-est Nigeria, Adamaoua dans le Nord du Cameroun. Les yirlaabe ou ngiril, sont très présents à l’Ouest également. Ils sont tous originaires du Fouta-Toro.
Les Fulbe wodaabe, surtout présents au Niger aujourd’hui et originaires du Diafunu, certains ce nomme diafunu’en, ancienne région englobant le Sahel mauritanien, le Macina au Mali, le Nord-Est du Sénégal. Ce sont les Peuls ayant le plus conservé leurs traditions nomades et leur culture, ce sont également les plus rustiques, ils sont restés très proches de la nature, ils sont de grands bouviers, et même s’ils sont majoritairement musulmans, ils pratiquent un islam très sommaire. Ils sont présents au Sénégal ou ils sont disséminés un peu partout et ou l’on trouve de nombreux sous-groupe, au Fouta-Djalon, où beaucoup se sont sédentarisés. Dans cette leyyi les sédentaires islamisés sont appelés wolarBe.
Ces clans sont parfois divisés en plusieurs fractions et sous-fractions appelées kinde, selon leurs patronymes, les régions où ils habitent, les animaux qu’ils élèvent bovin, ovin, l’ancêtre (chef clanique) dont ils se réclament, il existe encore d’autres clans, dont les kolyaabe de koli Tenguella, les yaalalbe. Les castes sont les mêmes, pour toutes les leyyi. Certains clans peuls, sont liés par le jongu, un lien de parenté, qui les oblige à l’entraide, au respect mutuel.
Il existe 31 groupes nomades, 48 groupes semi-nomades et 29 groupes sédentarisés11
source WIKIPEDIA
Rosso : S’achemine t-on vers une Division UPR ?
Le parti au pouvoir Union Pour la République a connu à Rosso plusieurs tendances lors de son implantation en 2010.
Ainsi, la tendance dominante que dirige le sénateur Mohamed El Hassen Ould El Hadj dit Mohssen a volé la vedette à ses adversaires à savoir les tendances dirigées par le maire de Rosso Yérim Fassa et celle de l’ancien maire Sow Med Dena et son demi-frère Chouein Sow.
Mais après l’implantation les différents dirigeants du parti ont pris la précaution de resserrer leur rang en taisant leurs divergences. Ainsi, les structures de bases et les instances ont pu être mises en place sans grandes difficultés.
Hélas ! ces derniers jours le député Med Vall Ould Ahmed Ould El Alem dit Moutali a subitement surgi pour tenter de mettre en parallèle de « nouvelles structures », (histoire d’avoir une tendance qui lui est propre) c’est le moins qu’on puisse dire quand on sait qu’il a entrepris d’organiser des réunions sans consultation avec les structures en place, organiser également des rencontres d’adhésion à sa « nouvelle tendance » sans pour autant rendre compte ou consulter les structures locales de son parti à savoir la section et la sous-section conformément à l’article 6 du statut qui stipule que l’adhésion au parti est ouverte à tout citoyen mauritanien majeur conformément aux textes en vigueur, jouissant de tous ses droits.
L’adhésion requiert le respect des principes, des objectifs, des textes et de la hiérarchie du parti. L’adhésion au parti est matérialisée par la détention de la carte d’adhésion. Plus loin les textes du parti stipulent que l’adhésion est constatée dans les cas suivants:
-au moment de la création du parti
-l’adhésion à l’une des structures de base du parti
-au cours des campagnes organisées à cet effet
Ainsi, le vendredi 15 Avril dernier, il a organisé une manifestation à l’hôtel « Al-Asmaa » de Rosso au moment où se tenait une réunion de la section UPR de Rosso dans ses locaux.
Cette manifestation sectaire (au moment où Rosso est cosmopolite) qui n’a attiré aucun négro-mauritanien, a regroupé plusieurs jeunes qui ne sont pas de l’électorat de Rosso (voir photos pour ceux qui connaissent la ville et ses habitants).
Un groupe de jeunes se réclamant du RFD serait à l’origine de cette manifestation au cours de la quelle, ces jeunes ont annoncé leur ralliement au député Moutaly comme si le député en question était un parti politique. Par ailleurs ces jeunes ont fustigé la gestion des ordures par le maire pourtant présent à la cérémonie mais aussi, ils se sont prononcé contre ces politiques qui une fois élus disparaissent dans la nature comme s’il s’agit d’un message adressé au député lui-même. La section et la sous-section UPR n’étaient pas représentées dans cet événement pourtant dit UPR. Est-on devant une scission UPR qui ne dit pas son nom ? une Division UPR ?
source RJTCD via CRIDEM
Ecole 1 de Rosso : 500 élèves sous des toits qui menacent de s’effondrer [Reportage Photos]
L’école 1 de Rosso Mauritanie, située auQuartiers Medine Escale date de 1934. Nous avons visité cette école le sept avril dernier. Constat : pendant 77 ans, elle n’a presque jamais été rénovée. « De simples rafistolages » affirme son directeur actuelHoussein Ould M’barreck Diarra.
Les classes, les murs, le bureau du directeur…sont dans un état de délabrement final. Les toits laissent apparaitre la ferraille rouillée qui fait craindre un effondrement imminent sur les têtes des quelques 500 élèves. Avant chaque entrée, l’IDEN et le DREN signalent aux autorités l’état de cette école.
La mairie de Rosso, il y a deux ans a entamé la construction d’une clôture neuve, mais les travaux ont été interrompus. Les parents d’élèves, eux ne s’en préoccupent guère.
En 2010, avec l’appui du projet éducation, trois nouvelles salles de classe ont été construites. Pour le reste, le colmatage des brèches continue en attendant de venir pour sortir les corps d’innocents gamins des décombres.
Khalilou Diagana
Avec Cridem, comme si vous y étiez…
Toute reprise d’article ou extrait d’article devra inclure une référence à www.cridem.org
Source :
Rosso: ralliements au MPR
M. Kane Hamidou Baba , président du MPR est arrivé à Rosso tard dans la nuit du samedi au dimanche. L’objectif de sa mission était notamment de rencontrer des responsables de l’ancienne section locale du RFD qui ont décidé de rejoindre son parti -voir liste en annexe). On se rappelle que cette section avait pratiquement gelé ses activités lors des dernières élections présidentielles et que la plupart des membres avaient conclu des alliances avec divers candidats. Pour M. KHB et ces anciens militants du RFD, c’est donc l’heure des retrouvailles si on peut dire; le MPR qui compte s’impliquer lors des prochaines échéances électorales entend se positionner déjà sur l’échiquier politique rossossois. Le parti qui a également enregistré des ralliements d’éléments de l’APP, de l’AJD et de l’UPR prépare activement son implantation à Rosso dans les semaines à venir. Il faut dire que depuis plusieurs mois M. KHB multiplie les visites à Rosso et dans les environs. Un travail qui commence à donner ses fruits.
Annexe: Responsables RFD ralliés au MPR
Oumar Ould Mahmoud
Aboubekrine Ould Ahmed
Ba Isma
Marième Mint Ely
Maïmouna Sy
Oumoulkhayri Mint Ely
Coumba Traoré
Dieng Abdel Razak