Les aventures de Mr Bulletin 13Mai
Rachid Ly – Je m’appelle Bulletin 13Mai, citoyen mauritanien, résidant à Nouakchott à côté du Restaurant « Safii Dey », non-candidat aux élections générales du 13 Mai 2023, fervent électeur indépendant, passe-muraille et être iconoclaste capable de voir sans être vu, sous la lumière et dans le noir, et pouvant se trouver à des endroits différents au même moment.
Dans un pays où les hommes politiques – grands sauriens à la face de rat – ont fait de la duplicité une valeur et la tromperie une stratégie, mes qualités – rares – sont un atout pour déjouer les pièges et rendre la monnaie de leur pièce à ceux qui estiment pouvoir rouler dans la farine les « voteurs » (dont certains, prompts à manger à tous les râteliers, s’apparentent aussi à des vautours)…
Alors que les derniers lampions de la campagne électorale s’étaient éteints et que la « Scène-i » avait assuré que « tout était prêt pour une élection libre et transparente », j’étais partagé : dois-je donner ma voix à « La Vache » (pour une question de « Yaadu e bannde en »), au « Cheval Noir cabré » parce qu’il y a là-bas les charmantes et incorruptibles Coumba Daada et Kadiata, au « Tamaroowi » (Nakhla-Le-Palmier) ou tout simplement à « Insaf-La Balance » (fille illégitime de l’UPR(DS), elle-même rejeton de l’innommable « Hizb-el-Joumhour ») ?
Dois-je accorder mon vote à l’un des autres partis que mon ami Wooroo Ndaw Haala appelle, avec dédain, « Hoore woɗɗaani daande » (autrement dit, « les partis Koullou chi miyyé ») ?
Eh oui, j’étais aussi assailli par le pessimisme entretenu par l’habituelle rengaine « A quoi bon voter ? Puisque le vainqueur est déjà connu » ? Mais là, je m’étais rassuré (un peu quand même) qu’il ne s’agit point d’une science certaine, puisque la dernière Coupe du Monde nous avait montré que l’idée que « Le foot se joue à 22, mais c’est toujours l’Allemagne qui gagne » était bien fausse, Thomas Müller et ses copains ayant été virés de la compétition au premier tour… Tour pour tour donc, pourquoi une telle mésaventure n’arriverait-elle pas au parti au pouvoir et ses « jogo paɗe en » ?
… La veille du grand jour, les représentants des partis « Wallee waɗa » sont venus à la maison, les mains vides et les dents en avant – comme d’habitude. Ces gens parlent bien ; et ils savent surtout parler mal du « Laamu nguu » (« Al houkouma », en arabe académique).
Pour eux, c’est à cause du « Laamu nguu » que le poisson « yabooy » a déserté nos côtes, que Moussa n’a pas eu des papiers, que le champ de Hamady a été exproprié au profit de la société VALABA-SA, que « beaucoup de nos enfants », au lieu d’aller à l’école, préfèrent faire du Rap à l’image du Groupe « Mburu foff ko fariñ » qui, en plus de raper, dérape le plus souvent.
Après ces gens, une délégation composée de 2 individus et d’une chèvre est venue. Leur discours était qu’ils luttaient pour que désormais « Elo inaa waawa resde gundo » et que « Gundo resa Elo » ; ils prônaient, si j’ai bien compris, la démocratie de « Kummba liingel suddaama / poɓɓanee Yero hoɗɗaandu… ».
Enfin, alors que la famille était endormie, « les gens du Laamu » ont débarqué. Comme à leur habitude, et habitués à faire tout dans le noir, ils étaient venus avec des enveloppes. Ces « postiers électoraux » n’avaient pas grand-chose à dire : ils avaient tellement raconté les mêmes histoires que maintenant leurs propres bouches avaient honte de s’ouvrir devant les honnêtes gens.
Après avoir déposé une enveloppe, ils prirent congé, non sans marmonner dans leur glabre menton : « Hééé !! Cette fois-ci, ne faites pas comme la dernière fois : vous aviez mangé notre argent mais voté pour ‘jom laafa’ (L’homme-à-la-chéchia)… ».
Le jour s’était levé. D’un pas ferme, je m’étais dirigé vers le centre de vote où des individus, tenant des spécimens de bulletins entre les mains, proposaient leurs services aux électeurs.
A croire que la campagne électorale n’était pas terminée. Des files d’attente s’étaient déjà formées devant les bureaux de vote où quelques soldats armés mâtaient les électeurs d’un œil parfois circonspect, parfois torve.
A l’intérieur, les membres du bureau et les représentants des candidats (sagement assis sur des bancs le long du mur, comme des écoliers) supervisaient les opérations. Quand on me remit une brassée de bulletins (6 pour être précis), j’eus l’impression d’avoir entre les mains de la paille à donner à des moutons et, une fois dans l’isoloir, je m’embrouillais, ayant de la peine à différencier « La Vache », « Le Cheval Noir cabré », « L’Antilope bondissante » et « Le Chameau ».
Il y avait là aussi, le « Palmier » vert qu’on pouvait confondre facilement avec le « Minaret » de la même couleur. Heureusement qu’aucun parti n’avait eu la géniale idée de prendre comme « totem » un « Ane », un « Bouc » ou un « Crocodile ».
Je sortais, en sueur, de l’isoloir et plaignais ma vieille cousine Sippa dont la grand-mère, disait-on, qui avait succombé au discours des militants prônant l’indépendance au début des années 1960, avait fini sa vie en soupirant : « Dites-donc, quand est-ce que l’indépendance va se terminer ? »…
La nuit tombée, place au décompte des voix. Les oreilles étaient tendues vers le centre de vote d’où, habituellement, les résultats étaient annoncés 2 heures après la fermeture des bureaux. Mais cette fois, l’attente était longue… 23 h, minuit, 2 h… toujours rien. Le lendemain matin, encore rien.
Vers 15 heures, une clameur s’était répandue : « Laa hawla laa quwwat illaa billaahi ! Ils ont encore gagné ! Ils ont encore volé !! ».
Pour ma part, après le crépuscule, je m’étais rendu à côté du centre de vote. Camouflée sous un « gijili » touffu, une urne sanglotait : « Maudite soit cette Scène-ni… Non contente de laisser les politiciens bourrer le mou du peuple, la Scène-ni nous bourre jusqu’à la gueule, comme nos consœurs de Kobeni en 1992. Snif ! Snif ! ».
Je m’étais éloigné très rapidement de ces lieux hantés (Koboni n’étant pas très loin de Koumbi-Saleh où le Serpent Wagadu-Bida imposait ses desideratas aux souverains du Ghana), m’imaginant les complaintes de la « Moua’arada » dans un gigantesque meeting : « Nous n’accepterons jamais cette pantalonnade, ce simulacre d’élections… Nous demandons l’annulation pure et simple de cette élection », avant que les forces de l’ordre, harnachées de cuir et de fer, n’interviennent à grand renfort de matraques et de gaz lacrymogène.
Et s’ensuit, comme d’habitude : « Krip krip, mrap mrap, mukke njaawondiri… ». Merci Athia Wélé.
Rachid LY
Source Cridem
Ahmed Samiou : « je me livrais à un trafic d’or et de devises au profit du gendre de Mohamed Abdel Aziz »
Shems Maarif – Jour 18 du « Procès de la décennie » : L’audience a débuté à 10h05 par la convocation du témoin Ahmed Samiou, né le 18 novembre 1983, commerçant résidant à Nouakchott.
« Connaissez-vous l’un des accusés ? » lui a demandé le juge: Il a répondu : « Je connais Mohamed Ould Msabou et les autres, j‘en ai entendu parlé.
Le juge s’est adressé à lui en disant : « Le tribunal veut vous entendre sur votre relation avec Mohamed Ould Msabou, son épouse, et le reste de la famille de l’ancien président.
Le témoin a commencé par dire que Mohamed Ould Msabou est son ami, avec qui il avait des transactions commerciales, et qui lui confiait certaines tâches qu’il faisait très bien c’est aussi le cas de Asma a-t-il ajouté.
– Le juge lui a demandé : « A quand remonte cette relation, combien de temps a-t-elle duré et quels en sont les détails ? » Il a répondu : « J’ai connu Mohamed Ould Msabou par le biais Asmaa Mohamed Abdel Aziz, qui étudiait à Dakar, et Je lui transférais de l’argent là-bas, avant que Mohamed Ould Msabou ne l’épouse et ne commence à paye lui-même , Mohamed Msabou m’a confié le transfert d’argent à l’étranger, parfois à Dubaï et parfois en Europe, afin d’acheter des voitures, et il m’a également chargé d’acheter des terrains ici à Nouakchott, dont certains font partie de ceux que la TVM avait vendu. Ces derniers je les ai acheté et remis à un certain Mohamed Al-Mishri Ould Saleh.
Le juge lui a demandé : « Quand est ce que votre relation avec Ould Msabou a-t-elle commencé ?
» Il a répondu : « Elle a commencé dans les années 2014-2015 et s’est approfondie dans les années 2017-2018.
» Le juge lui a demandé : « Les transactions commerciales que vous évoquiez tout à l’heure se limitaient à vous, Mohamed et Asma ? » Il a répondu : « Oui, Asmaa m’a mandaté en 2017 pour acheter le marché Khadija, qui est situé près de Carrefour Chingiti Panda, et je l’ai acheté pour un montant de 210 millions d’anciennes UM »
Le juge lui a demandé : « Avez-vous une relation avec Mohamed Mechri ? » Il a répondu : « Je n’ai aucune relation avec lui, mais c’ était un intermédiaire entre moi et Asma et Mohamed ould Msabou.
– Le juge l’a interrogé sur la nature des transactions commerciales qu’il effectuait avec Ould Msabou, et il a répondu : « Parfois, lui et moi cherchions sur Internet des voitures à vendre et nous les achetions à Dubaï et en Europe. Il envoyait des membres de la sécurité présidentielle avec moi pour faciliter le transfert de devises à travers l’aéroport et ils m’accompagnaient jusqu’à la pacerelle l’avion. »
Le juge lui a demandé : « Selon les pièces du dossier et comme je l’ai mentionné, des quantités d’or ont été transférées à l’étranger. Pour qui étaient ces pièces ? » Il a répondu : « Oui, en 2017 c’était mon premier voyage Ould Msabou m’a demandé de transporter l’or à Dubaï , nous avons vendu l’or la bas avec son argent nous avons acheté des voitures et une partie de son prix je le lui avais transféré il m’avait donné l’or et l’avons UM comme commission pour chaque voiture vendue, et pour chaque voiture achetée à Dubai j’avais une commission de 500 dirhams, soit 50 000 UM
– Le juge l’a interrogé sur une usine de poisson à Nouadhibou Il a répondu : « Je ne connais pas le nom de cette usine, mais un avocat qui s’appelle Ould Khairy m’a appelé et m’a informé qu’il y a des étrangers qui me reclamaient des dettes s’élevant à environ 700 000 euros pour une usine à mon nom à Nouadhibou, je n’étais pas au courant de cette usine , et quand j’ai regardé le registre du commerce, j’ai effectivement trouvé mon nom, mais le numéro n’était pas le mien ».
« Mohamed a une copie de mon passeport et de ma carte d’identité qu’il a obtenus dans le cadre de transactions commerciales entre nous. »
Le juge lui a demandé : « Combien de fois avez-vous transporté de l’or à l’étranger ? » Il a répondu : « J’ai transporté de l’or deux fois »
. Le juge lui a demandé : « Avez-vous quelque chose à ajouter ? » Il a répondu : « Non ».
– Le Procureur de la République lui a demandé : « Quand les transactions entre vous et Ould Msabou ont pris fin ? » Il a répondu : « En 2020. »
« Combien de fois la Garde présidentielle vous a-t-elle accompagné à l’aéroport et quelle a été la nature des tâches qu’ils accomplissaient ? » a demandé le procureur Il a répondu : « Je pense qu’ils m’ont accompagné 5 fois, et ils avaient l’habitude de prendre les sacs qui contenaient des devises et de l’or, et ils facilitaient le passage à l’intérieur de l’aéroport et évitaient l’inspection jusqu’aux portes de l’avion. » Quelle est la plus grande quantité d’or et de devises que vous ayez transportée ? » Il a répondu : » La plus grande quantité était de 20 kg d’or, et en devise j’ai transportais 2 millions d’euros »
Le témoin, Ould Samiou, a refusé de répondre à toutes les questions de la défense de Mohamed Ould Msabou, à savoir, les deux avocats, Mokhtar Ould Ely et Ahmed Ould Ahmed Miska, qui ont posé plus de 25 questions à l’accusé qui s’est contenté de répéter : « j’ai pas de réponse à cette question »
© Sid_El_Moctar_Sidi traduction Shemsmaarifnfo
Point de mire. Affaire de la décennie/Quand un procès révèle l’inimaginable (Deuxième Partie)
Dix-huitième jour d’un procès qui devient de plus en plus curieux. Je dirais même captivant par des révélations inattendues et plus surprenantes les unes que les autres. Ould Abdel Aziz est un voleur. C’est ce que certains hommes politiques, (des voleurs aussi), ont cherché à démontrer.
Au 19 ème jour de ce procès, véritable bombe à retardement, petit à petit il apparait clairement maintenant aux yeux des mauritaniens que tout le vacarme qui avait précédé la mise en accusation de l’empereur de des fortunes colossales et sa jetée manu-military derrière les grilles n’étaient que des moyens mis en œuvre pour chercher par des voies légales à détruire un homme devenu encombrant et qui était dans le collimateur d’hommes politiques notamment des sénateurs très mécontents mais également des officiers supérieurs agacés par l’arrogance d’un des leurs qui ne marquait plus le pas et « désertait » la caserne.
Toutes les affaires pour lesquelles Ould Abdel Aziz a été cité à comparaitre, l’incriminent. C’est une évidence. Une évidence étayée par des preuves réunies par des enquêteurs de la police celle-dite de « Ely Ould Mohamed Vall ». Une police que l’ancien président exploitait à son profit pour toutes sortes de missions extrajudiciaires mais qu’il négligeait complétement en la reléguant au second plan par rapport aux autres composantes des corps constitués.
Sur ce plan donc, au regard des charges retenues contre lui et au vu du volume des preuves et des pièces à convictions rassemblés, l’accusé Mohamed Ould Abdel Aziz ne peut apporter aucun démenti aux accusations portées contre lui. Il le sait parfaitement bien et il en est conscient, ses avocats aussi. Et, cela parce que simplement, si –comme dit le proverbe -tous les chemins mènent à Rome-, dans ce procès toutes les preuves réunies en rapport avec chacune des affaire mènent à Aziz soit directement soit par personne interposée.
Des témoins intouchables qui chargent un accusé en s’accusant eux-mêmes
Depuis le début de ce procès certains témoins ont défilé. De ces témoins, trois se dégagent du lot. En premier Hacena Ould Ely, sorte de responsable qui faisait pour Ould Abdel Aziz office de « Majordome ». C’est-à-dire un bon à tout faire et en toutes circonstances.
Créé de toutes pièces par l’ancien président (l’accusé), toutes les fonctions qui avaient été confiées à ce responsable étaient taillées sur des rôles spécifiques qu’il était appelé à jouer.
Quand Hacena Ould Ely était passé à la barre il avait joué à la diversion en anesthésiant le public avec l’histoire des enfants de Ould M’Sabou, un témoignage qui n’apporte rien à une réunion de preuve et qui n’était d’aucun intérêt ni pour l’un ni pour l’autre des deux pôles de défenses.
Hacena Ould Ely avait joué à la diversion peut être pour faire somnoler les avocats de la partie civile qui elle, ne s’était pas montrée curieuse de savoir où était passé le million de dollars versé au capital de la Société Mauritanienne pour le Développement et la Coopération, Société dont les actionnaires américains étaient des escrocs introduits en Mauritanie par l’escroquerie d’une diplomatie de complaisance.
Président du Conseil d’Administration de cette Société taillée sur mesure de l’arnaque en règle, Hacena Ould Ely, président du Conseil d’Administration de cette fictive Société, annoncée d’utilité publique est quand même sensé savoir quand cette somme colossale de 1.000.000 de dollars a été retirée de son compte de domiciliation et au profit de qui elle a été retirée.
Se dégage aussi du lot l’homme d’affaires Selmane Ould Brahim. Selmane Ould Brahim c’est clair et même très clair. Il l’a dit lui-même c’était un prête-nom pour des affaires de vol en bande organisée. Il était venu le 6 avril 2023 à la barre pour dire ce que le tribunal voulait qu’il répète face à l’accusé. Rodé dans les agissements des crimes de corruption, la complicité dans l’usage du faux, la corruption passive et active Selmane Ould Brahim a servi à une époque d’écran de fumée pour l’ancien président dans des transactions à effet boomerang. Il avait témoigné rassuré que ses témoignages à valeur d’or pour la partie-civile seraient difficilement démontables par le pôle des avocats de la défense de l’accusé, pôle pour lequel le témoin n’avait aucune obligation de donner des réponses aux questions qu’il pouvait poser.
Mountonsy aéroport passoire, Casa, Istanbul et Dubaï des couloirs sécurisés ?
Et, enfin, le plus surprenant de tous les témoins, Ahmed Samiou mauritanien né 1983 et versé dans la magouille de toutes natures et sous toutes ses formes depuis qu’il avait atteint l’âge de 31 ans.On peut résumer son témoignage par l’affirmation qu’ Il suçait Ould M’Sabou et Smaou Mint Abdel Aziz avant d’avoir décidé de vendre son âme au diable qui rode dans les couloirs de la police des crimes économiques et financiers.
Le témoignage d’Ahmed Samiou a été très riche en informations et en révélations surprenantes. Le témoin sans froid aux yeux et sans vergogne reconnait devant la justice, une justice sensée juger des faits, crimes et délits liés au trafic de de devises, au vol en bande organisée et au crime transfrontalier qu’il avait joué le rôle de Mule payé pour ses prestations de services.
Une Mule qui passait par les mailles des filets des contrôleurs de l’aéroport international de Nouakchott sous escorte des éléments du Basep. Cette Mule, d’après elle, avait fait sortir du territoire national 25 kilogrammes d’or, une valeur estimée à 1 485 300 dollars américains soit près de 505 000 000 d’anciennes ouguiyas et 2.000.000 de dollars en coupures.
Il témoigne donc comme s’il racontait l’histoire d’un exploit personnel qu’il avait réussi pour saigner le pays devant des juges censés traquer des « escobars » de son espèce. Ahmed Samiou a été un témoin clé et capital pour la partie civile et peut être aussi pour le Ministère Public. Un témoin qui s’est accusé devant la justice d’un tribunal d’exception qu’il est auteur de crimes transfrontaliers graves.
Ce témoin, qui ne pouvait pas s’expliquer même sur des curiosités élémentaires s’est abstenu de répondre aux 59 questions qui lui avaient été posées par les avocats des deux pôles. Cet homme que le transport de 25 kilos d’or sur les épaules n’a pas fatigué sur le parcours Nouakchott-Casa-Istanbul et Dubaï a été tellement fatigué par la narration de faits invraisemblables qui l’accusent pourtant qu’il ne pouvait pas répondre aux questions des avocats.
Seulement voilà ! Comme la question a été posée par la Jolie Sandrella, quand même la curiosité pousse réellement à chercher à savoir comment la « Mule », Ahmed Samiou a-t-elle pu contourner les services sécuritaires et douaniers des aéroports des pays traversés et du pays de destination finale ?
D’autres « Baseps » dans ces pays jalonnaient-ils le parcours du voyageur par un relai pour « débarquer » et le faire « embarquer » ce trafiquant de métaux précieux et des devises fortes ou bien ce passager serait-il invisible et indétectable par les systèmes des portillons de contrôles des zones d’embarquement des aéroports ? La question se pose.
Et, cette question ne devait pas non seulement susciter la curiosité des avocats de la défense de Ould Abdel Aziz, mais même celle du président du tribunal et celle du procureur de la République ne serait-ce que pour savoir s’il n’y avait pas une chaine de complicités mise en place par une mafia bien organisée et bien structurée sur l’itinéraire de ce trafiquant de grande envergure.
Parce que si Ahmed Samiou avait le « privilège » de se faire escorter jusqu’à la passerelle de l’avion par une force spéciale investie d’une « mission spéciale », ce dernier pouvait bien profiter de ce statut de protégé pour transporter pour son propre profit ou pour le compte de personnes peu scrupuleuses des produits prohibés ou des produits illicites. Pourquoi pas. La question mérite bien d’être posée.
Faire « craquer » Ould Abdel Aziz, un objectif à atteindre ?
Donc, au 19 ème jour du procès et, au regard de ce qui se passe on a comme l’impression que le choix des témoins appelés à la barre, et la nature de leurs dépositions ont été étudiés et motivés par une volonté d’essayer de faire « craquer » l’accusé Ould Abdel Aziz pour le faire reconnaitre son implication seul, directement ou indirectement dans les affaires pour lesquelles il est poursuivi.
Mais même si l’ancien président se décidait par exemple à reconnaitre tous les faits qui lui sont reprochés rien que pour disculper ses anciens collaborateurs coaccusés et pour se retrouver finalement seul face aux juges, est ce que cela doit autoriser au tribunal des compétences qui lui confère la possibilité de laisser des témoins à charge empêtrés dans des délits et infractions graves et qui le reconnaissent de s’en tirer à bon compte et si facilement parce qu’ils avaient coopéré avec cette justice de deux poids deux mesures ? La question est celle-là aussi.
Mohamed Chighali
Journaliste indépendant
INSAF perd le Nord
Le scrutin du 13 Mai s’est déroulé globalement dans le calme. Et le moins qu’on puisse dire est que les Mauritaniens se sont fortement mobilisés. Souvent librement mais aussi poussés par des acteurs politiques. Dans un cas comme dans l’autre, ils ont bel et bien voté. Un bon signe pour la démocratie.
En attendant la proclamation des résultats provisoires, on semble s’acheminer vers une victoire écrasante de l’INSAF. Orle parti du pouvoir avait été curieusement donné pour menacé, tant le choix de ses candidats avaient été contestés et nombre de ses acteurs l’avaient boudé pour se faire investir par d’autres partis, de la majorité présidentielle principalement.
Une attitude qui avait fait sortir le parti et le gouvernement de leurs gonds. Le Premier ministre en était même venu à descendre sur le terrain pour battre campagne, menaçant de sanctions tous ceux qui auraient contribué à la défaite de l’INSAF.
Une sortie fortement décriée mais qui a permis au président Boydiel de rappeler que le PM était tout-à-fait dans son rôle, comme dans toutes les grandes démocraties où les Premiers ministres sont responsables devant le Parlement et donc tenus de conduire la campagne de leur parti.
Mais ce que les Mauritaniens n’ont pas apprécié, c’est le ton et la manière de s’exprimer devant les cadres et militants. On craignait donc que les menaces et intimidations proférées puissent impacter négativement sur les résultats de la campagne et sur les rapports entre les partis de la majorité présidentielle que le PM taxait d’adversaires.
Au vu des résultats, c’est loin d’être le cas. Attendons maintenant à quoi vont s’exposer ceux dont les noms seront rapportés par les coordinateurs régionaux et comment la majorité saura gérer les frictions apparues au cours de la campagne. Des têtes vont-elles tomber? C’est très peu probable : la présidentielle de 2024 est bel et bien en ligne de mire…
La victoire de l’INSAF démontre surtout la frilosité et l’hypocrisie de la classe politique. La gestion du gouvernement Ghazwani est loin d’être satisfaisante –lui-même l’a reconnu au cours d’un conseil restreint des ministres et plusieurs poids lourds de son équipe l’ont maintes fois répété – l’exécution des projets traîne, tout comme l’absorption des financements.
En dépit de tout cela, le parti va gagner avec une confortable majorité. Il n’a cependant pas proposé des discours ou des programmes à même de changer le mode de gestion des communes et des conseils régionaux afin d’améliorer les conditions d’existence des gens.
Portraits géants, caravanes, klaxons, belles tentes, soirées folkloriques… Le choix des députés s’est fait dans la complaisance, avec pour probable conséquence l’entrée au Parlement de personnages sans prise réelle sur les réalités populaires, incapables d’accompagner et de soutenir de manière constructive le gouvernement, autrement que par des applaudissements et des votes mécaniques des lois.
Quels sont alors les supports de la victoire d’INSAF ? Contrôlant tous les moyens, distribuant fonctions et marchés, capable de menacer et sanctionner, le parti au pouvoir – INSAF aujourd’hui, PRDS et UPR hier – demeure le parti-refuge de tous les opportunistes… Les tribus, les généraux et autres y ont leurs entrées. Le régionalisme, le clientélisme, le népotisme et le dosage ethnique en sont les recettes.
Le second facteur de cette hégémonie, c’est la faiblesse de l’opposition. Les partis dits traditionnels de celle-ci ont montré leurs limites, certains vont même disparaître de l’arène politique suite à ces élections. Non seulement leur discours et leur vision n’ont pas réussi à proposer une réelle et pragmatique alternative au système en place mais ils n’ont pas plus su renouveler leur personnel.
Signe de cette stérilité, rares sont les partis – du pouvoir comme de l’opposition – qui auront accordé ne serait-ce qu’une moindre importance aux programmes et aux débats. L’UFP a d’ailleurs déploré l’absence de ceux-ci entre les candidats.
Opposition entre espoirs et déceptions
Tandis que l’INSAF s’est concentré sur la mobilisation des électeurs, drainant par tous les moyens des milliers d’entre eux, Tawassoul reste le seul parti fermement ancré dans l’opposition, même si son discours a fortement évolué depuis l’arrivée de Ghazwani au pouvoir.
Plusieurs de ses pontes ont d’ailleurs quitté le parti, pour rejoindre la barque de celui-là ou conserver leur « marge de manœuvres ». Mais il reste tout de même la première force politique de l’opposition. Saura-t-il garder cette place ? On attend les résultats pour mieux en juger.
Au cours de ces élections, on a cependant noté l’émergence de la coalition Espoir 2023.Principalement constituée de jeunes loups – exceptée l’icône Kadiata Malick Diallo, annoncée réélue avec maître El Id Mohamed M’Bareck et le jeune activiste Ghali Diallo – cette coalition reflète, de l’avis des observateurs, l’image réelle du pays – unité nationale… –et semble avoir démontré que les discours extrémistes de tous bords ne paient pas.
Elle pourrait proposer une alternative, si elle réussit à maintenir sa cohésion et à se structurer davantage. Elle paraît déjà en mesure d’envoyer quelques députés à l’Assemblée nationale, si l’on s’en tient aux résultats provisoires qui circulent dans les salons et les réseaux sociaux.
Déception, par contre, du côté de la coalition Sawab-RAG. En dépit de la forte mobilisation constatée lors de ses meetings, le résultat ne semble pas au rendez-vous des urnes. Le président d’IRA paie-t-il son rapprochement avorté avec Ghazwani ?
Que fera le président Ghazwani d’une majorité écrasante ?
Du côté de la majorité présidentielle, l’UDP semble bien partie pour conserver sa place en tant que seconde force de la majorité. Elle a prouvé une fois encore ses capacités de mobilisation et de résistance, en dépit des coups de boutoir dont elle a fait l’objet.
La question la plus pertinente aujourd’hui ne réside cependant pas dans le rapport de forces entre les différents partis de la majorité mais en ce que fera le président Ghazwani de la victoire de son parti et de l’apport de ses « satellites ».
Enclenchera-t-il enfin, à moins d’un an de la prochaine présidentielle, le changement que les Mauritaniens espéraient de lui ? De l’avis d’un observateur averti, rien ne le présage et le Président ne semble guère y tendre. Son proche entourage ne l’y pousse pas et aucune pression de la rue ne l’y oblige. Tout paraît calme et l’organisation d’élections consensuelles plaide en sa faveur.
Bon déroulement des scrutins ?
Le gouvernement, par la voix du ministre de l’Intérieur, et la CENI ont exprimé leur satisfaction du déroulement dans la sérénité du scrutin, balayant les critiques de l’opposition qui dénonce de « nombreuses irrégularités et dysfonctionnements».
Dans une conférence de presse tenue par les partis d’opposition, le président Messaoud Boulkheïr a déclaré que les obstacles rencontrés lors de ces scrutins rappellent la période Ould Taya tant marquée par de récurrents bourrages des urnes. La CENI, pouvait-elle mieux faire ? Elle avait la redoutable mission d’organiser des élections anticipées, elle en aura à tout le moins réussi une préparation sans accrocs.
La voilà aujourd’hui sous le feu des critiques. Même de la part du parti du pouvoir. Dans une conférence de presse tenue le jour même du scrutin, le président de l’INSAF s’est plaint des tracasseries dont ont fait l’objet ses représentants dans les bureaux de votes. Il répondait aux accusations portées par Tawassoul.
Le parti Islamiste dénonçait pour sa part des manœuvres et la « proximité entre l’INSAF et la CENI » visant à peser sur les résultats des scrutins. Plus généralement, on reproche à la CENI de trop fréquents retards dans l’ouverture de plusieurs bureaux de votes, l’absence de bulletins d’électeurs, des lenteurs dans la compilation et la publication des résultats, le refus de certains présidents de bureaux de votes de remettre des procès-verbaux aux représentants des partis.
Pour sa défense, la CENI a entrepris un gros effort de communication. Son site –www.myceni.org – publie les résultats au fur et à mesure qu’ils tombent ; la radio et la TVM sont mobilisées ; elle a publié des communiqués sur le taux de participation et exprimé sa satisfaction du bon déroulement des opérations, preuve, selon elle, de la maturité des Mauritaniens qui ont pu voter en toute sérénité. Elle a enfin invité les acteurs politiques à la patience avant la proclamation des résultats provisoires.
Du nouveau au Nord
Comme tout scrutin, celui du 13 Mai n’a pas manqué d’avoir son lot de surprises. D’abord à l’Est où des bastions sont tombés comme des fruits mûrs aux mains de partis autres qu’INSAF. Le mauvais choix des candidats y est sans doute pour quelque chose.
C’est ainsi que les mairies des villes comme Bassiknou, Kiffa, Guérou, Tamchekett ont échappé au parti au pouvoir et les surprises peuvent ne pas s’arrêter là, le dépouillement n’étant pas encore achevés pour la députation.
Au nord, c’est un tsunami qui a emporté INSAF. C’est ainsi qu’il a perdu la municipalité à Atar, la mairie et la députation à Ouadane et Bir Moghrein, le conseil régional à Zouérate sans parler de Nouadhibou où toute la république s’est liguée pour barrer la route à El Ghassem Ould Belali et qui, malgré tout, est resté député-maire.
Très populaire dans la capitale économique, El Ghassem peut être considéré comme l’un des rares, sinon le seul, maire qui peut se prévaloir d’un bilan positif. Et la recette a payé. Les populations ont répondu présent pour lui baliser de nouveau la route vers la mairie.
Dalay Lam
source le Calame
Seuls les imbéciles ne changent pas
Quel est le véritable enjeu des prochaines échéances municipales et législatives chez nous ?
Eh! Bien ,C’est ľ occasion dorée d’une part, pour se départir de ľ indifférence vis-à-vis de la gestion de la cité érigée en philosophie depuis des lustres par une grande majorité de la population vis-à-vis des parlementaires mais aussi des maires, qui au lieu de représenter dignement les populations qui les ont élus, se sont révélés être tout simplement des caisses de résonance du parti au pouvoir et de vils représentants d’intérêts égoïstes qu’il faut donc sanctionner sévèrement , à défaut de les boycotter. Ces gens-là cherchent à profiter au maximum de ľ argent du contribuable mauritanien. J’en sais, comme beaucoup de personnes d’ailleurs quelque chose et à double à titre : ils ont, par exemple, généreusement voté une loi en faveur de ľ augmentation de leurs honoraires et se sont opposés à celle qui visait une augmentation des salaires des enseignants, des forces de l’ordre et de sécurité, des agents de la santé, etc.
Ensuite, à titre personnel, j’ai eu à encadrer le fils d’un « honorable » qui faisait la terminale, ľ année dernière, dont la maison avec une multitude de caméras et le parc automobile pouvaient faire rougir de jalousie certains de ses collègues de la sous-région. Alors basta!
D’autre part, les électeurs doivent en faire autant avec les vieilles casseroles trouées que sont les partis de ľ opposition qui ne sont devenus que l’ombre d’eux-mêmes. Ils ont magnifiquement démontré leur incapacité à se solidariser avec le petit peuple dans les difficiles moments de crises que celui-ci a traversées ces dernières années et qu’il traverse encore et qui ont pour nom: la vertigineuse flambée des prix des denrées de première nécessité, les problème d’insécurité, les crises de ľ éducation , de la santé et j’en passe .
D’ailleurs ľ avènement du président Ghazwani a mis à nu les véritables ambitions de cette opposition de ventre et de circonstance car ,quoiqu’ on puisse reprocher à ľ ancien président Mohamed Abdelaziz, il a vu juste quand même lorsqu’il disait qu’ « il n’y a pas d’opposition véritable en Mauritanie » car
les événements lui ont donné raison.
Quand Ghazwani est arrivé au pouvoir , il a eu le bon réflexe de la tenir en respect en casant par-ci et par-là leurs ouailles et leurs enfants dans des fonctions juteuses et le tour est joué.
Plus personne alors de ces leaders, jadis bruyants, n’osaient plus ouvrir la bouche.Ils ont été réduits au silence. Le pouvoir et l’opposition ont convenu à une sorte de deal. Et le peuple dans tout cela ?
Eh! Bien qu’il aille au diable !
C’est ľ occasion ici pour moi, de vous rappeler un hadith du Prophète Mohamed (P.S.L) qui dit: لا يلدغ المؤمن من جحر مرتين c’est-à-dire » un croyant ne se laisse jamais berner deux fois » en ce sens que si vous avez été piqué dans un trou une fois alors si vous acceptez que ľ incident se répète, eh!Bien, cela relève tout simplement de l’imbécilité.
Mais une question peut interpeller les indécis : que mettre à la place de l’ « insav » et de ľ opposition ?
Je crois que la meilleure solution est, à mon humble avis, de voter pour des » incolores » politiques ou des candidats intègres, issus des rangs du petit peuple, des masses laborieuses ,des prolétaires car il est impératif de renouveler la classe politique .
Mais il ne s’agit pas de remplacer un vieux loup par un loup aux dents longues.
À bon entendeur salut !
Baba Gari, professeur de français / D.E