Les circonstances de l’arrestation de Fatimata NDIAYE
Le 28 novembre fête de l’indépendance nationale coïncide aussi avec la commémoration d’un douloureux événement, celui du massacre des 28 soldats négros mauritaniens pendus au camp militaire d’Inal la nuit du 27 au 28 novembre 1990. Pour une partie de la Mauritanie le drapeau national est entaché de sang .Ainsi le 28 novembre est devenu une page sombre de l’histoire du pays. Devant l’impossibilité de recourir à la justice mauritanienne pour lever le voile sur ces pendaisons extra-judiciaires les militants des droits humains organisent depuis cette date des manifestations pour réclamer une enquête et une compensation des victimes, (orphelins et veuves).
Malheureusement, à chaque fois, de telles initiatives sont réprimées dans le sang et s’ensuit des arrestations arbitraires souvent avant même la célébration comme pour l’étouffer dans l’œuf. C’est ce qui est arrivé à Fatimata NDIAYE alors qu’elle était dans la coordination des activités de la commémoration du deuil du 28 novembre organisant des réunions périodiques. Des éléments de la police nationale, relevant du département de Sebkha, sont venus l’arrêter ce lundi 15 novembre 2021 à son domicile situé dans le quartier Couve. Conduite au commissariat de Sebkha de manière musclée et ce, en dépit des protestations du voisinage, elle sera placée en garde à vue. Dans la journée, des sympathisants sont venus faire le pied de grue devant le commissariat pour demander sa libération immédiate et sans conditions.
Au moment où on écrit cet article, la militante se trouve encore entre les mains de la police du commissariat de Sebkha. Dans la même journée d’autres arrestations ont également eu lieu dans d’autres circonstances, apprend-on de sources dignes de confiance.
Quoiqu’il en soit, le 28 Novembre continue encore de diviser la Mauritanie. L’état a certes reconnu sa responsabilité dans ces crimes odieux mais peine à donner des droits aux victimes. Pourtant l’état mauritanien avait annoncé en mai 2011 l’ouverture d’une enquête pour localiser les tombes de tous les militaires disparus mais cette volonté n’a jamais connu le moindre début d’exécution.
Oumar Bocar SY
Concertation sur la réforme du système éducatif : les dés sont ils pipés ?
Eveil Hebdo - Les ateliers régionaux de concertation sur la réforme du système éducatif, ont été lancés jeudi dernier par le ministre de l’Éducation nationale et de la Réforme du système éducatif, M. Mohamed Melainine Ould Eyih, à Nouakchott. Simultanément, les consultations ont été lancées dans les quinze wilayas du pays.
Que peut-on attendre d’une concertation où les dés semblent d’ores et déjà pipés ? De vives inquiétudes sont nourries. L’interminable débat sur les langues est récurrent dans notre pays. Prônant une vision foncièrement rétrograde, les obscurantistes risquent de nous mener dans l’impasse.
Certains appellent les autorités à clore définitivement ce débat par l’officialisation de toutes les langues : l’arabe, le français, le hassanya, le pulaar, le soninké et le wolof.
Instaurer l’école républicaine
Officiellement, ces journées de concertation, « visent favoriser un débat pédagogique serein et sérieux afin de produire un rapport général garant d’un consensus national sur les grandes lignes qui doivent conforter l’orientation politique du secteur dans sa tentative d’instaurer l’école républicaine que le gouvernement s’efforce de mettre en place pour les générations futures ».
Supervisant l’ouverture de la cérémonie, Ould Eyih a déclaré que ces « ateliers représentent une étape décisive dans le processus éducatif, à suivre les recommandations qui seront émises à l’issue de ces journées de concertation et à assurer leur mise en œuvre sur le terrain pour sortir l’éducation de l’état de détérioration qui la mine depuis des années ».
Mme Fatimetou Mint Abdelmalek a souligné que la région de Nouakchott cherchera, selon ses capacités et ses domaines d’intervention, à soutenir et à suivre le rythme de toutes les politiques gouvernementales visant à faire progresser le secteur éducatif et à hisser le pays au rang des nations développées.
Le Président de la Fédération nationale des parents d’élèves et étudiants, M. Ahmed Ould Sghair, a déclaré que l’organisation de ces journées est le fruit des engagements de Son Excellence le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, pour réformer le système éducatif, qui fait suite à un ensemble de mesures incitatives entreprises par le ministère de l’Éducation nationale et de réforme du système éducatif dans les domaines du développement des infrastructures, de l’amélioration des conditions des enseignants et de l’atmosphère générale qui se caractérise par le dialogue et la convergence des cœurs de tous les Mauritaniens sur ce qui unit et rassemble, ce qui peut être considéré comme un signe du succès de cette concertation.
Il a ajouté que la Fédération nationale des parents d’élèves et des associations d’élèves se déclare « prête à travailler sans relâche pour suivre le rythme de cette réforme et en faire un succès afin de garantir que tous les enfants mauritaniens aient accès à une éducation de qualité et restent sur le chemin de l’éducation aussi longtemps que possible ».
Au cours de la cérémonie, une plateforme numérique établie par le ministère a été lancée comprenant un forum virtuel qui restera ouvert pour recevoir la participation de tous, qui seront exploitées pour en tirer profit dans le programme de réforme.
Agenda caché et à quelle fin ?
Pour bon nombre d’observateurs, qui font prévaloir de craintes légitimes, ces concertations dissimulent un « Agenda caché ».
Cette énième réforme qui a pour but d’arabiser systématiquement l’éducation en Mauritanie tout en mettant dans la corbeille tous les acquis des réformes précédentes où côtoyait les deux langues à savoir le Français et l’Arabe, et même dans la constitution, il est mentionné que la langue Arabe comme langue nationale et le français comme langue de travail.
Ce qui devrait être les préoccupations des gouvernants actuels c’est de rehausser le niveau scolaire des apprenants, que tout le monde aujourd’hui sait qu’il est à la limite lamentable au lieu de s’atteler à politiser le système éducatif national.
Samba Thiam, Président des Forces progressistes du Changement, est catégorique : « il est quand même étrange de constater, qu’au moment où on parle de Dialogue national inclusif imminent qui devra plancher sur toutes les questions d’importance nationale, le ministre de l’Education nationale se hâte de mener, tambour battant, sa réforme au travers d’une consultation tous azimuts !…comme pour se soustraire a d’éventuelles conclusions ou imposer aux dialoguistes une conclusion. Préconçue. La question de la réforme de l’Ecole est une question éminemment politique et délicate qui requiert un consensus politique national et ne saurait donc s’accommoder de méthode à la va-vite , dans la précipitation comme à la sauvette … Ce n’est pas une course de vitesse encore moins un problème de paternité de l’œuvre. Le bons sens et le jeu franc auraient demandé qu’il se hâte lentement dans l’abord de cette question cruciale qui divise … Cette manière de faire, suspecte, interpelle ! », a affirmé Thiam.
« L’esprit de cette concertation nationale sur la situation de l’enseignement, qui a fait l’objet d’une large diffusion, soulignant son caractère inclusif et ouvert à tous les aspects soulevés depuis des décennies par la crise multiforme qui affecte ce secteur stratégique de la vie de notre pays.est bien entendu en soi, la bienvenue », souligne d’emblée, le PR Lo Gourmo, Vice-Président de l’UFP (voir ci-dessous.
Dans une tribune intitulée : « Concertations sur l’Education : Pour quelles raisons ? », le Pr Lô s’interroge : « Néanmoins, on ne peut manquer de s’interroger sur les raisons pour lesquelles ces concertations vont être ouvertes, à Nouakchott et à l’intérieur du pays, en principe, à quelques semaines d’un Dialogue national d’ores et déjà convenu entre pratiquement toute la classe politique et qui sera ouverte à la société civile – et dont l’un des sujets essentiels sera précisément cette question de l’enseignement.
Que signifie donc cette initiative du ministère dont la fonction technique l’empêche, par définition, de poser et proposer une vision globale qui soit à la hauteur des attentes de l’ensemble de notre nation et qui aurait précisément fait l’objet d’un large consensus ? Sans remettre en cause cette concertation sectorielle, il me semble indispensable et urgent de la réajuster et de la remettre dans le cadre du dialogue national que le Chef de l’Etat lui même ainsi que son Premier Ministre ont d’ores et déjà annoncé et dont l’organisation pratique est en cours. Si un tel ajustement n’intervenait pas rapidement, ce serait l’esprit même du dialogue national qui risquerait d’être affecté à la veille de son ouverture.
Ces quelques remarques sont tout aussi valables pour toute autre initiative d’un département ministériel qui aurait pour finalité réelle de chercher à court-circuiter ou à saborder le dialogue/concertation national en vue… ».
Saydou Nourou T.
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Contribution au débat sur la réforme de l’éducation en Mauritanie
Dans le cadre des efforts actuels de reforme du système éducatif, les quelques propositions ci-aprés pourraient être considérées comme une contribution de ma part, au débat.
Dans tous les cas, il importe de se départir de certaines considérations subjectives et de certains préjugés pour privilégier les intérêts communs à tous, aussi bien à court qu’à moyen et long terme.
1. Toutes les langues nationales doivent bénéficier du même statut de langues officielles. Ce statut d’égalité doit être exprimé dans la constitution.
2. Toutes les langues nationales doivent être considérées comme langues d’enseignement
3. L’expérience de leur enseignement doit être reprise et renforcée avec des garanties juridiques expresses ( loi d’orientation stratégique en matière linguistique).
4. La loi d’orientation stratégique doit fixer comme double objectif du système éducatif en matière de langue :
- La souveraineté linguistique du pays qui signifie que la science, la culture et toute activité de connaissance devraient pouvoir être exprimées dans nos langues nationales ou être traduites dans ces langues, à terme ( dans les 10 prochaines années au plus ).
-L’intercommunicabilité entre les citoyens mauritaniens qui signifie que les mauritaniens n’auront plus aucune difficulté à communiquer entre eux dans les langues de notre pays sans recourir à aucune langue étrangère.
5. Pour réaliser ce double objectif posé dans la loi d’orientation stratégique en matière linguistique, le système éducatif devrait être réaménagé afin que :
1) Chaque élève soit scolarisé avec au moins 2 langues nationales d’apprentissage : sa langue maternelle comme langue de base sauf choix contraire des parents et l’arabe pour tous. L’arabe doit être assortie pour les enfants arabes, de l’apprentissage obligatoire de l’une au moins des langues negroafricaines. Aucun élève n’accèdera au cycle secondaire sans la réussite aux épreuves dans l’une et l’autre de ses 2 langues d’apprentissage. Celà garantira l’égalité complète en termes d’efforts d’apprentissage pour tous les enfants, durant tout le cycle primaire. Ce système devra être mis en œuvre à la fin d’une période qui sera définie sur la base de critères techniques et scientifiques clairs.
5. Dans le cadre de la mise en œuvre de la loi d’orientation stratégique, la place et la fonction de la langue française doivent être réévaluées et corrigées pour devenir la 1 ere langue étrangere de communication et d’ouverture notamment avec les Etats de l’espace sahelien et du reste du monde.
6. L’institut des Langues nationales doit être rehabilité, restructuré et renforcé en ressources humaines et financières et s’ouvrir aux expériences des autres pays de la région et du monde.
7. La mise en œuvre de cette loi d’orientation stratégique doit se faire en deux grandes périodes :
- une période expérimentale, dans le cadre de laquelle le schéma actuel sera graduellement abandonné, en même temps que seront mis en place les éléments de base du système à instaurer. Cette 1ere période pourrait durer entre 2 et 5 ans.
- une 2 ème période sera celle de la fin de l’expérimentation et le début de la mise en application intégrale du nouveau système éducatif national à la fin de la période initiale ( 2eme ou 5 eme année).
Lô Gourmo Abdoul, vice-Président de l’UFP.
Nous, Berbère de Mauritanie !
Nous, berbères de Mauritanie!
Par Moulaye El Hassene
Nous, berbères de Mauritanie, avions commis l’erreur fatale d’accepter d’être arabisés par les colonisateurs arabes venu du Moyen Orient.
Ils nous ont arabisés malgré nous, nous ont imposé leurs noms et leurs prénoms, leur culture, nous ont raconté pleins pleins pleins d’histoires religieuses dont on a absolument aucune idée « de si c’est vrai ou faux, ou si c’est juste de la politique ou des rendements de comptes entre eux là-bas ».
Ils nous ont apporté avec eux leurs querelles et leurs guerres qui ne nous concernent pas. Et ils nous ont appris une nouvelle forme d’esclavage extrêmement perverse, dangereuse et dévastatrice: l’esclavage Halal, autorisé selon eux par Allah lui même, et c’est écrit dans leurs livres Malekites qu’ils ont apporté avec eux.
Avec cet esclavage ils ont mis notre peuple à genoux, physiquement, moralement, et psychologiquement. Au point que notre pays a été le dernier sur la planète Terre à abolir l’esclavage, et avec beaucoup de graves séquelles sur notre société.
Puis, comme des « dindons de la farce », nous sommes tombé dans leur piège. Nous avons commencé à essayer d’être comme eux, oubliant que cette terre est la notre, la terre de nos ancêtres, qui n’ont rien d’arabe, ni la langue, ni la couleur de peau, ni la culture, ni l’Histoire ni la Géographie. Et que quoi qu’on fasse, nous ne seront JAMAIS arabes.
Le nationalisme, venu d’Irak et de Syrie, s’est emparé de nos intellectuels complexés et en perte de repères culturels. Et le Wahabisme et Salafisme venus d’Arabie Saoudite ont contaminé, tel un cancer, les cerveaux de nos érudits dépourvus de tout capital scientifique et de tout patrimoine philosophique.
Nous sommes tellement tombé bas qu’en 2017, le rite Malekite nous a été imposé comme seul et unique rite religieux accepté dans le pays. Grâce à leur « pilule magique », l’exploitation du sentiment religieux de nos populations non-averties, on a avalé ça sans broncher. Et nos citoyens risquent donc depuis Juin 2017, 5 ans de prison ferme s’ils contredisent quoi que ce soit dans le rite Malekite.
Pourtant, Malik Ibn Anass, avec tout le respect qu’on lui doit, n’est ni un ange, ni un prophète envoyé par Dieu, ni un citoyen d’origine de notre Terre, ni même de notre continent, l’Afrique. Alors au nom de quoi, contredire son avis religieux doit valoir 5 ans de prison ferme à nos citoyens ?!
Demain, on ne sait pas encore qu’est ce que ces arabes vont encore nous imposer chez nous, sur la terre de nos ancêtres.