I have a Dream (Dr Martin Luther King, Jr.
Délivré sur les marches du Lincoln Mémorial à Washington D.C. le 28 octobre 1963.
Je suis heureux de pouvoir être ici avec vous aujourd’hui, à une manifestation dont on se rappellera comme étant la plus grande manifestation pour la liberté dans l’histoire de notre pays.
Il y a cent ans, un grand Américain, qui projette sur nous aujourd’hui son ombre symbolique, a signé la Proclamation d’Émancipation. Cet arrêté d’une importance capitale venait porter une lumière d’espoir aux millions d’esclaves noirs marqués par les flammes d’une injustice foudroyante et annonçait l’aube joyeuse qui allait mettre fin à la longue nuit de la captivité.
Mais un siècle plus tard nous devons faire le constat tragique que les Noirs ne sont pas encore libres. Un siècle plus tard, la vie des Noirs reste entravée par la ségrégation et enchaînée par la discrimination. ; un siècle plus tard, le Noir vit isolé sur une île d’indigence au milieu d’un vaste océan de prospérité; un siècle plus tard, le Noir languit toujours dans les coins de la société américaine et il se trouve en exilé dans sa propre terre.
Nous sommes donc venus ici aujourd’hui pour dramatiser une condition honteuse. Dans un sens, nous sommes venus à la capitale de notre pays pour toucher ce qui nous est dû. Quand les architectes de notre république ont écrit les mots magnifiques de la Constitution et de la Déclaration d’Indépendance, ils ont signé un billet à ordre, dont tous les Américains devaient hériter. Ce billet était une promesse qu’à tous les hommes, oui, les hommes noirs aussi bien que les hommes blancs, seraient garantis les droits inaliénables de vie, de liberté, et de poursuite du bonheur.
. Il est aujourd’hui évident que l’Amérique a manqué à cet engagement à l’endroit de ses citoyens de couleur. Au lieu de faire honneur à cette obligation sacrée l’Amérique a passé au peuple Noir un cheque qui revient marqué « sans provision. Mais nous ne saurons croire que la banque de la Justice a fait faillite. Nous ne saurons croire qu’il n’y a plus suffisamment de provisions dans les grands coffres d’opportunités nationaux. Alors nous venons exiger paiement contre ce cheque, paiement sur demande des richesses de la liberté et de la sécurité que procure la justice.
Nous venons également à cet endroit sacré pour rappeler à l’Amérique l’urgence absolue du moment.. Ce n’est pas le moment de nous adonner au luxe de nous détendre ou de nous contenter de la drogue tranquillisante d’une solution graduelle. Il est temps maintenant de rendre réelles toutes les promesses de la démocratie Il est temps de quitter la vallée sombre et désolée de la ségrégation pour prendre le chemin ensoleillé de la justice raciale. Il est temps d’ouvrir les portes de l’opportunité à tous les enfants de l’Amérique il est temps maintenant d’aider notre nation à se dégager des sables mouvants de l’injustice raciale pour l’installer sur le roc solide de la fraternité
Ce serait une erreur fatale pour la nation de refuser de voir l’urgence du moment. Cet été étouffant du mécontentement légitime du Noir ne finira pas jusqu’à ce qu’arrive un automne vivifiant de liberté et d’égalité.
1963 n’est pas une fin, mais un commencement. Et ceux qui espèrent que le Noir avait besoin de passer sa colère et qu’il est maintenant satisfait, auront un rude réveil si la nation revient à sa routine. Il n’y aura ni repos ni tranquillité en Amérique jusqu’à ce que le Noir obtienne ses droits de citoyenneté. Les tourbillons de la révolte continueront à ébranler les fondements de notre nation jusqu’à ce que le jour de la justice se lève à l’horizon.
Mais il y a quelque chose que je dois dire à mon peuple, qui a le pied sur le seuil attrayant qui mène au palais de la justice. En luttant pour prendre notre juste place nous ne devons pas nous rendre coupable d’actes injustes ; ne buvons pas de la coupe de l’amertume et de la haine pour assouvir notre soif. Nous devons toujours conduire notre lutte dans un haut souci de dignité et de la discipline. Nous ne pouvons pas laisser notre protestation créative dégénérer en violence physique. Encore et encore nous devons atteindre ce niveau exalté où nous opposons à la force physique la force de l’âme
L’esprit militant, nouveau et merveilleux, qui a pénétré la communauté Noire, ne doit pas nous amener à manquer de confiance en tous les Blancs, parce que beaucoup de nos frères blancs, comme le prouve leur présence ici aujourd’hui, se rendent maintenant compte que leur destinée est liée à notre destinée, et ils sont arrivés à la réalisation que leur liberté est inextricablement liée à notre liberté. Nous ne pouvons pas cheminer seuls. Et en cours de chemin, nous devons promettre que nous marcherons toujours de l’avant. Nous ne pouvons pas retourner en arrière.
Il y a ceux qui demandent aux partisans des Droits Civiques, »Quand serez-vous satisfaits? » Nous ne serons jamais satisfaits tant que le Noir sera victime des horreurs indicibles de la brutalité de la police; nous ne serons jamais satisfaits tant que nos corps, lourds de la fatigue du voyage, nous ne pourrons pas obtenir un logement dans les motels de la grande route et dans les hôtels des villes; nous ne serons pas satisfaits tant que la mobilité essentielle du Noir consistera à aller d’un ghetto plus petit à un autre plus grand; nous ne serons jamais satisfaits tant qu’on dépouillera nos enfants de leur amour-propre et tant qu’on les privera de leur dignité avec des pancartes qui déclarent: « Pour les Blancs Seulement. » Nous ne serons pas satisfaits tant que le Noir du Mississippi ne pourra pas voter, et le Noir de New York croira qu’il n’a rien en faveur de quoi il peut voter. Non! Non, nous ne sommes pas satisfaits, et nous ne serons pas satisfaits jusqu’à ce que « la justice dévale comme un torrent et le droit comme un fleuve puissant. »
Je n’ignore pas que certains d’entre vous sont venus ici après de grandes épreuves et tribulations. Quelques-uns parmi vous sont récemment sortis de prisons étroites. Quelques-uns parmi vous sont venus de régions où, dans votre quête pour la liberté, vous avez été meurtris par les orages de la persécution et rendus chancelants par les vents de la brutalité policière. Vous êtes les vétérans de la souffrance créative. Persévérez dans l’assurance que la souffrance non méritée vous portera rédemption.
. Retournez dans le Mississippi; retournez dans l’Alabama; Retournez en Caroline du Sud; Retournez en Georgie; Retournez en Louisiane; Retournez aux bas quartiers et aux ghettos des villes du Nord sachant que, d’une manière ou d’une autre, cette situation doit être et sera changée! Ne nous complaisons pas dans la vallée du désespoir!
Donc, mes amis aujourd’hui je vous dis que quoique nous devions faire face aux difficultés d’aujourd’hui et de demain, j’ai tout de même un rêve.
C’est un rêve qui est profondément enraciné dans le rêve américain. Je rêve qu’un jour cette nation se dressera et fera honneur à la vraie signification de son credo: « Nous tenons ces vérités comme évidentes, que tous les hommes sont créés égaux. »
Je rêve qu’un jour sur les collines rouges de Georgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Je rêve qu’un jour, même l’état du Mississippi, un état qui étouffe dans la fournaise de l’injustice, qui étouffe dans la fournaise de l’oppression, sera transformé en une oasis de liberté et de justice. Je rêve que mes quatre jeunes enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés par la couleur de leur peau, mais à la mesure de leur caractère.
J’ai Un Rêve Aujourd’hui!
Je rêve qu’un jour, au fin fond de l’Alabama, avec ses racistes pleins de haine –avec son gouverneur dont les lèvres ne dégoulinent que des mots de l’interposition et de la nullification–un jour, même là, en Alabama, les petits garçons noirs et les petites filles noires pourront aller la main dans la main avec les petits garçons blancs et les petites filles blanches, comme frères et soeurs.
J’ai Un Rêve Aujourd’hui!
Je rêve qu’un jour, chaque vallée sera rehaussée et chaque colline et chaque montagne sera aplanie, les aspérités seront nivelées et les endroits tortueux seront rendus rectilignes, et « la gloire de Dieu sera révélée et tout ce qui est chair le verra ensemble. »
C’est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud. Avec cette foi nous pourrons tailler dans la montagne du désespoir, la stèle de l’espoir. Avec cette foi, nous pourrons transformer la cacophonie des discordes de notre nation en une belle symphonie de la fraternité. Avec cette foi, nous pourrons travailler ensemble, prier ensemble, lutter ensemble, aller en prison ensemble, défendre la cause de la liberté ensemble, sachant qu’un jour nous serons libres. Et ce sera le jour, ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter avec une signification nouvelle:
« Ma patrie c’est toi,
Douce terre de liberté,
C’est toi que je chante.
Terre où mes aïeux sont morts,
Terre, fierté du Pèlerin;
Que du versant de chaque montagne retentisse le carillon de la liberté ! » Et si le destin de l’Amérique est d’être une grande nation, tout cela doit devenir vrai.
Que la liberté retentisse donc des collines prodigieuses du New Hampshire jusqu’aux imposantes montagnes du New York ! Que la liberté retentisse du sommet des majestueuses Alleghenies de Pennsylvanie ! Que la liberté retentisse des pics couronnés de neige des Rocheuses du Colorado ! Que la liberté retentisse des versants mamelonnés de la Californie ! Mais non seulement cela. Que la liberté retentisse du haut de Stone Mountain en Georgie ! Que la liberté retentisse du haut de Look out Mountain au Tennessee ! Que la liberté retentisse de chaque colline, et des moindres monticules dans le Mississippi. « Que du versant de chaque montagne retentisse le carillon de la liberté! »
Et quand cela se produira, quand nous permettrons à la liberté de retentir, quand elle retentira dans chaque village, et dans chaque hameau, dans chaque état et dans chaque ville, nous serons à mesure de hâter l’arrivée du jour où tous les enfants de Dieu, noirs et blancs, juifs et non juifs, protestants et catholiques, pourrons chanter en se tenant la main ces mots du vieux Negro Spiritual: « Libres enfin, libres enfin; béni soit le Tout-puissant, nous sommes libres enfin! »
bonjiour, j’ai trouve ce billet fort interessant je me demandais pourquoi cette precisionb: ‘je suis heureux de pouvoir etre ici avec vous aujourd’hui’ … je te sojuhaite une bonne continuation !